On peut définir comme cultissime et réjouissant « Casino Royale » et qui reste pour moi un des films les plus divertissants. Comme le dit bien l’accroche du film « Casino Royale is too much for one James Bond ! » il y a ici une dizaine de Bond, y compris des femmes.

C’est l’adaptation du très sérieux roman de Ian Fleming, transformé en parodie pour une sombre histoire de droits et qui devrait être adapté de nouveau. On le sait la genèse de ce film fut compliquée. C’est plus l’œuvre du producteur Charles K Feldman que celle des réalisateurs successifs : Val Guest, John Huston, Kenneth Hugues, Joseph McGrath et Robert Parrish (ouf) et autant de scénaristes – Joseph Heller « Catch 22 », Ben Hecht, Terry Southern et même Billy Wilder ! -. Il fallait concilier avec certains caprices tels celui de Peter Sellers refusant de jouer en face d’Orson Welles, les manques du scénario, les disponibilités de chacun, etc….

Le seul et unique Sir James Bond étant David Niven, en retraite dans son manoir, son nom devenu une marque, sert à une multitude d’agents, dont le dernier – allusion à Sean Connery – déplaît souverainement à l’original. Il ne veut pas revenir à l’espionnage, malgré l’insistance d’une délégation de  hauts gradés de l’espionnage M. en personne – John Huston – avec moumoute – dans le rôle de M., le Français – Charles Boyer -, L’Américain – William Holden – et le Russe adipeux – Kurt Kasznar -, l’heure étant grave pour les espions. À bouts d’arguments ils vont utiliser la force.

Le film manque singulièrement de cohérence et présente une suite de sketches plus – l’épisode ouest-allemand dans les décors du « cabinet du docteur Caligari », les déguisements de Peter Sellers – Hitler, Lautrec, etc…-, la singulière décontraction de David Niven et Deborah Kerr irrésistible en veuve écossaise s’amusant à écorner son image très sérieuse habituelle. Si Peter Sellers semble un peu absent, il reste génial, Ursula Andress s’amuse avec son rôle de bombe sexuelle, Woody Allen en neveu de sir James, dans un climat pré -« Bananas », Orson Welles, en grand méchant Chiffre, est assez mal utilisé, mais nous livre un de ses tours de magie, Joanna Pettet est excellente en fille cachée de Bond et de Mata Hari, parodiant la danse de Debra Paget dans « Le tombeau hindou ».

Il y a des caméos pathétiques comme George Raft faisant son éternel numéro post-Scarface ou notre Bébel national – alors compagnon d’Ursula Andress -, en légionnaire bêta, toutes petites appariations, ils sont par contre très bien placés au générique et Peter O’Toole, non crédité, apparaissant en kilt demande à Peter Sellers s’il se nomme Richard Burton, ce dernier lui répondant qu’il est Peter O’Toole ! Il y a cependant beaucoup d’excellents seconds rôles, l’étonnant Vladek Sheybal – déjà présent dans « Bons baisers de Russie – en espion allemand, Anna Quayle en une inquiétante Frau Hauffner, Derek Nimmo en homme de main déglingué, Bernard Cribbins en chauffeur de taxi dévoué, et un bon nombre de belles comme Dahlia Lavi, Jacqueline Bisset, Barbara Bouchet ou Angela Scoular.

Le film, ambiance très guerre froide, très fumiste et très années 60 est très sympathique dans l’incohérence, et fut la source idéale d’inspiration pour Mike Myers pour la trilogie des « Austin Powers », baigné dans l’excellente musique de Burt Bacharach et John Barry, souvent reprise depuis. On flirte ici avec le jubilatoire si l’on goûte l’ambiance de « Quoi de neuf Pussycat, ? ».. On aimerait pouvoir voir en France la version TV 1954 dans la série « Climax », avec Peter Lorre et Barry Nelson.