Accueil assez froid de la part de beaucoup pour ce « Silent Hill », ce qui peut surprendre. En effet en ces périodes de canulars insipides – tendance « Blair Witch », il faut bien le dire l’un des films les plus pitoyables de l’histoire du cinéma -, films ricanant – tendance « Scream », remakes ou innombrables séquelles en tous genres ou des films confrontant des créatures d’autres films – tendance « Freddy contre Sœur Emmanuelle » ou je ne sais plus quoi -, on retrouve enfin ici un plaisir de spectateur. Mais « Silent Hill » vaut le détour, même si vous ne connaissez pas le jeu video Konami, comme mézigue, où si vous avez été échaudé par des adaptations comme « Super Mario Bros » – qui vaut son pesant de cacahuètes avec Bob Hoskins et Dennis Hopper – et autres « jojolivitcheries tomberedienne-residentevilisées ». Christophe Gans, dont « Le pacte des loups » me semble être à réévaluer – son tort était de vouloir trop en mettre -, part donc inévitablement faire un blockbuster pour les Etats-Unis, après avoir fait l’effort louable de vouloir rester en France. L’homme a donc du talent, et il parle en plus magnifiquement du cinéma. L’histoire proche de celle d’Orphée est pourtant conventionnelle, mais Gans ne s’embarrasse pas dans de vaines scènes explicatives et rentre directement dans le cœur du sujet. La jeune Sharon rêve d’une ville fantôme, Silent Hill. Sa mère, Rose – Radha Mitchell, dont le jeu nerveux convient au rôle – décide pour exorciser son mal étrange, de l’accompagner sur place au grand dam de son mari – minéral Sean Bean -. Mais la ville minière, semble avoir sa propre dimension, elle a été détruite il y a trente ans par un gigantesque incendie, et elle continue d’ailleurs à brûler. Inévitablement Rose perd sa fille, part à sa recherche flanquée par une fliquette qui fait preuve d’empathie et d’énergie – étonnante Laurie Holden -. Un univers peuplé par des ténèbres s’ouvre aux deux femmes…
Radha Mitchell
Les effets spéciaux et un décors infernal post-Tchernobyl atteignent ici une perfection étonnante. On sent une grande recherche, à la manière de la variation de pigmentation de la robe de la belle Radha, ou les décors rouillés et délabrés dont on sent tout une histoire. On retrouve quelques sensations cauchemardesques propres à une sorte de peur primale, mêlées à des images poétiques comme le pluie de cendres, ou angoissantes – une sirène dont le bruit nous est pourtant familier -. Les créatures sont montrées, et on même dans leurs monstruosités une sorte de noblesse, ayant un passé humain. Et l’on songe que cela faisait un moment que l’on avait pas vu spectacle si probant. Christophe Gans a enfin digéré ses références, même si aura beau jeu de retrouver des influences de Clive Baker à Francis Bacon, mais il a enfin trouvé son ton dans cette mise en scène macabre, avec une invention visuelle constante. Le crescendo morbide du film est haletant, même si l’histoire de la petite communauté menée par une Alice Kridge assez caricaturale est assez convenue, Roger Avery voulant sans doute retrouver des émotions cinéphiliques à la « Wicker man », magistral film de Robin Hardy – film cité dans ses « Lois de l’attraction ». Et puis on a toujours plaisir à retrouver Deborah Kara Unger. Sa vision de l’horreur – et même du couple Sean Bean et arpentent les mêmes décors sans se rencontrer, l’image est aisée à comprendre -, se révèle on ne peut plus judicieuse. Il faut saluer le talent quand on le constate, donnez-nous 5 à 6 films fantastiques ou d’horreur de cet acabit par an, et on court se réconcilier avec un genre bien malmené ces derniers temps.