Ce film, petit cousin du « Faussaire » de Volker Schlöndorff (1981), étonne au départ par son réalisme – on retrouve donc la touche du chef opérateur de « Bloody sunday » : Ivan Strasburg » -, il y a d’ailleurs la caution morale de l’ancien journaliste Michael Lerner, devenu co-cinéaste avec Ludi Boeken, et la figuration intelligente de Patrick Chauvel, grand reporter bien connu. Le mélange documentaire, la reconstitution des années 80, est assez habile, le portrait d’un jeune loup assez falot – assez fade Stephen Moyer -, prêt à tout pour un scoop dans le Liban en guerre. Cet arriviste qui méconnaît totalement Beyrouth, est assez plausible, et l’on suit la situation de guerre à travers ses yeux. Hélas, une histoire d’amour convenue et quelques clichés, enlève à la rigueur de l’ensemble. A vouloir trop concilier, toutes sortes de public, la cible visée s’égare – j’étais dans une salle où nus étions 5 personnes, pour terminer à 2 ! » -. La prise de conscience du personnage principal, fait presque penser à un happy-ending facile.
Le romantisme convenu ne saurait pourtant trop nuire à l’ensemble, de plus Anne Parillaud, rend superbement les ambiguïtés de son métier de photographe et de son addiction à l’adrénaline, le film lui doit beaucoup. Au final, c’est un film rendant la difficulté de rendre compte d’une guerre, de ses manipulations, certains journalistes ne voyant la situation qu’à travers une bulle – On retrouvait ce schéma dans le superbe film de Peter Weir « L’année de tous les dangers » -. La vision des Libanais – Le chauffeur, le journaliste manipulateur, sorte de Sydney Greenstreet – me semble également digne d’intérêt. Il est dommage que le film bascule dans les clichés, mais il reste à voir, pour la réflexion qu’il soulève et l’approche assez frontale du métier de journaliste et de son rapport avec la notion de danger. L’impression reste un peu mitigée au final, hélas.