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L’HOMME DE LONDRES

« L’homme de Londres » est un film à l’atmosphère plombé. Je visionne ce film oublié sur une VHS enregistrée sur Ciné-Cinéma. La VHS est une une ennemie sournoise, tapie dans l’ombre… qui se fait oublier… envahit votre appartement comme un acarien, et même étiquetée sommeille dans un coin dans l’attente d’une improbable vision. C’est l’os enfoui par un chien sous la terre, à visionner un été de disette cinématographique… La bête peut mal vieillir – la VHS a une durée de vie limitée – et pose des problèmes de stockage. Si vous avez des solutions actuelles contre ce mal, je suis preneur ! Je retrouve la présentation de Jean Olle-Laprune impeccable et érudite, qu’est-ce qu’il peut nous manquer celui là…, ça surligne encore plus les manques de l’actuelle « ouvreuse » comme disait Serge Daney qui sévit actuellement et dont je me suis gratuitement vengé dans une notule à la rancoeur merdique. L’occupation est loin d’être l’âge d’or du cinéma français, c’est ici un film de signé Henri Decoin en 1943, habile faiseur, Olle-Laprune nous rappelant le climat de cette époque et la sollicitation des Allemands pour l’oeuvre de Georges Simenon – 9 films adaptés, c’est le romancier le plus adapté derrière Balzac -. Josselyne Gaël venait de quitter Jules Berry pour vivre avec un tueur de la gestapo ! Le studio du tournage est visiblement exigu, mais le décorateur Pimenoff arrive à installer une atmosphère blafarde, quoi que très surchargée d’un petit port sous la bruine,. Tous est ici poissard à souhait, il ne manque même pas la sempiternelle chanteuse réaliste qui nous sort une lancinante chanson triste dans la rue. Ca pèse et ça finit par nuire de manière redondante à l’étude de moeurs décrite au scalpel par Georges Simenon.

Fernand Ledoux et Jules Berry

Charles Maloin, un modeste aiguilleur de train qui veille toute la nuit dans un poste de garde, lieu dans lequel il domine le port, rouspète et se défoule sur sa petite famille. C’est Fernand Ledoux, ce comédien belge, naturalisé français, me semble un des plus grands comédiens de son temps. Dans un personnage dont la raison vacille, il est ici d’une humanité extraordinaire, d’une grande justesse et arrive à donner corps à ses monologues et traduire une inquiétude sourde qu’il provoque auprès de ses proches. Sa vie est routinière avant l’arrivée, deux affreux malfaiteurs, Brown, un ancien clown fatigué – Jules Berry magistral traînant une mélancolie durant tout le film – et Teddy – l’excellent et sobre Gaston Modot – qui plaît beaucoup à l’entraîneuse du bar local – Suzy Prim, ancienne compagne de Berry d’ailleurs, touchante « fille de joie » romantique et carburant à la menthe à l’eau » -… Le film finit par perdre l’installation de l’angoisse du début, les voix intérieures de Charles sont assez lourdes. Mais la fatalité Simenonienne veille sur ses personnages et on se laisse attraper tout de même sur cette morne adaptation, grâce à Fernand Ledoux, son registre détonnant singulièrement avec le voleur de scènes, Jules Berry, toujours superbe, son jeu étant un régal. Son personnage de Brown est odieux à souhait. On soupçonne d’ailleurs l’étendue de sa duplicité en voyant les réactions de sa femme qui finit par lui garder sa tendresse, même quand on lui informe de la double vie de son mari.  Reste comme toujours dans ces années là de formidables « excentriques du cinéma français », René Génin, aiguilleur prêcheur et moraliste, Héléna Manson, en Mme Maloin, pour une fois sympathique supportant les sautes d’humeurs de son mari, Alexandre Rignault en collègue de Malouin, futur père inquiet, Jean Brochard en inspecteur guindé, Mony Dalmès en fille sage de Charles, René Bergeron en beau-frère suffisant et la méconnue Made Siamé en patronne d’hôtel curieuse. Henri Decoin devait réussir une meilleure adaptation de l’oeuvre de Simenon en 1951, « La vérité sur Bébé Donge » avec Danielle Darrieux et Jean Gabin que l’on peut aisément qualifier de chef d’oeuvre…

MORT DE TONINO DELLI COLLI

Annonce de la mort d’un des plus prestigieux chef opérateur, Tonino Delli Colli. De nombreuses images sont associées à sa mémoire, de son travail avec Pier Paolo Pasolini (« Accatone », « Mama Roma », »Porcherie »,  « Salo ou les 120 journées de Sodome », etc…), Federico Fellini (« Ginger & Fred », « Intervista », « La voce de la luna », Louis Malle (« Lacombe Lucien », Sergio Leone (« Il était une fois dans l’Ouest », « Il était une fois l’Amérique », Marco Ferreri (« Conte de la folie ordinaire », « Le futur est femme », Jean-Jacques Annaud (« Le nom de la rose » ou Roberto Begnini (« La vie est belle ». Il avait une maîtrise absolue de la belle lumière. C’est un pan entier de l’âge d’or du cinéma italien qui disparaît avec lui. C’était un créateur majeur de son temps.

Tonino Delli Colli aux côtés de Federico Fellini

ARTICLE LA STAMPA En italien (17/08/2005) E’ scomparso la scorsa notte nella sua casa a Roma. Direttore della fotografia, ha collaborato con i maestri del cinema italiano E’ morto Tonino Delli Colli lavorò con Fellini e Pasolini

ROMA – E’ morto improvvisamente la scorsa notte nella sua abitazione romana Tonino Delli Colli. Da oltre 60 anni lavorava nel cinema come direttore della fotografia a fianco di registi come Pasolini, Monicelli, Risi, Fellini, firmando decine di film, fino a La vita è bella di Roberto Benigni, e vincendo sei Nastri d’argento e quattro David di Donatello. Nato a Roma nel ’23, a 16 anni comincia a lavorare a Cinecittà come assistente operatore di Ubaldo Arata e Anchise Brizzi. Il suo esordio come direttore della fotografia è nel 1943 con Finalmente sì! col regista ungherese Laslo Kish. Affina la sua arte con una lunga serie di film commerciali e di successo. Nel 1952 gira il primo film italiano a colori (Ferraniacolor) Totò a colori di Steno. E’ l’operatore dei grandi successi di Sergio Leone Il buono, il brutto e il cattivo (1966) e C’era una volta il West (1968). Ha vinto sei Nastri d’argento, nel 1965 per Il Vangelo secondo Matteo (1964) di Pasolini, nel 1968 per La Cina è vicina (1967) di Marco Bellocchio, nel 1982 per Storie di ordinaria follia (1981) di Marco Ferreri, nel 1985 per C’era una volta in America (1984) di Sergio Leone, nel 1987 per Il nome della rosa (1986) di Jean Jacques Annaud e nel 1998 per Marianna Ucria di Roberto Faenza. Quattro i David di Donatello, conquistati nel 1982 per Storie di ordinaria follia, nel 1987 per Il nome della rosa, nel 1997 Marianna Ucria e nel 1998 per La vita è bella. Ha anche interpretato se stesso nel film L’intervista di Federico Fellini.

À lire les réactions sur sa mort dans le forum de DVD Classik et les informations de l’excellent site Cinematographers.

LE COIN DU NANAR : POUSSEZ-PAS GRAND-PÈRE DANS LES CACTUS

Attention, « Poussez-pas grand-père dans les cactus » (1969) est en partance pour la candidature au nanar suprême. Je viens de trouver le DVD, de ce film de Jean-Claude Dague – grande qualité c’est un prix mini -. L’EDF bordelais coupe l’électricité de mon quartier pour m’éviter cette épreuve, après ça allez dire qu’ils ne sont pas sympas les Bordelais !. Manque de bol, les voisins finissent par râler, ils ont l’habitude pourtant, le courant sautant souvent, que dans cette rue d’ailleurs, ils sont exigeants et vont pousser les ouvriers habituellement jusqu’à creuser le bitume une nuit entière par exemple, histoire de pouvoir voir TF1 tranquille. Abandonné lâchement par le service public, je finis par voir ce film dans la collection « DVD à la Une », en fait TF1 Video, le film étant tellement nul qu’ils ont honte de mettre leur logo sur la jaquette, ça ne devrait pourtant pas trop faire dégringoler le niveau de stupidité ambiant de la première des chaînes… Il y a les trois plus grands pourfendeurs de nanar du cinéma français – 2643 à eux trois, autant de raisons de se réjouir… sauf à ce film ! -, citons les lâchement par ordre alphabétique, Francis Blanche, Darry Cowl, Michel Galabru.  Le film est signé Jean-Claude Dague, vu dernièrement chez Thierry Ardisson, il parlait de son expérience en prison, et qui a signé un film maladroit mais sincère : « Le dénommé » (1988), sur son expérience des QHS. Bon c’est pour un hold-up qu’il a fait de la prison, pas pour avoir réalisé ce film – quoi que…- C’est ici son second film après « Le bal des voyous » (1967), et avant « Desirella » (1969) et « L’homme qui vient la nuit » (1970).

Affiche belge du film, source « Les gens du cinéma »

Le film essaie lamentablement de retrouver le ton des burlesques muets américains, le pôvre Francis Blanche se contentant de quelques borborygmes. Il joue un petit homme timoré aux prises avec une femme acariâtre joué par… Marielle Goitschel, oui la skieuse, dont j’ai gardé le souvenir d’une belle gueulante dans « Droit de réponse » de Michel Polac, sous les yeux étonnés de Claude Chabrol. Un physique de nageuse Est-Allemande, un air constant pas aimable – bon il ne devait pas y avoir de créatine alors -, on finit par comprendre que le Blanche blême – qui affamé se jette sur du Frolic ! -, se tire ailleurs. Suit un scénar navrant avec une histoire de double, Francis Blanche toujours – vraiment pas aidé ici -, jouant aussi un Al Capone au petit pied : Al Gregor. Un inspecteur rode dans le coin – Michel Galabru, visiblement désolé -, ce petit monde finit dans un asile de fou, tenu par un Henri Virlojeux cabotinant et que j’ai rarement vu aussi mauvais, alors que d’habitude il est plus subtil. Arrive Lionel Josp…, euh Darry Cowl – numéro connu – en psychiatre tellement bon qu’il guérit son monde en une semaine, il cherche donc de nouveaux patients… Le moindre gag confine au lamentable, reste un esprit curieux au milieu des nanars bavards de ces années là, gageons que Claude Zidi ici chef opérateur devait se servir de cette expérience pour les films des Charlots, avec plus d’inventivité. Il y a de bons seconds rôles, Georges Beller dans une dizaine d’ailleurs – c’est le seul à s’en sortir un peu -, Sébastien Floche en tueur triste, Gérard Croce en caïd minable – une rondeur abonné aux horreurs ces années là -, Carlo Nell en fou en toge et même Jean Carmet en cafetier cruel. C’est tellement improbable, qu’il faut évidemment se ruer sur cette daube abyssale, vous l’aurez compris… Gare aux coupures intempestives de courant…

VIRGIL

Emballé ! Il y avait hier soir, une avant-première à l’UGC Cité-Ciné du film « Virgil » premier long-métrage de Mabrouk El Mechri, en sa présence ainsi que celles de Jean-Pierre Cassel, Jalil Lespert, Tomer Sisler et celle surprise de Kader Belkhadra. Et pour un coup d’essai c’est un coup de maître. C’est un film que l’on peut rapprocher aux « Mauvais joueurs », un des meilleurs films de cette année, signé Frédéric Balekhdjian, avec également une mise en scène au cordeau et à l’énergie. Mabroul El Mechri utilise avec virtuosité les codes du film noir et du film de boxe – on pense évidemment à « Nous avons gagné ce soir » chef d’œuvre de Robert Wise (1949), dont il parle volontiers en citant son titre original « The setup » – qui donne ici son nom à une boîte de nuit -. Il cite également le premier Rocky, mais loin de faire preuve d’un exercice de style, il s’approprie complètement ce film, les références de ce grand connaisseur de cinéma, ne l’aidant qu’à mieux confirmer son style. La bande son travaillée par Frédéric Verrière – rencontré pour avoir fait la musique d’un film avec Lon Chaney -, nous plonge dans un climat sans redondance. Les combats de boxe sont chorégraphiés précisément, le film parle du parcours de Virgil – Jalil Lespert, subtil et obstiné -, un jeune boxeur qui a une relation très forte avec son père adoptif, manchot flamboyant, Ernest, ancien boxeur lui-même – Jean-Pierre Cassel prodigieux -, qui a terminé en prison pour avoir assassiné le corrupteur de son fils après le rituel « à la quatrième tu te couches ! ». Son père souffrant d’un cancer il se refuse de lui avouer qu’il a perdu sa licence pour violence. Aidé de Sid, son ami et co-propriétaire d’une sandwicherie grecque – jubilatoire Karim Bedkhadra -, il va retenter de remonter sur le ring, aidé du magouilleur et combinard, Dunopillo – Patrick Floersheim, enfin dans un rôle à mesure. A parloir il rencontre une jeune femme Margot – Léa Drucker enfin dans un rôle principal -, qui rend visite à son père, le mutique Louis qui intrigue d’ailleurs Ernest – Philippe Nahon, au-delà du formidable…-.

Jalil Lespert et Jean-Pierre Cassel

Le réalisateur dépeint ce petit monde avec originalité, on s’attache à tous les personnages, et il a un sens de la distribution remarquable utilisant les comédiens de manières inhabituelles. La petite équipe était arrivé le dernier quart d’heure pour voir l’accueil du public – c’était l’une des premières -. Si Mabrouk El Mechraoui, préférait rester en retrait, c’est avez émotion que j’ai pu voir dans l’obscurité l’élégante silhouette de Jean-Pierre Cassel. Ensuite avec beaucoup de modestie, il a évoqué sa disponibilité aux premières œuvres, grâce à ses enfants Vincent et Cécile, préférer tenter une aventure quelle que soit la longueur de son rôle. Ironisant sur ces rôles dans les derniers films des grands maîtres (Jean Renoir, Abel Gance, Jean-Pierre Melville etc… il s’amusait de sa réputation de porter malheur, tout en déplorant de n’avoir jamais été sollicité par des metteurs en scène de sa génération. Il glisse une grande humanité dans son personnage d’Ernest, volubile et combatif, qui prend sa maladie avec humour et ne supporte pas que l’on s’apitoie sur lui, il trouve ici un de ses meilleurs rôles. Sa manière de distiller les répliques, son punch et sa présence font de ce très beau rôle une formidable performance. Avec patience et dignité, il était disposé pour le public, un grand monsieur. Son duo avec Philippe Nahon – qui a pour point commun avec lui d’avoir également travaillé avec Jean-Pierre Melville – est incroyable, ce dernier faisant exister son personnage avec très peu de mots. Le cinéaste témoignait de la difficulté de faire accepter ce rôle à la lecture du scénario, quelques répliques rajoutées furent supprimées. Philippe Nahon fait passer beaucoup d’émotions, derrière sa grande tignasse, il faut le voir guetter l’arrivée d’Ernest, pour filer à la cuisine, se demander comment tenir le coup en prison et faire preuve d’une violence explosive, son jeu est encore un plus à ce film maîtrisé.

Léa Drucker et Mabrouk El Mechri

Jalil Lespert prouve encore une fois ses capacités – après ses rôles de sportif dans « Un dérangement considérable » et « Vivre me tue » -. Il me semble avoir été sous estimé pour son rôle dans « Le promeneur du champ de Mars », il est à l’aise dans tous les registres, son Virgil déterminé et désabusé, ses approches maladroites de séduction avec une Léa Drucker au meilleur de sa forme, et ses échanges muets avec son père, prouve qu’il est un des meilleurs comédiens de sa génération. C’est la deuxième fois que je le rencontre et il est toujours aussi disponible et modeste. Léa Drucker comédienne atypique et qui a un formidable abattage, rayonne ici et se montre disponible pour les grands rôles, en utilisant l’humour qu’on lui connaît, elle révèle une belle sensibilité. Tout un petit monde gravite autour d’eux, le réalisateur laissant sa chance à chacun. Karim Belkhadra est inoubliable dans le rôle du bon policier dans « La haine », je lui ai parlé de sa fameuse scène dans la voiture, improvisée pour beaucoup selon lui, il est très sympathique. Dans le rôle de Sid, il fait preuve d’un humour ravageur, montre la force de son personnage, virevolte, il est simplement formidable. Patrick Floerscheim dans un personnage retord gagne en humanité, Marc Duret en maton a un monologue d’anthologie, Tomer Sisley – beaucoup d’humour après l’avant-première – surprend dans un rôle physique et antipathique, citons aussi Philippe Manesse – acteur fétiche de Sotha – en maton compréhensif, Jean-Marie Frin en ponte inquiétant et l’irrésistible David Zitouni en cuistot « Clouzeauesque ». Mabrouk El Mechri joint exigence, inventivité, rigueur et maîtrise, vivement la suite, et saluons l’arrivée d’un grand. Sortie en septembre, vous avez donc au moins un beau film à voir dans cette rentrée.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Paul Le Person

 

Annonce un peu tardive de la mort de l’excellent Paul Le Person, mort le 8 Août dernier. Il y avait du Bourvil chez cet homme, une sorte de bon sens paysan, une décontraction et un humour à froid à l’image de son célèbre Perrache dans « Le grand blond avec une chaussure noire » et sa suite. Très à l’aise dans l’humour en général il campait un commissaire que Pierre Richard fait tourner en bourrique lors d’une déposition après une tentative de suicide : « Les malheurs d’Alfred (Pierre Richard, 1973). Il est l’un des moines rigolards avec Bernard Musson, Guy Montagné et Marcel Pérès, dissertant sur la vie des saints, jouant aux cartes avant d’être victime de l’exhibitionnisme de Michael Lonsdale en chapelier – fou forcément – masochiste dans « Le fantôme de la liberté » (Luis Buñuel, 1974). Le très bon dictionnaire du cinéma breton de Gérard-Louis Gautier (Télégram édition, 1995), nous rappelle qu’il était « attiré très tôt par l’École des Arts décoratifs, il devient dessinateur industriel. Après audition, il s’inscrit au théâtre de L’Ambigu. Elène de Roger Clairval au théâtre de l’Odéon, il est engagé d’abord dans des opérettes avant de jouer « Le brave soldat Svejk » (Jaroslav Hasel), monté par José Valvez en 1965″. Découvert dans les années 60 au cinéma, il martyrisait le pauvre bredin joué par Jean Lefebvre dans « Un idiot à Paris » (Serge Korber, 1966), rôle bizarrement non crédité et finissait par jouer du bidon frappé de folie, privé de son bouc émissaire. Très marqué par ses origines bretonnes « Le cheval d’orgueil » (Claude Chabrol, 1980) ou les films d’Albert Dupontel, il pouvait être aussi tenace tel le commissaire dans « Un cave » (Gilles Grangier 1971). On se souvient du rôle du passeur dans le beau « Les violons du bal » (Michel Drach, 1973), et de son Ganimard dans la version télé d’Arsène Lupin avec François Dunoyer dans le rôle titre dans les années 90. On l’a vu récemment en grand-père taiseux d’Adrien dans « La chambre des officiers » (François Dupeyron, 2000) ou en curé onctueux dans « Vipère au poing » (Philippe de Broca, 2003), en attendant deux téléfilms encore inédits en France mais diffusés en Belgique « L’évangile selon Aîmé » et en Suisse « Le bal des célibataires », dans deux rôles de prêtres également. Solide, il faisait toujours preuve d’humanité ou de malice. A lire l’indispensable hommage d’Yvan Foucart pour  Les gens du cinéma, en attendant l’hommage prochain d’Yvan Foucart. Bibliographie : L’humanité  : La noblesse des seconds rôles par Bruno Vincens.

 Filmographie : 1965   La vie de château (Jean-Paul Rappeneau) – Un homme et une femme (Claude Lelouch) – 1966   Safari diamants (Michel Drach) – Un idiot à Paris (Serge Korber) – Le voleur (Louis Malle) – 1967   Mise à sac (Alain Cavalier) – Alexandre le bienheureux (Yves Robert) – 1968   Sous le signe de Monte-Cristo (André Hunebelle) – 1970   Mont-dragon (Jean Valère) – Le voyou (Claude Lelouch) – On est toujours trop bon avec les femmes (Michel Boisrond) – 1971   Les malheurs d’Alfred (Pierre Richard) – Un cave (Gilles Grangier) –  1972   Le grand blond avec une chaussure noire (Yves Robert) – 1973   Le train (Pierre Granier-Deferre) – Les violons du bal (Michel Drach) – 1974   Le fantôme de la liberté (Luis Buñuel) – Le retour du grand blond (Yves Robert) – 1975   Chobizenesse (Jean Yanne) – 1976   Coup de foudre (Robert Enrico, inachevé ) – 1978   Coup de tête (Jean-Jacques Annaud) – 1980   Le cheval d’orgueil (Claude Chabrol) – Les ailes de la colombe (Benoît Jacquot) – 1981   Neige (Juliet Berto et Jean-Henri Roger) – Jamais avant le mariage (Daniel Ceccaldi) – 1983   Le juge (Philippe Lefebvre) – 1984   Le jumeau (Yves Robert) – Monsieur de Pourceaugnac (Michel Mitrani)  – 1985   Douce France (François Chardeaux) – 1989   L’autrichienne (Pierre Granier-Deferre) – 1990   Lacenaire (Francis Girod) – La dernière saison (Pierre Bécu) – 1991   Blanc d’ébène (Cheik Doukouré ) –  1992   Amour, amor (Abder Saïd, CM) – 1996   Bernie (Albert Dupontel) – 1998   Le créateur (Albert Dupontel) – 2000   La chambre des officiers (François Dupeyron) – 2001   Les jours où je n’existe pas (Jean-Charles Fitoussi) – 2003   Vipère au poing (Philippe de Broca) – 2005   Tête de gondole [épisode de liaison « Gégé et Lulu »] (Didier Flamand) .

Avec Lorella Cravotta dans « L’évangile selon Aimé » DR

Télévision :  (notamment) : 1963  Les Sonderling (René Lucot) – Le timide au palais (René Lucot) – Théâtre de la jeunesse : Le général Dourakine (Yves-André Hubert) – Félix [Épisodes : Le wagon-lit; Le gain de temps; L’horoscope; Le cinéma; Le camping; La politesse & 1er avril] (Christian Duvaleix, CM, série) – 1964  Théâtre de la jeunesse : Le magasin d’antiquités (René Lucot) – 1966   Rouletabille chez le Tzar (Jean-Claude Lagneau, série TV) – En votre âme et conscience : La mort de Sidonie Mertens (Marcel Cravenne) – 1967  Théâtre d’aujourd’hui : Le brave soldat Chweik (Jean-Paul Roux) – 1968   Le théâtre de la jeunesse : Ambroise Paré : Les victoires (Jacques Trébouta) – Lumières dans la nuit / Nuit d’octobre ou les lumières dans la nuit (André Michel) – Tribunal de l’impossible : Nostradamus ou le prophète en son pays (Pierre Badel) – Les grandes espérances (Marcel Cravenne) – 1969   Sainte Jeanne (Claude Loursais) – 1970   La demande en mariage : Le Couarail (Jean L’Hôte) – Vieille france (André Michel) – Reportage sur un squelette ou masques et bergamasques (Michel Mitrani) – Un mystère par jour : La chimère (Jacques Audoir) – Tête d’horloge (Jean-Paul Sassy) – La mort de Danton (Claude Barma) –  1971   Tartuffe (Marcel Cravenne) – François Gaillard : Pierre (Jacques Ertaud) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret à l’école (Claude Barma) – 1972   Les sanglots longs (Jean-Paul Carrère) – La malle de Hambourg (Bernard Hecht) – Les champs de pierre (Joseph Drimal) – La tuile au loup (Jacques Ertaud) -Les dernières volontés de Richard Lagrange (Roger Buckhardt) – Les Thibault (André Michel et Alain Boudet) – 1973   Le bleu d’outre-tombe (Édouard Logereau) – La feuille de Bétel (Odette Collet) – Les glaces (Claude Dagues) – Histoire d’une fille de ferme (Claude Santelli) – 1974  A vos souhaits… la mort (François Chatel) – Jeanne ou la révolte (Luc Godevais) – L’homme au contrat (Jacques Audoir) – Messieurs les jurés : L’affaire  Varney (André Michel) – Quai de l’étrangleur (Yves-André Hubert) – 1975  Salavin (André Michel) – Les Rosenberg ne doivent pas mourir (Stellio Lorenzi) – 1976   Les cinq dernières minutes : Le pied à l’étrier (Claude Loursais) -Bonjour Paris (Joseph Drimal) – Adios (André Michel) – Le gentleman des Antipodes (Boramy Tioulong) – François Le Champi (Lazare Iglésis) –  1977  Zoo ou l’assassin philanthrope (Renaud Saint-Pierre) – Inutile d’envoyer photo (Alain Dhouailly) – Banlieue Sud-Est (Gilles Grangier) -Emmenez-moi au Ritz (Pierre Grimblat) – L’ancre de miséricorde (Bernard d’Abrigeon) – Les héritiers : Adieu l’héritière (Roger Pigaut) – 1978   Le devoir de français (Jean-Pierre Blanc) – Les héritiers : le quincailler de Meaux (Pierre Lary) – Les procès témoins de leur temps : Le jour où l’on me trouvera morte (Roger Kahane) 1979   Le baiser au lépreux (André Michel) – La nuit de l’été (Jean-Claude Brialy) – Les amours de la belle époque : Ces dames aux chapeaux verts (André Flédérick) – Le tour du monde en 80 jours (André Flédérick, captation) – 1980   Caméra une première : Code 41617 (Claude Vajda) – Histoires étranges : Le marchand de sable (Pierre Badel) – Au théâtre ce soir : La queue du diable (Pierre Sabbagh) – L’épreuve (Alain Dhouailly) – Les mytères de Paris (André Michel) – Docteur Teyrand (Jean Chapot) – 1981  Les fiançailles de feu (Pierre Bureau) – Blanc, bleu, rouge (Yannick Andréi) – Cinéma 16 : Le marteau-piqueur (Charles Bitsch) – Le mystère de Saint-Chorlu (Claude Vajda) – Livingstone (Jean Chapot) – Commissaire Moulin : Le patron (Claude Boissol) – 1982   Marcheloup (Roger Pigaut) – Paris-Saint-Lazare (Marco Pico) – Mozart (Marcel Bluwal) – 1984   Les ferrailleurs des lilas (Jean-Paul Sassy) – Manipulations (Marco Pico) – Les copains de la Marne (Christian Spiero) – Le scénario défendu (Michel Mitrani) – 1985   Messieurs les jurés : L’affaire Féchain (Alain Franck) – Cinéma 16 : Les idées fausses (Éric Le Hung) – L’argent du mur (Jean-François Delassus) – Médecins de nuit : Mot de passe (Jean-Pierre Prévost) – 1987   L’or noir de Lornaac (Toni Flaadt) – Drôle d’occupations (Alain Boudet) – 1988   Les enquêtes du commissaire Maigret : La morte qui assassina (Youri) – 1989   Les jupons de la Révolution : Talleyrand ou Les lions de la revanche (Vincent de Brus) –  Le retour d’Arène Lupin (Michel Wyn, Jacques Besnard, Philippe Condroyer, Jacques Nahum & Jordi Cardena, saison 1) – 199? Mésaventures : Billet doux (Jacques Audoir) & La fille au couteau à cran d’arrêt (Éric Le Hung) – 1992  Mésaventures : La gloire de mon oncle (Sélim Isker) – Château au Portugal (Julien Vartet) – 1993   Clovis : La vengeance du clown (François Leterrier) – 1994   Les nouveaux exploits d’Arsène Lupin (Alain Nahum, Nicolas Ribowski, Vittorio Barino, Victorio de Sisti & Philippe Condroyer, saison 2, 1994-1996) – 1996   Les allumettes suédoises : David & Olivier – 3 sucettes à la menthe (Jacques Ertaud) – L’orange de Noël (Jean-Louis Lorenzi) – 1997   Miracle à l’Eldorado (Philippe Niang) – 1998   H : une histoire de voisin (Édouard Molinaro) – 1999   Le rouge et le blanc (Jean-Louis Lorenzi) – 2001   BRIGAD : Dialogue de sourds (Marc Angélo) – Le champ dolent, le roman de la terre (Hervé Baslé ) – 2002   Joséphine ange gardien : Le compteur à zéro (Henri Helman) – 2003   Blandine, l’insoumise : Une si jolie plage (Claude d’Anna) – 2004   L’évangile selon Aîmé (André Chandelle) – Le bal des célibataires (Jean-Louis Lorenzi)  

 

Non datés :   LE COUTEAU DANS LA PLAIE de Jean Chapot (titre de tournage du « Docteur Teyrand » ?) CHRONIQUE D’UNE MAISON PROVINCIALE FRANCOIS VILLON de Serge Nicolaesco LES PIQUE ASSIETTES de Jean-Luc Moreau / ELLE ET LUI / Derrière le miroir DUVAL Secrets d’outre tombe de Bertrand Van Effenterre  

Théâtre : notamment

LE BRAVE SOLDAT SWEIK / LE CONCILE D’AMOUR HADRIEN VII CRIME ET CHATIMENT / ZOO, mise en scène de Jean Mercure / SI T’ES BEAU T’ES CON de Françoise DORIN TURCARET d’Alain-René Lesage, mise en scène de Serge Peyrat (1975) LADY PAIN D »EPICE  / LE TOUR DU MONDE EN 80 JOURS, mise en scène Jacques Rosny / LES CRUCIFICATIONS DE LA ST BARTHELEMY mise en scène de Jean Mercure / LES BAS FONDS MARIAGE de Bernard SHAW IONESCO d’Eugène Ionesco, mise en scène de Roger Planchon (1986) / LES NUITS DIFFICILES de Dino BUZZATI LES BRUMES DE MANCHESTER,  mise en scène Robert Hossein (1986) / LE COURRIER DE LYON,  mise en scène Robert Hossein LA LIBERTE OU LA MORT,  mise en scène Robert Hossein / LA ZIZANIE MASTER CLASS LA CHAUVE SOURIS (Opéra de Nice) / JE M’APPELAIS MARIE-ANTOINETTE, mise en scène  Robert Hossein / LE DINDON de Georges Feydeau, mise en scène  Francis Perrin

A lire le témoignage d’Albert Dupontel dans son BLOG qui a répondu très aimablement en évoquant le comédien suite à ma demande.

Remerciements à Patrick Bernard. Mise à jour du 17/01/2009

LES INSATISFAITES POUPEES EROTIQUES DU DR. HITCHCOCK

Pour rester dans la tonalité d’un film au scénario décousu parlons du curieux film de 1971 – et encore c’est un euphémisme – que « Les Insatisfaites poupées érotiques du docteur Hitchcock ». Vaste programme pour ce titre français, film d’un honnête faiseur Fernando di Leo. Il n’y a évidemment pas de docteur Hitchcock – pauvre sir Alfred -, il y a peut être une volonté à rappeler le film de Riccardo Freda « Le spectre du Dr. Hitchcock ». La version présentée est française – on reconnaît les voix rassurantes de Roger Rudel ou Jean-Henri Chambois. C’est le film typique italo-européen des années 70, à connaître 36 versions et autant de titres « La clinique des ténèbres », « La bestia uccide a sangue freddo », « The cold-blooded beast », etc… Le film se passe dans une maison de repos ou un asile psychiatrique on ne sait pas trop, pour jeunes femmes fortunées et légèrement dérangées. Arrive Cheryl Hume – Margaret Lee aidée de son teint blafard -, névrosée et suicidaire abandonnée par son mari au charme du lieu. Par une curieuse coïncidence, il n’y a que des créatures sculpturales qui jouent au croquet, sirotent du champagne et joue aux échecs, le personnel soignant propose des infirmières dévouées – pour le massage -, ce qui nous donne lieu à des scènes saphiques assez ollé ollé. Le lieu de soins est un  pavillon superbe, isolé certes dirigé par deux professeurs, le professeur Francis Clay, c’est Klaus Kinski avec la présence rassurante que l’on connaît et qui passe son temps à fumer avec anxiété, et le professeur Ostermann – John Karlsen, qui n’est pas mal non plus -.

Avec ces deux trognes, inutile de dire que l’on est rassuré pour nos charmantes créatures. Plus qu’un lieu de soins, c’est un véritable moulin, un serial killer vient donc trucider nos charmantes créatures. Il aurait tort de se gêner, car le lieu c’est le bricomarché du massacre, il ramasse ici une faux, là une hache, il y a une collection d’armes anciennes, histoire de canaliser les pulsions morbides assurément… ll peut donc varier les plaisirs. Les docteurs passent leur temps à faire des rondes, finissent par s’étonner mollement qu’il y a quelquechose d’inhabituel  Notre tueur est pourtant souvent dérangé, comme par la patiente qui dort nue et la porte ouverte, sonnant furieusement au personnel médical, et a du mal à courrir après la superbe Rosalba Neri, nymphomane violant presque le jardinier qui profite du calme de la nuit pour visiter la serre…  Il finit donc par se dépêcher sur la fin ! Le petit cochon de cinéphile peut admirer la belle Rosalba sous toutes les coutures, ainsi que beaucoup d’autres. Même s’il doit y avoir des inserts assez hard, présentant frontalement l’onanisme de deux belles, dans la version – présentée en VF hélas du moins -, on est surpris par l’érotisme frénétique du film pour l’époque. Le reste du filmage est tarabiscoté, psychédélique, alternant grand guignol, redites de plans, cadrages hallucinés, ce qui est lassant à la longue. Mais le film finit par avoir un certain charme sous la musique d’un Silvano Spadaccino, le récit pouvant provenir des fantasmes d’une des malades, car c’est ici un des films les plus incohérents de l’histoire du cinéma… Pour amateurs de films biscornus et hors normes.

CASINO ROYALE

On peut définir comme cultissime et réjouissant « Casino Royale » et qui reste pour moi un des films les plus divertissants. Comme le dit bien l’accroche du film « Casino Royale is too much for one James Bond ! » il y a ici une dizaine de Bond, y compris des femmes.

C’est l’adaptation du très sérieux roman de Ian Fleming, transformé en parodie pour une sombre histoire de droits et qui devrait être adapté de nouveau. On le sait la genèse de ce film fut compliquée. C’est plus l’œuvre du producteur Charles K Feldman que celle des réalisateurs successifs : Val Guest, John Huston, Kenneth Hugues, Joseph McGrath et Robert Parrish (ouf) et autant de scénaristes – Joseph Heller « Catch 22 », Ben Hecht, Terry Southern et même Billy Wilder ! -. Il fallait concilier avec certains caprices tels celui de Peter Sellers refusant de jouer en face d’Orson Welles, les manques du scénario, les disponibilités de chacun, etc….

Le seul et unique Sir James Bond étant David Niven, en retraite dans son manoir, son nom devenu une marque, sert à une multitude d’agents, dont le dernier – allusion à Sean Connery – déplaît souverainement à l’original. Il ne veut pas revenir à l’espionnage, malgré l’insistance d’une délégation de  hauts gradés de l’espionnage M. en personne – John Huston – avec moumoute – dans le rôle de M., le Français – Charles Boyer -, L’Américain – William Holden – et le Russe adipeux – Kurt Kasznar -, l’heure étant grave pour les espions. À bouts d’arguments ils vont utiliser la force.

Le film manque singulièrement de cohérence et présente une suite de sketches plus – l’épisode ouest-allemand dans les décors du « cabinet du docteur Caligari », les déguisements de Peter Sellers – Hitler, Lautrec, etc…-, la singulière décontraction de David Niven et Deborah Kerr irrésistible en veuve écossaise s’amusant à écorner son image très sérieuse habituelle. Si Peter Sellers semble un peu absent, il reste génial, Ursula Andress s’amuse avec son rôle de bombe sexuelle, Woody Allen en neveu de sir James, dans un climat pré -« Bananas », Orson Welles, en grand méchant Chiffre, est assez mal utilisé, mais nous livre un de ses tours de magie, Joanna Pettet est excellente en fille cachée de Bond et de Mata Hari, parodiant la danse de Debra Paget dans « Le tombeau hindou ».

Il y a des caméos pathétiques comme George Raft faisant son éternel numéro post-Scarface ou notre Bébel national – alors compagnon d’Ursula Andress -, en légionnaire bêta, toutes petites appariations, ils sont par contre très bien placés au générique et Peter O’Toole, non crédité, apparaissant en kilt demande à Peter Sellers s’il se nomme Richard Burton, ce dernier lui répondant qu’il est Peter O’Toole ! Il y a cependant beaucoup d’excellents seconds rôles, l’étonnant Vladek Sheybal – déjà présent dans « Bons baisers de Russie – en espion allemand, Anna Quayle en une inquiétante Frau Hauffner, Derek Nimmo en homme de main déglingué, Bernard Cribbins en chauffeur de taxi dévoué, et un bon nombre de belles comme Dahlia Lavi, Jacqueline Bisset, Barbara Bouchet ou Angela Scoular.

Le film, ambiance très guerre froide, très fumiste et très années 60 est très sympathique dans l’incohérence, et fut la source idéale d’inspiration pour Mike Myers pour la trilogie des « Austin Powers », baigné dans l’excellente musique de Burt Bacharach et John Barry, souvent reprise depuis. On flirte ici avec le jubilatoire si l’on goûte l’ambiance de « Quoi de neuf Pussycat, ? ».. On aimerait pouvoir voir en France la version TV 1954 dans la série « Climax », avec Peter Lorre et Barry Nelson.

LAND OF THE DEAD

George Romero réussit avec « Land of the Dead » à concilier un excellent film d’horreur, tout en décrivant de manière acerbe la société de son temps , et une certaine tendance politique des États Unis. Sa vision est pessimiste, à part une poignée de personnes justes, chacun tente de trouver son compte dans une société difficile, et si certains reste dans un comportement social, c’est par intérêt. La violence barbare et primitive relève ici plus de la survie, de la loi du plus fort, du chacun pour soi. Dennis Hopper dans un jeu très underplaying est admirable dans son rôle de maître de ce IGH qui constitue un refuge pour les élites. Il maîtrise une certaine ironie sourde, et sert même de symbole de l’évolution des États-Unis. Certaines déclarations misent dans sa bouche prennent donc un certain relief. Bruno Icher et Florent Latrive dans « Libération » citent avec justesse George Romero qui « dit volontiers sa déception d’apprendre que Hopper, «enfant de la contre-culture» comme lui, est aujourd’hui un homme de droite qui s’assume : «Easy Rider joue au golf et vote républicain, le croyez-vous ?» Cela n’empêche pas Hopper d’avoir porté le projet. Téléphonant à son réalisateur après lecture du script pour lui dire, enthousiaste, «Kaufman, c’est Donald Rumsfeld.» C’est tout un parcours… Despote déterminé, regrettant d’avoir certains agissements selon les informations qui étaient en sa possession, il est réjouissant d’ignominie. Il représente la société du replis sur soi, une humanité vénale finalement prise à son propre piège. La seconde catégorie du film est constituée  de marginaux parqués autour du lieu – du mythe américain ? -, et dont la plupart ne pensent qu’à rejoindrent le grand bâtiment, par des menus services, comme le personnage de John Leguizamo – excellent – mercenaire arriviste et chargé des basses œuvres et rêvant d’une place au soleil par tous les moyens. La lutte inévitable, et les perturbateurs rapidement neutralisés comme Asia Argento – on sait l’importance de son père Dario, dans l’œuvre de Romero – est une prostituée dure au mal, jetée en pâture par un nain aigri tout droit sorti de « Freaks » et prévue pour être sacrifiée à une nouvelle société du spectacle.  Le film fraternise donc avec l’œuvre de John Carpenter, comme le dit justement Pierrot dans son blog, comme dans son « They lives – Invasion Los Angeles », le héros incarné par Simon Baker, très justement choisi car rien ne le détermine à ça, est un homme sans histoire, voulant vivre avec dignité et montrant sa détermination dans l’adversité.

Mais les  frontières entre les individus ne sont pas toujours aisées à définir, le grand brûlé un peu simplet mais fidèle au héros – Robert Joy acteur canadien découvert dans « Atlantic City » de Louis Malle étant plus défiguré que le grand zombie noir ancien pompiste – étonnant Eugene Clark -. Ce dernier est la figure la plus attachante du film, en prenant conscience de son ancien statut d’humain deviendra un meneur, sorte de Spartacus de l’horreur. Cette troisième catégorie, qui peut-être assimilable aux « homeless » ou aux habitants du tiers monde, sont les zombies, lie de la société, faire-valoir de jeux cruels. Les êtres sont personnalisés, « humains » et perdus. Le film alterne les scènes gores et de poésie – la traversée d’une étendue d’eau, une certaine manière de capter l’attention des zombies, les éviscérations en ombre chinoise -, et brille par la capacité de renouvellement du cinéaste. Ce quatrième opus de l’œuvre zombiatoire de George Romero – le magnifique « La nuit des morts-vivants » (1968), définitivement culte, « Zombie » (1978) et « Le jour des morts vivants » (1985), auquel on peut associer « The crazies – La nuit des fous vivants » (1973) – démontre les lettres de noblesse du cinéma fantastique, souvent révélatrices des peurs et des mentalités de toute une époque. C’est ici du grand art.

Eugene Clark

UNE ROMANCE ITALIENNE

Petit mystère des films exportables ou non dans une cinématographie étrangère. Il y a un manque de voir du cinéma italien, on fait une fête à « Nos meilleures années » par exemple, on croit voir un renouveau à chaque fois, un art qui renaîtrait de ses cendres. « L’amore ritrovaro » est un film de Carlo Mazzacurati, adaptation gnangnan d’un roman de Carlo Casola. Mais ici la collection Arlequin est reine, certes ce cinéma a une tradition longue de mélo : « Le téléphone blanc » accessoire du cinéma fasciste des années 30. Ce film se passe en 1936, mais il ne faut voir ces années là comme un décors, aucun encrage social, c’est à déplorer. Et quand on voit le sempiternel regard de cocker triste de Stefano Accorsi, vedette de « Juste un baiser » de Gabriele Muccino, on se dit que le temps va être très long. Delly, sort de ce film !, ,Voici le cinéma de gare avec une reconstitution d’une lourdeur assez pathétique.

Maya Sansa

Reste le joli sourire, un peu figé de la belle Maya Sansa, jeune fille un peu libre, mais ballottée dans un monde assez sectaire. Elle est très touchante mais c’est assez peu pour suivre une histoire, à moins que vous trouviez du charme, Mesdames au sieur Stefano (ou Messieurs ne soyons pas sectaires), car côté jeu d’acteur à côté Steven Seagal serait d’une expressivité hallucinée à côté.  Côte acteur le jovial Marco Messeri rafle la mise avec sa truculente composition de contrôleur, et on retrouve avec surprise les Françaises Anne Canovas en signora et Marie-Christine Descouard – connue pour le film de Claude Confortès « Le roi des cons » en austère mère de la belle Maria.

On tue le temps comme l’on peut, en s’attendrissant sur la belle version italienne d’une des plus belles chansons du monde, celle de Georges Brassens  : « Les passantes » d’après le poème d’Antoine Pol, diffusée au début du film, on s’occupe comme on peut…

LES PASSANTES d’Antoine Pol

Je veux dédier ce poème
A toutes les femmes qu’on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu’on connaît à peine
Qu’un destin différent entraîne
Et qu’on ne retrouve jamais

A celle qu’on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s’évanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu’on en demeure épanoui

A la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu’on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu’on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré sa main

A la fine et souple valseuse
Qui vous sembla triste et nerveuse
Par une nuit de carnaval
Qui voulu rester inconnue
Et qui n’est jamais revenue
Tournoyer dans un autre bal

A celles qui sont déjà prises
Et qui, vivant des heures grises
Près d’un être trop différent
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D’un avenir désespérant

Chères images aperçues
Espérances d’un jour déçues
Vous serez dans l’oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu’on se souvienne
Des épisodes du chemin
Mais si l’on a manqué sa vie
On songe avec un peu d’envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu’on n’osa pas prendre
Aux cœurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu’on n’a jamais revus

Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l’on n’a pas su retenir


MORT DE BARBARA BEL GEDDES

Elle est morte des suites d’un cancer du poumon. Sil elle est populaire, c’est surtout grâce au petit écran et son personnage de Miss Ewing dans la série « Dallas ». Elle avait débuté sur les planches à l’âge de 17 ans. Le cinéma ne la pas suffisamment exploité, en raison de soucis de santé et la « Chasse aux sorcières » de McCarthy. Elle avait été nominée à l’Oscar pour « I remember Mama » (1948), elle a tourné avec Robert Wise « Ciel rouge » (1948), Max Ophuls, « Caught » (1949), Elia Kazan, « Panique dans la rue » (1950), Henry Hathaway, « Quatorzième heure » (1951), et elle était l’une des « Cinq femmes marquées » (1959) du film de Martin Ritt. Son meilleur rôle doit être celui de l’amie maternelle de James Stewart dans « Vertigo / Sueurs froides  » d’Alfred Hitchcock. Elle donnait une grande émotion à ce rôle de confidente amoureuse transie, dépossédée de l’homme qu’elle aime par un fantasme.