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MORT DE DANIEL RIALET

   Annonce du décès du comédien Daniel Rialet, à l’âge de 46 ans, d’une crise cardiaque. Il était très populaire et très sympathique, avec son partenaire et ami Christian Rauth. à la télévision pour avoir été l’un des « mulets » de « Navarro », depuis sa première diffusion en 1989, l’un des moniteurs des « Monos » sur France 2 en 1998, et le curé de « Père et maire » sur TF1 depuis 2002, dont un épisode sera diffusé sur la semaine prochaine le 19 avril intitulé « Une seconde chance ». Il avait eu une attaque en avril dernier. Il était l’époux de la comédienne Carole Richert et père de deux enfants. Après avoir fait le conservatoire national supérieurs des arts dramatiques, de 1984 à 1987, il n’avait fait que très peu de cinéma : « Zone rouge » (Robert Enrico, 1985), « Le grand chemin » (Jean-Louis Hubert, 1986), « Fréquence meurtre » (Élisabeth Rappeneau, 1987), « Baxter » (Jérôme Boivin, 1988), « Cherokee » (Pascal Ortéga, 1990) et « Bonimenteurs » (Emmanuel Descombes, CM, 1995). On se souvient de son rôle dans l’astucieux court-métrage oscarisé de Sam Karmann « Omnibus » en 1993, Palme d’or à Cannes, où il était très drôle en passager de train, inquiet de perdre son travail suite à un changement d’horaires, ne pouvant que lui provoquer le retard de trop. On le retrouve aussi dans un autre court-métrage de qualité, « Requiems » (Stéphan Tillé-Guérin, 2001), prémisse du film « Edy » – où la situation était reprise sur mode plus comique avec Laurent Bateau -. Face à François Berléand, il jouait un quidam aux prises avec un tueur.  A la télévision on l’avait vu dans plusieurs téléfilms, tels « Pépita » (Dominique Baron, 1993), « Les allumettes suédoises » (Jacques Ertaud, 1995), « Une femme en blanc » (Aline Issermann, 1996), aux côtés de Sandrine Bonnaire, et dans sa suite « La maison des enfants » (Issermann, 2002), « La tribu » (Gérard Marx, 1996), « L’aubaine » (Aline Issermann, 2000) et dans le pilote de « Mademoiselle Joubert » (Vincenzo Marano, 2005). Il avait joué également au théâtre à ses débuts  – « Tête d’or » de Claudel, « La traversée de l’empire » d’Arrabal, etc…  -. Nos pensées vont à sa famille.

Parmi les autres décès récents, Christophe Bier me signale la mort du cinéphile et critique Michel Azzopardi, des suites d’un cancer. Déplorons le silence – à part l’hommage d’Albert Dupontel -, du cascadeur Jean-Louis Airola, l’un des meilleurs de sa profession, et celle, à 81 ans, du cinéaste suédois du culte « Je suis curieuse » (1967), Vigot Sjöman, des suites d’une hémorragie cérébrale

MORT DE RICHARD FLEISCHER

Mort d’un des cinéastes les plus originaux du cinéma américain. A son sujet, Stéphane Bourgoin lui avait consacré un très bon livre, hélas épuisé (Éditions Edilig, 1986). Du merveilleux, avec une des meilleures adaptation de l’œuvre de Jules Verne (« 20.000 lieux sous les mers », « l’heroic fantasy » « Conan le barbare » (1984), les films fantastiques le plaisant « Voyage fantastique » (1966) et surtout « Soleil vert » (1973), l’un des meilleurs films d’anticipation, à l’âpre « Étrangleur de Boston » (1968) sombre étude de mœurs autour d’une traque d’un tueur en série – l’un des meilleurs rôles de Tony Curtis, « L’étrangleur de Rillington Place » (1971) redécouvert il y a peu au cinéma de minuit sur France 3, était une autre réussite sur ce même modèle –, il avait une palette suffisamment large pour laisser sa marque même dans des commandes improbables. On lui doit des petits bijoux du film noir « Bodyguard » (1948), « L’assassin sans visage » (1949) etc… et de bons films d’aventures ou de genres « Les vikings » (1957), « Barabbas » (1962), on aimerait d’ailleurs voir « Che » (1969) ne serait-ce que pour découvrir Omar Sharif en « Che Guevara » et Jack Palance en « Fidel Castro » ! Il valait beaucoup mieux que sa réputation d’habile faiseur.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Jacques Legras

  

Photo : www.bernard-luc.comAnnonce de la mort de Jacques Legras, ce 15 mars de comédien né à Nantes en 1924. On se souviendra toujours de lui dans les riches heures de la télévision, avec la célèbre caméra cachée, dans « La caméra invisible » depuis 1964, invention de son compère Jacques Rouland, pour lequel il était animateur de « Gardez le sourire » sur Europe 1. Cette émission diffusée sur la seconde chaîne à partir de 1964, était l’occasion de piéger des quidam, et Jacques Legras avec sa fine moustache et son sérieux imperturbable imposait par son assurance les situations les plus déstabilisantes et les plus improbables. Les meilleurs sketches portés à l’écran par Jacques Rouland dans « La gueule de l’emploi » (1973), le mettait en vedette avec Jean-Claude Massoulier. C’est après le conservatoire de la rue Blanche, qu’il rejoint la troupe des Branquignol. Il restera fidèle à l’univers de Robert Dhéry également au cinéma dès « Branquignol » son premier film en 1949. On se souvient dans cet univers, du monsieur Loyal dans « Ah ! les belles bacchantes » (1954), et du curé roux du « Petit baigneur » (Dhéry, 1967). On le retrouvait souvent dans des rôles distingués facilement malmenés, client suisse qui arrive dans un bordel le jour de la fermeture suite à la décision de Marthe Richard dans « Les bons vivants : La fermeture » (Gilles Grangier, 1965), de l’examinateur de permis de conduire véhément suite aux maladresses de Louis Velle dans « Le permis de conduire » (Jean Girault, 1973), notable tenté par un voyage libertin avec sa femme dans « Sex-Shop » (Claude Berri, 1972), où le préposé au mariage de Jean-Paul Belmondo tétanisé devant sa fuite dans « Les mariés de l’an II » (Jean-Paul Rappeneau, 1970). Souvent goguenard, il est un ancêtre d’Alexandre Dumas, écrivain public prenant des notes en rencontrant les valets des trois mousquetaires « Les quatre Charlots mousquetaires » (André Hunebelle). Très apprécié du réalisateur Michel Boisrond, on lui doit la composition singulière d’un traître japonais – avec fausses dents et sans moustache – dans le croquignolet « Atout cœur à Tokyo pour OSS 117 » (1966), un grand moment délirant hautement cornichon. Jean-Pierre Mocky l’avait utilisé pour 6 films dont l’étalon (1969) où il campe Pointard joueur de pétanque ayant les traces de ses boules sur son bronzage à force de les porter autour de son coup, « Robin des mers » (1997) où il est un marin et dans « Vidange » (1997) son dernier rôle en procureur. S’il n’a pas toujours eu les rôles à la mesure de sa folie, il marquait toujours ses passages avec une distinction qui cachait une réelle subversion.

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Filmographie : 1949  Branquignol (Robert Dhéry) – La patronne (Robert Dhéry) – 1950  Bertrand, cœur de lion (Robert Dhéry) – 1951  La demoiselle et son revenant (Marc Allégret) – 1952  L’amour n’est pas un péché (Claude Cariven) – 1953  Les trois mousquetaires (André Hunebelle) – Les hommes ne pensent qu’à ça… (Yves Robert) – 1954  Escalier de service (Carlo Rim) – Ah ! les belles bacchantes (Jean Loubignac) – 1955  L’impossible Monsieur Pipelet (André Hunebelle) – 1961  La belle américaine (Robert Dhéry) – 1964  Allez France ! (Robert Dhéry) – Les gros bras (Francis Rigaud) – Une souris chez les hommes / Un drôle de caïd (Jacques Poitrenaud) – Lady L (Id) (Peter Ustinov) – 1965  Les bons vivants [épisode : « La fermeture »] (Gilles Grangier) – La communale (Jean L’hôte) – La tête du client (Jacques Poitrenaud) – La bourse et la vie (Jean-Pierre Mocky) – 1966  Le grand restaurant (Jacques Besnard) – Atout cœur à Tokyo pour OSS 117 (Michel Boisrond) – Trois enfants dans le désordre (Léo Joannon) – Sette volte donna / Woman times seven (Sept fois femmes) (Vittorio de Sica)- 1967  Le petit baigneur (Robert Dhéry) – 1968  Faites donc plaisir aux amis (Francis Rigaud) – L’Auvergnat et l’autobus (Guy Lefranc) – Un été sauvage (Marcel Camus) – 1969  Hibernatus (Édouard Molinaro) – L’ardoise (Claude Bernard-Aubert) – Poussez pas grand-père dans les cactus (Jean-Claude Dague) – The lady in the car with glasses and a gun (La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil) (Anatol Litvak) – L’étalon (Jean-Pierre Mocky) – 1970  Les assassins de l’ordre (Marcel Carné ) – Les mariés de l’An II (Jean-Paul Rappeneau) – Daisy Town (René Goscinny & Morris, voix) – On est toujours trop bon avec les femmes (Michel Boisrond) – 1972  Sex shop (Claude Berri) – Les Charlots font l’Espagne (Jean Girault) – Elle court, elle court la banlieue (Gérard Pirès) – 1973  Le permis de conduire (Jean Girault)- L’événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la lune (Jacques Demy) – Les gaspards (Pierre Tchernia) – La gueule de l’emploi (Jacques Rouland) – Les 4 Charlots mousquetaires (André Hunebelle) – 1974  Vos gueules les mouettes ! (Robert Dhéry) – 1975  Catherine et cie (Michel Boisrond) – L’intrépide (Jean Girault) – 1976  Le trouble fesses (Raoul Foulon) – Drôles de zèbres (Guy Lux) – Le roi des bricoleurs (Jean-Pierre Mocky) – 1977  La ballade des Dalton (René Goscinny, Morris, Henri Gruel & Pierre Watrin, voix) – La vie parisienne (Christian-Jaque) – 1978  Les héros n’ont pas froid aux oreilles (Charles Némès) – Le beaujolais nouveau est arrivé (Jean-Luc Voulfow) – 1979  La gueule de l’autre (Pierre Tchernia) – L’associé (René Gainville) – La gueule de l’autre (Pierre Tchernia) – Mais qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour avoir une femme qui boit dans les cafés avec les hommes ? (Jan Saint-Hamon) – 1980  Les malheurs d’Octavie (Roland Urban) – 1981  Le jour se lève et les conneries commencent (Claude Mulot) – Les bidasses aux grandes manœuvres (Raphaël Delpard) – 1982  N’oublie pas ton père au vestiaire (Richard Balducci) – 1983  Vous habitez chez vos parents ? (Michel Fermaud) – Mon curé chez les Thaïlandaises (Robert Thomas) – Retenez-moi… ou je fais un malheur ! (Michel Gérard) – 1984  Vive le fric (Raphaël Delpard) – 1985  La gitane (Philippe de Broca) – 1988  Corps z’à corps (André Halimi) –   Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer  (Jacques W. Benoît) – 1997  Robin des Mers (Jean-Pierre Mocky) – Vidange (Jean-Pierre Mocky) – 1999 36 (Mathieu Mathelin, CM). Télévision (notamment) : 1965  Le journal de Jules Renard (Pierre Tchernia, CM) – 1968  Le bourgeois gentilhomme (Pierre Badel) – 1972  Aujourd’hui à Paris (Pierre Tchernia) – 1976  Les brigades du Tigre : Don de Scotland Yard (Victor Vicas) – 1977   Confessions d’un enfant de choeur (Jean L’Hôte) – Au théâtre ce soir : Le séquoïa (Pierre Sabbagh) – Emmenez-moi au Ritz (Pierre Grimblat) – Les folies Offenbach : Le train des cabots (Michel Boisrond) – Appelez-moi docteur ou le médecin invisible (Jacques Rouland) – 1978  Les palmiers du métropolitain (Youri) – Messieurs les ronds de cuir (Daniel Ceccaldi) – 1979  Au théâtre ce soir : Mon crime (Pierre Sabbagh) – Le petit théâtre d’Antenne 2 : Pétin, Mouillabourg et consorts (Pierre Cavassilas) – 1980  Opération trafics : La bataille de l’or (Christian-Jaque) – Jean-Sans-Terre (Gilles Grangier) – Le vol d’Icare (Daniel Ceccaldi) – 1981  Le roman du samedi : L’agent secret (Marcel Camus) – Société Amoureuse à Responsabilité Limitée (Christian-Jaque) – Le mythomane : Les jonquilles de la grande duchesse (Michel Wyn) – Les amours des années folles : Un mort tout neuf (Dominique Giuliani) – Histoire contemporaine (Michel Boisrond) – 1983  L’étrange château du docteur Lerne (Jean-Daniel Verhaeghe) – 1984  L’appartement (Dominique Giuliani) – Billet doux (Michel Berny) – 1985  Le canon paisible (Stéphane Bertin). Divers : La caméra invisible – Vivement lundi, etc…

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Maureen Stapleton

 Annonce de la mort le 13 mars de Maureen Stapleton, des suites de complications pulmonaires. Grand parcours théâtral, depuis ses débuts à Broadway en 1946. Son grand succès est « The rose tatoo » en 1951, elle était d’ailleurs l’une des interprètes privilégiée de Tenesse Williams. Au cinéma, elle marquait ses rôles par son dynamisme. Nommée trois fois à l’Oscar du meilleur second rôle, pour « Lonely-hearts » / « Coeurs à la dérive » (Vincent Donahue), « Airport » (George Seaton, 1969), le « bergmanien » : « Interiors / Intérieurs » (Woody Allen, 1978), avant de l’obtenir pour sa composition dans « Reds » (Warren Beatty, 1980). Connue pour son franc parler, elle avait déclaré au sujet de George W. Bush, information trouvée sur le web : « « I’m not saying that I’d vote for him. I’m just saying that I’d fuck him. » . Ephraim Katz rappelait dans son « Film encyclopedia » qu’on la surnomait « the American Anna Magnani ».

ARTICLE : AP – The Associated Press.

L’actrice Maureen Stapleton, qui avait remporté l’Oscar du meilleur second rôle féminin pour «Reds», est décédée lundi à l’âge de 80 ans, a annoncé son fils, Daniel Allentuck. Maureen Stapleton, dont l’apparence insignifiante et imposante avait occulté la personnalité et le talent, avait remporté un Oscar en 1981 pour le rôle d’Emma Goldman dans le film de Warren Beatty, «Reds», sur un journaliste américain qui se rend en Russie pendant la révolution bolchevique. Pour préparer le rôle, l’actrice expliquait qu’elle avait tenté de lire l’autobiographie de Goldman, avant de la jeter par ennui. «Il y a de nombreuses voies pour être un bon acteur», disait-elle dans son autobiographie publiée en 1995. «On m’a demandé de nombreuses fois quelle était la clef de la comédie et, en ce qui me concerne, la principale est de garder les spectateurs éveillés». Maureen Stapleton avait été nommée à plusieurs reprises pour l’Oscar du meilleur second rôle féminin, dont «Lonelyhearts» (1958), «Airport» (1970) et «Intérieurs» (1978), de Woody Allen. Elle avait également tourné dans «Cocoon» (1985) de Ron Howard et »Addicted to Love» (1997). A la télévision, elle avait remporté un Emmy pour «Among the Paths to Eden» en 1967. Elle avait également joué au théâtre, donnant notamment la réplique à Laurence Olivier dans «La chatte sur un toit brûlant» de Tennessee Williams. Pour «La Rose tatouée», autre pièce du dramaturge américain, elle avait remporté un Tony Award à l’âge de 24 ans. L’auteur et l’actrice étaient amis.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Dennis Weaver

  

Dennis Weaver

Annonce de la mort de Dennis Weaver, des suites d’un cancer à l’âge de 81 ans. Deux souvenirs viennent immédiatement à l’esprit des cinéphiles, le gardien de l’hôtel inquiétant à la silhouette longiligne, et épiant la belle Janet Leigh dans « La soif du mal » (Orson Welles, 1958), préfiguration du personnage de Norman Bates dans « Psychose », et l’automobiliste pris en chasse par un camionneur fou dans « Duel » (Steven Spielberg, 1971), brillant téléfilm diffusé en salles avec le succès que l’on sait. En contrat avec Universal, on le retrouve souvent dans des petits rôles avant de se faire reconnaître essentiellement à la télévision dans « Gunsmoke ». Il était un écologiste revendicatif avisé ces dernières années avec sa femme Gerry Stowell. Il avait un site officiel : Dennis Weaver website. Bibliographie : « Quinlan’s films stars » par David Quinland (B.T. Batsford limited London, 2000)

Filmographie : 1952  The raiders / Riders of vengeance (L’heure de la vengeance) (Lesley Selander) – Horizons West (Le traître du Texas) (Budd Boetticher) – The lawless breed (Victime du destin) (Raoul Walsh) – 1953  The redhead from Wyoming (La belle rousse du Wyoming) (Lee Sholem) – The Mississippi gambler (Le gentilhomme de la Louisiane) (Rudolph Maté) – Law and order (Quand la poudre parle) (Nathan Juran) –  Column South (L’héroïque lieutenant) (Frederick De Cordova) – It happens every Thursday (Joseph Pevney) – The man from the Alamo (Le déserteur de Fort Alamo) (Budd Boetticher) – The golden blade (La légende de l’épée magique) (Nathan Juran) – The Nebraskan (L’homme du Nebraska) (Fred F. Sears) – 1954  War arrow (À l’assaut de Fort Clark) (George Sherman) – 1954  Dangerous mission (Mission périlleuse) (Louis King) – Dragnet (La police est sur les dents) (Jack Webb) – 1955  Ten wanted men (Dix hommes à abattre) (Bruce Humberstone) – The bridges at Toko-Ri (Les ponts de Toko-Ri) (Mark Robson) – Seven angry men / God’s angry man (Charles Marquis Warren) – Chief Crazy Horse / Valley of fury (Le grand chef) (George Sherman) – Storm fear (Cornel Wilde) – 1956  Navy wife / Mother, Sir ! (Edward Berns) – 1958  Touch of evil (La soif du mal) (Orson Welles) – 1960  The gallant hours (Robert Montgomery) – 1966  Duel at Diablo (La bataille de la vallée du diable) (Ralph Nelson) – Way… way… out (Tiens bon la rampe Jerry !) (Gordon Douglas) – 1967  Gentle giant (Le grand ours et l’enfant) (James Neilson) – 1968  Mission Batangas (Dans l’enfer de Corregidor) (Keith Larsen) – 1970  A man called Sledge / Sledge (Un nommé Sledge) (Vic Morrow & Giorgio Gentili) – 1971  What’s the matter with Helen ? (Curtis Harrington) – 1972  Duel (Id) (Steven Spielberg, téléfilm distribué en salles) – 1977  Cry for justice (Bob Kelljan) – 1995  Two bits & Pepper (Corey Michael Eubanks) – 1997 Telluride : Time crosses over (Michael Eugene Carr) – 1998  Escape from wildcat canyon (Titre TV : Sauvetage à Wildcat Canyon) (Marc F. Voizard) – 2000  Submerged (Crash dans l’océan) (Fred Olen Ray) – Voxographie succincte : 1992  Earth and the American Dream (Bill Couturié, documentaire, récitant) – 2003  Home on the range (La ferme se rebelle) (Will Finn, animation).

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Darry Cowl

Darry Cowl dans « Le temps des oeufs durs »

Eh la Camarde, tu ne pouvais pas nous le laisser encore un peu, non il a fallu que tu nous le prennes lui aussi. Bon, ça devrait avoir du bon, son génie va être enfin reconnu… Oui, car il avait du génie, dans le sens non galvaudé du mot. C’était une de mes idoles, non pas parce qu’il était basque comme mézigue, mais parce qu’il apporté du génie dans sa vie, même dans les pires nanars, il n’était pas très regardant, tenaillé par son démon du jeu : « …Moins je tourne, plus les gosses me reconnaissent dans la rue. Qu’est-ce qu’ils ont repassé comme merdes à la télé ? J’ai fait 111 films. Dès que j’avais plus un rond je téléphonais au casino, à Monte-Carlo, à André Bernheim et ça partait aussi sec dans la nuit. J’ai signé au moins 40 films sans les lire, je vous jure, à ce point-là c’en est rigolo… » disait-il au « Cahiers du cinéma » N°408, numéro spécial acteurs. La première image qui m’est venu à son sujet, c’est un témoignage de Safy Nebbou pour l’émission « Télé matin » où Darry Cowl était l’invité principal. Les deux hommes étaient dans le TGV, en vue d’une avant-première. Les paysages défilent, Darry fixe son esprit sur un troupeau de vaches paisibles avant de déclarer : « Il en manque une ! ». Très apprécié ces dernières années par les metteurs en scène, il avait souvent brillé ces derniers temps, chez Jean-Pierre Mocky qui l’avait utilisé sans son bégaiement, en homosexuel nostalgique, « Les saisons du plaisir » (1987) et en inquiétant homme politique à moumoute, « Une nuit à l’assemblée nationale » (1988) ou en pharmacien-suiveur « Ville à vendre » (1991). Mocky a ouvert la voie à d’autres rôles, tel le bouquiniste résumant d’une manière unique les « Misérables » de Victor Hugo, devant un Jean-Paul Belmondo pantois, « Les misérables » (Claude Lelouch, 1994),  le patron d’Augustin, écrasé par la solitude, « Augustin, roi du Kung-Fu » (Anne Fontaine, 1998), le pensionnaire d’une maison de retraite rivalisant d’ingéniosité pour cacher l’absence de Claude Rich, « Le cou de la girafe » (Safy Nebbou, 2003), jusqu’à la concierge chantante (!), reprise d’un rôle créé par Pauline Carton, dans « Pas sur la bouche » (Alain Resnais, 2003), qui lui vaut le César du meilleur second rôle.

Il est vrai que dans sa carrière édifiante, il y avait peu de place aux contre-emplois, tel le taxidermiste bourrant les corps d’indiens de papiers journaux dans « Touche pas à la femme blanche » (Marco Ferreri, 1973). Sacha Guitry très prompt à reconnaître le talent des jeunes comédiens (Louis de Funès, Jean Poiret, Michel Serrault), l’avait même laissé improvisé contre son texte, son rôle de témoin bargeot et iconoclaste dans « Assassins et voleurs » (1956). L’amateur de nanar se régale à son souvenir, à l’image de son inoubliable rôle dans « Le triporteur » (Jack Pinoteau, 1957) où il improvise avec Pierre Mondy une réplique « Petit canaillou » qui marquera les esprits d’une manière indélébile, et de sa suite « Robinson et le triporteur » (Pinoteau, 1959), deux films avec sa compagne d’alors, Béatrice Altariba. Il était excellent en tandem avec Francis Blanche, dans « Les gorilles » (Jean Girault, 1964) ou l’improbable « Abominable homme des douanes » (Marc Allégret, 1962). Citons aussi le jeune père dépassé dans « Les moutons de Panurge » (Jean Girault 1960), le gardien du musée Balzac « En effeuillant la marguerite » (Marc Allégret, 1956), le charmant « Le petit prof » (Carlo Rim, 1958), où il était un jeune professeur aux idées révolutionnaires, l’héritier lunaire d’un truand redoutable campé par Yves Deniaud dans « Ce joli monde » (Carlo Rim toujours, 1957), le guichetier goguenard dans « La bourse et la vie » (Jean-Pierre Mocky, 1965), ou le clochard dans « Archimède le clochard » (Gilles Grangier, 1958)… où il volait la vedette à Jean Gabin ! Il était aussi un pianiste émérite – il fallait le voir camper « Rouget de l’Isle » dans le cornichonesque « Liberté, égalité, choucroute » (Jean Yanne 1984), il avait aussi réalisé un film comme metteur en scène : « Jaloux comme un tigre » (1964), présenté lors d’un hommage récent à la Cinémathèque. Le site Encinémathèque venait de lui consacrer un dossier. Même s’il avait 80 ans, non vraiment, Mme la Camarde (je mets une majuscule, on ne sais jamais), je ne te salue pas.

 

  

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Filmographie : 1955  Quatre jours à Paris (André Berthomieu) – Ces sacrées vacances (Robert Vernay) – Bonjour sourire (Claude Sautet) – Paris Canaille (Pierre Gaspard-Huit) – Cette sacrée gamine (Michel Boisrond) – Les Duraton (André Berthomieu) – 1956  En effeuillant la marguerite (Marc Allégret) – La joyeuse prison (André Berthomieu) – Paris Palace Hôtel (Henri Verneuil) – Courte tête (Norbert Carbonnaux) – Assassins et voleurs (Sacha Guitry) – L’amour descend du ciel (Maurice Cam) – À la Jamaïque (André Berthomieu) – Fric-frac en dentelles (Guillaume Radot) – Cinq millions comptant (André Berthomieu) – 1957  L’ami de la famille (Jack Pinoteau) – Les trois font la paire (Sacha Guitry) – Ce joli monde (Carlo Tim) – Totò, Vittorio e la dottoressa (Dites 33) (Camillo Mastrocinque) – Fumée blonde (Robert Vernay) – Les lavandières du Portugal (Pierre Gaspard-Huit) – À pied, à cheval et en voiture (Maurice Delbez) – Le naïf aux quarante enfants (Philippe Agostini) – Le triporteur (Jack Pinoteau) – Le temps des oeufs durs (Norbert Carbonnaux) – L’école des cocottes (Jacqueline Audry) – Sois belle et tais-toi (Marc Allégret) – 1958  Chéri, fais-moi peur (Jack Pinoteau) – Le petit prof (Carlo Rim) – À pied, à cheval et en spoutnik (Jean Dréville) – Archimède le clochard (Gilles Grangier) – L’increvable (Jean Boyer) – 1959  Vous n’avez rien à déclarer ? (Clément Duhour) – Les affreux (Marc Allégret) – Robinson et le triporteur (Jack Pinoteau) – Bouche cousure (Jean Boyer) – 1960  La Française et l’amour [sketch : « L’enfance »] (Henri Decoin) – Les pique-assiettes (Jean Girault) – Un Martien à Paris (Jean-Pierre Daninos) – Les fortiches (Georges Combret) – Les amours de Paris (Jacques Poitrenaud) – Les moutons de Panurge (Jean Girault) – 1961  Les livreurs (Jean Girault) – Les lions sont lâchés (Henri Verneuil) – Les petits matins (Jacqueline Aubry) – Les Parisiennes [Sketch : « Ella »] (Jacques Poitrenaud) – 1962  L’abominable homme des douanes (Marc Allégret) – Les veinards [Sketch : « Une nuit avec la vedette »] (Philippe de Broca) – Les bricoleurs (Jean Girault) – Les saintes nitouches (Pierre Montazel) – Strip tease (Jacques Poitrenaud) – 1963  Le bon roi Dagobert (Pierre Chevalier) – Des pissenlits par la racine (Georges Lautner) – 1964  Les gros bras (Francis Rigaud) – Jaloux comme un tigre (Darry Cowl, + scénario et musique) – La bonne occase (Michel Drach) – Déclic et des claques (Philippe Clair) – Les gorilles (Jean Girault) – I magnifici brutos del west (Les terreurs de l’Ouest) (Marino Girola) – Les combinards (Jean-Claude Roy) – 1965  Les tribulations d’un Chinois en Chine (Philippe de Broca) – Les bons vivants [Sketch : « Le procès »] (Gilles Grangier) – La tête du client (Jacques Poitrenaud) – Le lit à deux places [Sketch : La répétition »] (Jean Delannoy, + dialogue) – Les baratineurs (Francis Rigaud) – La bourse et la vie (Jean-Pierre Mocky) – Les malabars sont au parfum (Guy Lefranc) – 1967  Le grand bidule (Raoul André, + musique) – Ces messieurs de la famille (Raoul André, + musique) – 1968  Salut Berthe (Guy Lefranc) – 1969  Le bourgeois gentil mec (Raoul André, + musique) – Poussez-pas grand-père dans les cactus (Jean-Claude Dagye) – Ces messieurs de la gâchette (Raoul André, + musique) – 1972  Elle cause plus, elle flingue (Michel Audiard) – 1973  Touche pas la femme blanche (Marco Ferreri) – Ah ! Si mon moine voulait… / L’héptaméron (Claude Pierson) – La gueule de l’emploi (Jacques Rouland) – 1974  Y’a un os dans la moulinette (Raoul André) – C’est jeune et ça sait tout (Claude Mulot) – Trop, c’est trop (Didier Kaminka) – 1976  Le jour de gloire (Jacques Besnard, + musique) – 1977  Arrête ton char, bidasse (Michel Gérard, + musique) – 1978  Général, nous voilà ! (Jacques Besnard) – 1979  Les borsalini (Michel Nerval) – 1980 Voulez-vous un bébé Nobel ? (Robert Pouret) – Les surdoués de la première compagnie (Michel Gérard) – 1981  Le bahut va craquer (Michel Nerval) – T’es folle ou quoi ? (Michel Gérard) – 1982  Pour cent briques , t’as plus rien (Édouard Molinaro) – On s’en fout, nous on s’aime (Michel Gérard) – Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ (Jean Yanne) – Qu’est-ce qui fait craquer les filles ? (Michel Vocoret) – Ça va pas être triste (Pierre Sisser) – Mon curé chez les Thaïlandaises (Robert Thomas) – 1984  Le téléphone sonne toujours deux fois (Jean-Pierre Vergne) – Liberté, égalité, choucroute (Jean Yanne) – 1985  Suivez mon regard (Jean Curtelin) – 1987  Les saisons du plaisir (Jean-Pierre Mocky) – 1988  Une nuit à l’Assemblée nationale (Jean-Pierre Mocky) – 1991 Ville à vendre (Jean-Pierre Mocky) – 1994 Les misérables (Claude Lelouch) –  1995 Ma femme me quitte (Didier Kaminka) – 1997  Droit dans le mur (Pierre Richard) – 1998  Augustin, roi du kung-fu (Anne Fontaine) – 2000  Scénarios sur la drogue [Sketch : « La purée »] (Sébastien Dhrey & Simon Lelouch, CM, + diffusion TV) – 2001  Ah ! Si j’étais riche (Michel Munz & Gérard Bitton) – Les marins perdus (Claire Devers) – Le nouveau Jean-Claude (Didier Tronchet) – 2003  Le cou de la girafe (Safy Nebbou) – Pas sur la bouche (Alain Resnais) – 2004  Jessie (Henri Garcin, CM) – Les Dalton (Philippe Haïm) – 2005  La vie privée (Zina Modiano & Mehdi Ben Attia) – L’homme qui rêvait d’un enfant (Delphine Gleize). Musique seulement : 1947  Le duel au pistolet (Jean Bardou, CM) – Le concierge (Jean Girault). Télévision (notamment) : 1955 Christophe C (Jean-Paul Carrère) – 1956  Les gaietés de l’escadron (Pierre Badel) – 1967  Au théâtre ce soir : Docteur Glass (Pierre Sabbgh) – 1971  Au théâtre ce soir : Cash-Cash (Pierre Sabbagh) –  1980  Chouette, chat, chien… show (Pierre Samyn, variétés) –   1983  Cinéma 16 : Microbidon (André Halimi) – Liebe läßt alle Blumen blühen (L’attrapeur) (Marco Serafini) – 1984  Bal de nuit – 1988  Palace (Jean-Michel Ribes, rôle coupé au montage de la version DVD) – 1989  Deux hommes dans une valise (Philippe Ducrest, captation) – Vingt p’tites tours : Champion de billard (+ réalisation, CM) – 1990  Le triplé gagnant : Assassin, s’il vous plaît ? (Bernard Villiot) – 1991  Le gorille : Le gorille et le barbu (Jean-Claude Sussfeld) – 1992  La mémoire (André Delacroix) – 1997  Marceeel (Agnès Delarive) – 2000 La surprise (Jean-Philippe Viaud) – 2001  Jalousie (Marco Pauly) – Les P’tits Gars Ladouceur (Luc Béraud) – 2002  Double flair (Denis Malleval) – 2003  Rien ne va plus (Michel Sibra) – 2004  Bien agités ! (Patrick Chesnais).

Mise à jour du 18/02/2010

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Thierry Fortineau

  

Annonce de la mort prématurée de Thierry Fortineau, des suites d’un cancer. Ce comédien à la carrière théâtre exemplaire, voir les articles suivants, a eu quelques beaux rôles au cinéma, du gendre trop idéal pour être honnête de Michel Serrault dans « Bonjour l’angoisse » (Pierre Tchernia, 1987) au grand bourgeois, brillant dans les soirées mondaines où le cynisme triomphe dans « Gabrielle » (Patrice Chéreau, 2004). François Dupeyron lui a donné un de ses meilleurs rôles dans le très beau « Un cœur qui bat » (1990), film à redécouvrir, où il est un brocanteur qui tombe amoureux d’une femme mariée – Dominique Faysse -, où il se montre sensible et attachant. Il était un des principaux protagonistes du mésestimé « Le brasier » (1990), où il montrait une solidité face au travail harassant de la mine et de « L’homme de sa vie » (1991), en libraire au chômage et misanthrope qui retrouve l’amour avec Maria de Medeiros. On se souvient du prisonnier évadé grâce à la détermination de sa femme – jouée par Béatrice Dalle – de « La fille de l’air » (Maroun Bagdadi, 1992), histoire véritable de Michel Vaujour. Il arrivait à tirer toujours son épingle du jeu, même dans des films assez académiques comme « Comédie d’été » (Daniel Vigne, 1988), ou « L’homme de ma vie » (Jean-Charles Tacchella, 1991). Il se faisait rare sur les écrans ces derniers temps pour se consacré au théâtre, mais il avait été un Maurice Papon très probant dans « Nuit noire, 17 octobre 1961 » (Alain Tasma, 2004), à la base un téléfilm sur Canal + mais qui a connu une sortie en salles. Il laisse le souvenir d’un acteur remarquable et discret.

Thierry Fortineau à la cérémonie des Molières en 2003 (Sipa)

Filmographie : 1987  Bonjour l’angoisse (Pierre Tchernia) – Doux amer (Franck Apprederis) – 1988  Vent de galerne 1783 (Bernard Favre) – Un tour de manège (Pierre Pradinas) – Comédie d’été (Daniel Vigne) – 1989  Rendez-vous au tas de sable (Didier Grousset) – Le brasier (Éric Barbier) – 1990  Un cœur qui bat (François Dupeyron) – 1991  Le trou de la corneille (François Hanss, CM) – L’homme de ma vie (Jean-Charles Tacchella) – 1992  La fille de l’air (Maroun Bagdadi) – 1993  Photo (Ivan Maussion, CM) – 2004  Nuit noire, 17 octobre 1961 (Alain Tasma, téléfilm distribué en salles) – Gabrielle (Patrice Chéreau). Télévision (notamment) : 1976  Les mystères de Loudun (Gérard Vergez) –  1981  Mon meilleur Noël : Rien qu’une petite fille (Jean-Pierre Marchand) – 1982  Malesherbes, avocat du roi (Yves-André Hubert) – 1986  Cinéma 16 : Le cadeau de Sébastien (Franck Apprederis) – 1988  L’argent (Jacques Rouffio, série TV) – Haute tension : Histoires d’ombres (Denys Granier-Deferre) – 1989  Femmes de papier (Suzanne Schiffman) – Condorcet (Michel Soutter, série TV) – 1990  L’ami Giono : Ennemonde (Claude Santelli) – Cinéma 16 : Un destin cannibale (Roger Guillot) -1992  Fenêtre sur femme (Don Kent) – 1993  Jules Ferry (Jacques Rouffio) – La porte du ciel (Denys Granier-Deferre) – 1994  La grande collection : Le feu follet (Gérard Vergez) – 1996  Les amants de la rivière rouge (Yves Boisset) – 1997  Frères et flics (Bruno Gantillon, série TV) – 1998  Le prince des imposteurs (Jean-Pierre Prévost) – Un hiver dans la tourmente (Bernard Favre) – 2000  Entre l’arbre et l’écorce (Bruno Gantillon) –  2001  L’instit : Carnet de voyage : Madagascar (Jérôme Laperrousaz) – 2002  Tous les chagrins se ressemblent (Luc Béraud) – 2004  Maigret : Maigret et la demoiselle de compagnie (Franck Apprederis).

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Walerian Borowicz

 Annonce de la mort du cinéaste polonais Walerian Borowczyk, décédé vendredi de suites de complications cardiaques. Relégué assez longtemps dans la catégorie érotisme chic à l’instar d’un Just Jaeckin – voir article joint – . Mais on a réévalué son talent ces dernières années de cet ancien dessinateur d’affiches, qui étudia aux beaux-arts, et dont la découverte de plusieurs de ses courts-métrages d’animation très inventifs  dans deux DVD édités sur ARTE et réunissant 4 de ses longs-métrages « Goto, l’île d’amour » (1969), un petit chef d’œuvre qui fera objet d’une prochaine note ici même, « Contes immoraux », avec un Fabrice Luchini débutant et déluré, film à sketches dont l’épisode sur « Lucrèce Borgia » fut censuré à la télévision lors de sa diffusion, et « La bête » curieux film zoophile avec la belle Silke Hummel. On retiendra également « La marge » (1975), curieux film amalgamant l’atmosphère des années 70, avec celle des années 30, avec deux icônes Sylvia Kristel et Joe Dallesandro.  Rendons justice à ce metteur en scène qui a donné ses lettres de noblesse à l’érotisme à l’écran, même quand il répondait à la commande de Pierre Grimblat, pour la série TV « Série rose ». Voir le dossier élaboré sur le site ARTE.

Les contes immoraux

ARTICLES CINÉMA 80 – Cinéaste d’animation volontiers agressif et recherchant une réjouissante épure de la laideur (M. et Mme Kabal), Borowczyk réalise en 68 un chef d’œuvre d’acidité où sexe et politique dotaient la fable d’un poids inattendu de réalisme (Goto). Blanche était déjà plus facile et Histoire d’un péché, quoique réalisé en Pologne, assez accrocher ; mais c’est avec Contes immoraux que Borowczyk devint le chantre du porno de luxe. Soignant ses scénarios et entrelardant subtilement une mise en scène extrêmement raffinée de quelques irruptions bien dosées d’un mauvais goût outrancier, Borowczyk séduit aujourd’hui au lieu d’irriter, flatte au lieu de prendre à rebrousse poil et récupère par l’athéisme, des situations sado-masochistes qui constituent le menu quotidien des salles classées X. Désormais complaisant et fourgueur d’alibis culturels à un public honteux incapable d’assumer la réalité de ses fantasmes sexuels, Boorowczyk se permet même de bâcler parfois la réalisation (Intérieur d’un couvent) et d’assassiner par incompétence les mythes les plus solides du panthéon érotique (Lulu, la même année où ressortait le « Loulou » de Pabst). René Prédal Cinéma 80 (Octobre 1980).

LE MONDE – Walerian Borowczyk, cinéaste par Jean-Luc Douin – Article paru dans l’édition du 09.02.06 

Le cinéaste Walerian Borowczyk est mort vendredi 3 février, à l’âge de 82 ans, de complications cardiaques, dans un hôpital de la région parisienne proche du Vésinet (Yvelines) où il résidait. Né le 2 septembre 1923 à Kwilicz, en Pologne, Walerian Borowczyk avait été d’abord un artiste polyvalent, graphiste, peintre, écrivain, avant de devenir le cinéaste de l’érotisme. André Breton le disait doué d’une « imagination fulgurante ».

Grand Prix national du graphisme en 1953 pour ses affiches de cinéma, Borowczyk se lance dans le court-métrage en 1946 et est très vite bouleversé le cinéma d’animation en y introduisant un humour noir, des gags surréalistes et une technique nouvelle fondée sur les découpages. Il a une vision de démiurge et impose un univers aussi tapageur (tant du point de vue pictural que de celui de l’absurde) que celui de Ionesco ou de Beckett.

Il travaille un temps avec Chris Marker (Les Astronautes) et Jan Lenica, autre grand graphiste et affichiste polonais, mais ce qui distingue Borowczyk est une hantise des objets et des formes, comme ces convulsions d’une chevelure-pieuvre surgie de chez Lautréamont dans Dom. C’est un sabbat d’objets de grenier dans Renaissance, un terrifiant camp de démontage d’automates par des séraphins invisibles dans Les Jeux des anges.

Le premier long-métrage de Walerian Borowczyk, Le Théâtre de M. et Mme Kabal (1963), impose un couple (un homme rêveur amoureux des papillons, flanqué d’une matrone au profil de vautour) et un monde kafkaïen. En 1968, Borowczyk quitte le cinéma d’animation et obtient le prix Georges-Sadoul pour Goto, l’île d’amour, qu’il définit comme « un film d’amour sur l’amour du pouvoir ». Il s’agit de l’histoire d’un despote où le goût des objets fétiches, du masochisme, et la figure du père rappellent l’oeuvre de Bruno Schulz.

Blanche (1972) renoue avec le même thème que Goto : une jeune femme captive d’un vieux seigneur (Michel Simon). Nous sommes dans un Moyen Age courtois, aux décors inspirés de Giotto et Jérôme Bosch, à l’atmosphère tiraillée entre dictature et désir physique.

Les Contes immoraux (1974) font de Borowczyk un cinéaste érotique. Il est foudroyé par la censure, puis partiellement libéré (interdiction aux moins de 16 ans). Il s’agit d’un film composé de quatre sketches, le premier adapté d’André Pieyre de Mandiargues, le deuxième évoquant le plaisir solitaire d’une jeune fille vouée à la prière, le troisième retraçant les perversions saphiques et sanguinaires de la comtesse hongroise Erzebet Bathory, et le dernier contant les amours incestueux du pape et de son fils César Borgia avec leur fille et soeur Lucrèce.

Après être retourné en Pologne tourner Histoire d’un péché, qui confirme son goût des atmosphères suffocantes et ses indéniables dons plasticiens, Walerian Borowczyk revient en France signer La Bête (1975), puis La Marge (1976), Intérieur d’un couvent (1978), Les Héroïnes du mal (1979), Lulu (1980) d’après Wedekind, L’Art d’aimer (1983) d’après Ovide, et Emmanuelle 5 (1987) : variations plus ou moins audacieuses, plus ou moins raffinées, et inégalement réussies, sur les tourments de la chair, en référence à Sade, Baudelaire, Bataille, Mandiargues.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Chris Penn

 

« Lui on l’aimait vraiment », commence l’article de Philippe Garnier dans « Libération » – dont on ne saurait trop recommander son livre « Caractères : moindres lumière à Hollywood -. Mort ce 24 janvier, du frère cadet de Sean Penn. De bons copains aux « bad guy », on s’était vraiment attaché à ce comédien dont la silhouette ne cessait de s’épaissir. Deux rôles marquants viennent immédiatement à la mémoire, le père de famille assassin dans « Short Cuts » et le frère de Sean Penn, justement, un père simple d’esprit, dans le très fin « comme un chien enragé » de James Fowley qui rencontrent leur père tardivement, joué avec brio par Christopher Walken. Son rôle de Nice Guy Eddie dans « Reservoir dogs » de Quentin Tarantino, où il réussissait à apporter une humanité et de l’humour à son personnage, lui donne la reconnaissance du grand public. Abel Ferrara lui confit le rôle du frère de Christopher Walken, dans « Nos funérailles » qui lui vaut un prix d’interprétation au festival de Venise. Ces derniers films sont moins glorieux, il était peut-être resté dans l’ombre de son prestigieux frère.  Feu l’excellent site « secondscouteaux.com », lui avait consacré un portrait. Bibliographie : « Quinlan’s character stars » par David Quinlan (Reynolds & Hearn Ltd, 2004).

Filmographie : 1979  Charlie and the talking Buzzard) (Christopher Cain) – 1982  Frances (Id) (Graeme Clifford, figuration) – 1983  Rumble fish (Rusty James) (Francis Ford Coppola) – Footloose (Id) (Herbert Ross) – All the right moves (Vidéo : “L’esprit d’équipe) (Michael Chapman) – 1984  The wild life (video : “Attention, délires”) (Art Linson) –1985  Pale Rider (Id) (Clint Eastwood) – At close range (Comme un chien enrage) (James Foley) – 1988  Made in U.S.A. (Ken Friedman) – Return of the River Kwai (Retour de la rivière Kwai) (Andrew V. McLaglen) –  1989  Best of the best (Robert Radler ) – 1991  Future kick (Damian Klaus) – Mobsters / Mobsters : The Evil Empire (Les idomptés) (Michael Karbenikoff) – 1992  Leather jackets (Lee Drysdale) – Reservoir dogs (Id) (Quentin Tarantino) – 1993  Best of the best 2  (Robert Radler) – True romance (Tony Scott) – Josh and S.A.M. (Billy Weber) – Short cuts (Id) (Robert Altman) – Luck, trust & ketchup: Robert Altman in Carver Country (John Dorr & Mike E. Kaplan, documentaire) – The pickle (Paul Mazurski) – The music of chance (La musique du hazard) (Phillip Haas) – Beethoven’s 2nd (Beethoven 2) (Rod Daniel) – 1994  Imaginary crimes (Le point de rupture) (Anthony Drazan) – Fist of the North Star (Vidéo : « Ken le survivant ») (Tony Randel) – 1995  Under the Hula Moon (Jeff Celentano) – Scared cargo (Aleksandr Buravsky) – Mulholland Falls (Les hommes de l’ombre) (Lee Tamahori) –  To Wong Foo, thanks for everything, Julie Newmar (Extravagances) (Beeban Kidron) – 1996  The boys club (John Fawcett) – The funeral (Nos funérailles) (Abel Ferrara) – Cannes Man (Richard Martini) – Liar (Le suspect idéal) (Jonas Pate & Josh Pate) – Papertrail (Damian Lee) – 1998  Family attraction (Brian Hecker, CM) – One tough cop (Bruno Barreto) – Flagpole special (Paul Thomas Anderson, CM vidéo) – Rush hour (Brett Ratner) – The florentine (Nick Stagliano) – 1999  Bread and roses (Ken Loach, cameo) – Cement (Adrian Pasdar) – 2000 Kiss kiss (bang bang) (Id) (Stewart Sugg) – 2001  American Pie 2 (James B. Rogers, rôle coupé au montage final) – Corky Romano (Rob Pritts) – Murder by numbers (Calculs meurtriers) (Barbet Schroeder) – 2002  Stealing Harvard (TV : « Harvard à tout prix ») (Bruce McCulloch) – Masked and anonymous (Larry Charles) – Redemption (Vidéo : Un flic en enfer) (Art Camacho) – 2003   Shelter Island (Geoffrey Schaaf) – After the sunset (Coup d’éclat) (Brett Ratner) – Pauly Shore is dead (Pauly Shore) – 2004  Starsky & Hutch (Todd Phillips) –  2005  Juarez : Stage of fear (César Alejandro, vidéo) – The Darwin awards (Finn Taylor) – Holly (Guy Moshe) – King of sorrow (Damian Lee).

MORT D’ANTHONY FRANCIOSA

 

Anthony Franciosa dans « Ténèbres »

Annonce de la mort du comédien Anthony « Tony » Franciosa, mort jeudi 19 dernier à Los Angeles, d’une attaque, moins d’une semaine après la mort de son ancienne femme Shelley Winters (le second d’une série de 4 de 1957 à 1960). Il avait débuté à Broadway en 1953 et avait travaillé plusieurs années dans le théâtre « off », avant d’être engagé par Elia Kazan dans « A face in the crowd – Un homme dans la foule » (1957). Il obtient la célébrité chez nous dans la série « Matt Helm » (1975-1976). Il avait participé à plusieurs films italiens dont « Sénilità – Quand la chair succombe » (1961), mélo de Mauro Bolognini, face à Claudia Cardinale et « Tenebrae – Ténèbres » (1982) de Dario Argento, une grande réussite du genre, où il campait un écrivain à la « Stephen King » dont l’oeuvre inspirait un mystérieux tueur. On l’avait revu après plusieurs années d’absence au cinéma dans « City Hall » (1996), aux côtés d’Al Pacino, dans un rôle mineur, hélas. On garde le souvenir d’un comédien sympathique, toujours souriant.

ARTICLE  par Bob Thomas LOS ANGELES (AP)

L’acteur américain Anthony Franciosa, que le public avait notamment pu voir dans des films d’Elia Kazan et George Cukor dans les années 1950, est décédé à Los Angeles des suites d’une attaque, a annoncé vendredi son agent. Il avait 77 ans. Né Anthony Papaleo en octobre 1928 à New York, Anthony Franciosa est mort jeudi au centre médical de UCLA, entouré de sa femme Rita et d’autres proches, a précisé Dick Guttman. L’acteur, dont l’interprétation puissante de personnages compliqués et agités fit de lui une star de Hollywood dans les années 1950 et 60 mais dont le comportement sur les plateaux de tournage gêna sa carrière, appartenait à une nouvelle vague de comédiens qui révolutionna le métier au milieu du XXe siècle, avec une approche introspective et intensément réaliste des rôles. La plupart de ces acteurs passèrent par le prestigieux Actors Studio de New York. Parmi eux, on comptait Marlon Brando, James Dean, Rod Steiger, Shelley Winters et Paul Newman. Franciosa fut marié à Shelley Winters, décédée le week-end dernier. A partir de son premier rôle important dans «Une poignée de neige» de Fred Zinnemann en 1957 -film dans lequel il jouait le frère d’un drogué-, Franciosa fut connu pour son interprétation de jeunes gens compliqués. Cette année-là, il apparut dans trois autres films, «Un homme dans la foule» d’Elia Kazan, «Cette nuit ou jamais» de Robert Wise et «Car sauvage est le vent» de George Cukor. La carrière de Franciosa se poursuivit avec des films tels que »Les feux de l’été», «La Maja nue», «Du sang en première page», »L’école des jeunes mariés», «Rio Conchos» et «The Pleasure Seekers» avec Gene Tierney. Mais le comportement de l’acteur sur les tournages devint un sujet de commérages à Hollywood. Circulèrent des histoires de conflits avec des réalisateurs, d’explosions avec d’autres acteurs. »Je suis parti à Hollywood au milieu des années 1950. Et je dirais que j’y suis allé un peu trop tôt», confiait Anthony Franciosa dans un entretien en 1996, ajoutant qu’il n’était pas assez mûr sur le plan psychologique et émotionnel pour faire face à toute cette attention. L’attitude quelque peu orageuse de l’acteur se manifesta aussi en dehors des plateaux de cinéma. En 1957, il fut incarcéré pendant dix jours dans la prison du comté de Los Angeles pour avoir frappé un photographe de presse. Du fait de sa réputation, les propositions à Hollywood se firent moins nombreuses et il se tourna vers des films européens et la télévision. Parmi ses derniers films, on peut citer «Ténèbres» de Dario Argento et «Un justicier dans la ville 2» de Michael Winner en 1982. Outre Shelley Winters, Anthony Franciosa fut marié à Beatrice Bakalyar et Judy Kanter, avec qui il a eu une fille, Nina. Il convola en dernières noces avec Rita Thiel, un mannequin allemand. Le couple a eu deux fils, Christopher et Marco. AP cr/v