Petit mystère des films exportables ou non dans une cinématographie étrangère. Il y a un manque de voir du cinéma italien, on fait une fête à « Nos meilleures années » par exemple, on croit voir un renouveau à chaque fois, un art qui renaîtrait de ses cendres. « L’amore ritrovaro » est un film de Carlo Mazzacurati, adaptation gnangnan d’un roman de Carlo Casola. Mais ici la collection Arlequin est reine, certes ce cinéma a une tradition longue de mélo : « Le téléphone blanc » accessoire du cinéma fasciste des années 30. Ce film se passe en 1936, mais il ne faut voir ces années là comme un décors, aucun encrage social, c’est à déplorer. Et quand on voit le sempiternel regard de cocker triste de Stefano Accorsi, vedette de « Juste un baiser » de Gabriele Muccino, on se dit que le temps va être très long. Delly, sort de ce film !, ,Voici le cinéma de gare avec une reconstitution d’une lourdeur assez pathétique.

Maya Sansa

Reste le joli sourire, un peu figé de la belle Maya Sansa, jeune fille un peu libre, mais ballottée dans un monde assez sectaire. Elle est très touchante mais c’est assez peu pour suivre une histoire, à moins que vous trouviez du charme, Mesdames au sieur Stefano (ou Messieurs ne soyons pas sectaires), car côté jeu d’acteur à côté Steven Seagal serait d’une expressivité hallucinée à côté.  Côte acteur le jovial Marco Messeri rafle la mise avec sa truculente composition de contrôleur, et on retrouve avec surprise les Françaises Anne Canovas en signora et Marie-Christine Descouard – connue pour le film de Claude Confortès « Le roi des cons » en austère mère de la belle Maria.

On tue le temps comme l’on peut, en s’attendrissant sur la belle version italienne d’une des plus belles chansons du monde, celle de Georges Brassens  : « Les passantes » d’après le poème d’Antoine Pol, diffusée au début du film, on s’occupe comme on peut…

LES PASSANTES d’Antoine Pol

Je veux dédier ce poème
A toutes les femmes qu’on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu’on connaît à peine
Qu’un destin différent entraîne
Et qu’on ne retrouve jamais

A celle qu’on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s’évanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu’on en demeure épanoui

A la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu’on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu’on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré sa main

A la fine et souple valseuse
Qui vous sembla triste et nerveuse
Par une nuit de carnaval
Qui voulu rester inconnue
Et qui n’est jamais revenue
Tournoyer dans un autre bal

A celles qui sont déjà prises
Et qui, vivant des heures grises
Près d’un être trop différent
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D’un avenir désespérant

Chères images aperçues
Espérances d’un jour déçues
Vous serez dans l’oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu’on se souvienne
Des épisodes du chemin
Mais si l’on a manqué sa vie
On songe avec un peu d’envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu’on n’osa pas prendre
Aux cœurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu’on n’a jamais revus

Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l’on n’a pas su retenir