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Françoise Fleury par Yvan Foucart

Photo : source « Agencesartistiques.com »

DÉCÈS DE FRANCOISE FLEURY annoncé par Yvan Foucart

Sa disparition passa inaperçue. C’est bien souvent le cas pour les comédiennes à la carrière discrète et il est vrai que le cinéma s’est peu intéressée à elle puisque l’essentiel de ses présences fut pour le théâtre, la télévision… et la post-synchronisation.

Au théâtre, soulignons : Folle Amanda de Barillet et Grédy avec Jacqueline Maillan et Daniel Ceccaldi (reprise pour « Au théâtre, ce soir » qui diffusait sur les chaînes de l’ORTF puis sur TF1 et Antenne2), Je veux voir Mioussov de Valentin Kataiev avec Jean Lefebvre (idem),  Le tournant de Françoise Dorin avec Jean Piat, Un fil à la patte de Feydeau avec Darry Cowl et Martin Lamotte, Les monstres sacrés de Cocteau avec Michèle Morgan et Jean Marais, etc.

Quant au doublage, ce fut très souvent pour des rôles secondaires : La croisière s’amuse où elle assuma la voix française de Claire Trevor et de Jean Stapleton; Falcon Crest; New York unité spéciale; Charmed; La petite maison dans la prairie; Madame est servie, et même pour des dessins animés telle la version japonaise des Aventures de Huckleberry Finn, etc.

Sa dernière apparition fut en 2000 pour M6, une fiction télévisée aux côtés de François Berléand.  Elle succomba à un cancer et repose dans un cimetière de la banlieue-est de Paris.

Photo BDFF 

Filmographie : 1939  Ma tante dictateur (René Pujol) – 1959 La millième fenêtre (Robert Menegoz) – 1972  Les caïds (Robert Enrico) – 1974  La rivale (Sergio Gobbi) – 1983  Signes extérieurs de richesse (Jacques Monnet) Until september / French lover (Richard Marquand).

Télévision (notamment) : 1962  Le théâtre de la jeunesse : Olivier Twist (Robert Guez) – À la monnaie du pape (Philippe Ducrest) –  1967  L’homme aux cheveux gris (Max Leclerc) – 1972  De sang froid (Abder Isker)   1975  Une Suédoise à Paris (Patrick Saglio) – 1976  Le comédien (Jeannette Hubert) –  1978  La filière (Guy-André Lefranc) – 1979  Désiré Lafarge : Désiré Lafarge suit le mouvement (Guy-André Lefranc)   1980  L’enterrement de Monsieur Bouvet  (Guy-André Lefranc) –  Le vol d’Icare (Daniel Ceccaldi)    Je veux voir Mioussov  (Philippe Ducrest)    1985  Le canon paisible (Stéphane Bertin) –  1980-1989 plusieurs épisodes de Julien Fontanes, magistrat   Les cinq dernières minutes : Les chérubins ne sont pas des anges (Jean-Pierre Desagnat)    1992  Un fil à la patte (Marion Sarraut)    2000  Ces forces obscures qui nous gouvernent (Olivier Doran). Ainsi que plusieurs participations pour « Au théâtre, ce soir », réalisées par Pierre Sabbagh : 1966  A la monnaie du Pape   1968  Je veux voir Mioussov    1969  Many    1971  Cash cash    Fric-frac    1973  La poulette aux œufs d’or    1974  La mare aux canards    Folle Amanda    1976  Seul le poisson rouge est au courant    1977  Monsieur Chasse    L’avocat du diable    Le faiseur    1978  Le locataire du troisième sur la cour    1979  Good bye Charlie    1980  Décibel    1981  Une sacrée famille    Monsieur Vernet.

 

@   Yvan Foucart    (Dictionnaire des comédiens français disparus)

KETTY KERVIEL PAR YVAN FOUCART

Bonne année 2010, et souhaitons nous dans l’élan une décade forcément prodigieuse. Yvan foucart nous annonce le décès de la comédienne Ketty Kerviel.

DECES DE KETTY KERVIEL annoncé par Yvan Foucart

Ketty KERVIEL, veuve du réalisateur Jacques DANIEL-NORMAN s’est éteinte en novembre dernier à l’Hôpital de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Son actif cinématographique se limite à huit films dont six sous la direction de son mari qui la fit débuter dans « Les trois cousines », une comédie aujourd’hui bien oubliée. « Son dernier Noël » en 1952 aux côtés de Tino ROSSI et de Claude MAY fut sa dernière prestation, un générique bien endeuillé car, seule, la « petite » MARIE-FRANCE (67 ans le mois prochain) est encore parmi nous… quelque part en province.

Ketty KERVIEL se retira du cinéma et se contenta de suivre la carrière de son mari.

Filmographie : 1939  Yamilé sous les cèdres (Charles d’Espinay) – 1945 La grande meute (Jean de Limur) – 1946  Les trois cousines (Jacques Daniel-Norman) – 1947  Le diamant de cent sous (Jacques Daniel-Norman) –  1948  Si ça peut vous faire plaisir (Jacques Daniel-Norman)    L’ange rouge (Jacques Daniel-Norman) – Dakota 308 (Jacques Daniel Norman) –  1952 Son dernier Noël (Jacques Daniel-Norman).

@   Yvan Foucart (Dictionnaire des comédiens français disparus)

Danielle Godet par Yvan Foucart

 

Danielle Godet dans « Un couple » (Jean-Pierre Mocky, 1960)

 

 

Yvan Foucart après son portrait de Maurice Régamey, nous fait l’amitié une nouvelle fois  de rendre hommage suite au décès de la comédienne Danielle Godet. 

 

Danielle  GODET : Un chemin parsemé de roses et d’épines

 

Parisienne, Danielle naît le 30 janvier 1927 non loin de la place de la Nation, fille d’un papa industriel et d’une maman au foyer, pianiste douée et fervente des musiques de Ravel et de Debussy en particulier, lesquelles berceront  toute la douce enfance de Danielle, encore Dany.

Encouragée par sa maman, Danielle lorgnant davantage vers la scène de l’Opéra, se retrouve néanmoins, suivant le vœu et l’insistance maternelle, devant un clavier de piano et suit les cours privés d’un professeur à domicile. Elle brille honorablement au Concours Léopold Belland à la salle Gaveau et sort avec un premier prix, il est vrai de satisfaction.

La guerre éclate, le père étant mobilisé, s’empresse de mettre toute sa petite famille agrandie d’un petit frère pour Danielle, à l’abri dans la zone libre.

Démobilisé, le père revenu à Paris, Danielle entre en sixième au Lycée Hélène Boucher du Cours Vincennes à Paris.

A 14 ans, n’ayant pas renoncé aux entrechats et aux fouettés, elle entre dans un cours de danse classique ayant comme compagnes et voisines de barre, Brigitte Auber et Christiane Minnazolli.

Plus tard, une amie l’entraîne aux cours d’art dramatique donnés par Jean Martinelli et Marie Ventura, deux éminents sociétaires de la Comédie Française.

Elle a seize ans, renonce à la danse, se concentre sur ses études de philo, obtient le bac de justesse et se rapproche dès l’année suivante du théâtre.  Elle fréquente les cours de René Simon où ses condisciples s’appellent Pierre Mondy, Robert Hossein, Geneviève Page et Marcelle Derrien.

Elle se trouve par ailleurs en compétition avec cette dernière pour le principal rôle féminin de l’hommage au cinématographe muet que rend René Clair avec Le silence est d’or. Finalement, c’est Marcelle Derrien qui obtient le rôle et le cinéaste lui offre un maigre rôle de consolation ainsi qu’une réplique à Maurice Chevalier dans l’un de ses meilleurs rôles dramatiques.  

L’année suivante s’annonce sous de meilleurs auspices car Alexandre Esway, réalisateur d’origine hongroise ayant commencé sa carrière en Angleterre avant de la poursuivre de l’autre côté du Channel, lui fait confiance et la dirige dans le rôle principal de L’idole auprès d’Yves Montand. Esway est satisfait, mais son film ne récolte qu’un succès très mitigé, ce qui incite Danielle à retourner chez René Simon afin d’y parfaire ses connaissances.

Henri-Georges Clouzot prépare Manon et Danielle est l’une des prétendantes avec Dany Robin et Cécile Aubry. C’est cette dernière qui hérite du rôle et des exactions bien connues de l’exigeant cinéaste.

A défaut, elle fait partie de la distribution de J’irai cracher sur vos tombes, le pamphlet polémiste de Boris Vian au Théâtre Verlaine. A ses côtés, entre autres : Daniel Ivernel, Christian Marquand, Véra Norman et Jacqueline Pierreux.

Remarquée par Alexandre Korda, celui-ci lui demande de rejoindre ses studios de  Londres pour The Elusive Pimpernel et y tenir le rôle d’une jeune aristocrate française sauvée de la guillotine auprès de David Niven et de Margaret Leighton. La presse anglaise apprécie son interprétation et lors de la « Royal Performance », tenue un peu plus tard comme c’est la tradition en présence de la reine et du prince consort, la surnomme « new Madeleine », allusion très flatteuse à l’actrice américaine très populaire sur l’île, Madeleine Carroll.

Elle gagne l’Italie pour Taxi de nuit qui marque sa rencontre avec Philippe Lemaire, le sémillant jeune premier de l’époque, qu’elle retrouve l’année suivante pour Nous irons à Monte-Carlo, la suite voulue par Jean Boyer et Ray Ventura eu égard à l’immense succès populaire que fut Nous irons à Paris.

Seulement voilà, les deux complices ne retrouvent pas la magie du précédent, et si le public regrette l’absence de Françoise Arnoul dans cette mouture, il fait néanmoins la connaissance d’une elfe bien craquante et jolie, mais dont il ne discerne pas encore l’aura qu’elle va immanquablement dégager sur le cinéma international. Cette gracieuse sylphide qui ravit Danielle n’est autre qu’Audrey Hepburn.

Danielle enchaîne avec Les trois mousquetaires version Hunebelle pour laquelle elle interprète la toute douce Constance Bonacieux auprès d’un autre séducteur, encore et toujours jeune premier,  Georges Marchal.

Suit une vingtaine de films, des comédies, bonnes et mauvaises : Ces sacrées vacances; C’est une fille de Paname (où elle retrouve Philippe Lemaire entre-temps marié et divorcé de Juliette Gréco); Arènes joyeuses avec Fernand Raynaud; des polars, bons et moins bons, parmi une belle brochette de truands de série B : Votre dévoué Blake, Rapt au deuxième bureau ou Y’en a marre (et il y a de quoi) du Belge Yvan Govar, etc.

Par contre, Les honneurs de la guerre un film antimilitariste de Jean Dewever, tourné sur les bords de l’Eure à défaut de la Venise verte près de Niort, lui laisse un très bon souvenir.

Et ce sera le dernier, car la suite n’est vraiment pas en adéquation avec son talent.

La fin des années 50 ne seront pas les meilleures. Insatisfaite de ses films et de ses amours, Danielle broie du noir et se réfugie dans la boisson.

Seule lueur réjouissante, Robert Lamoureux la fait teindre en brune avant de lui faire rejoindre son quatuor de « fringantes pouliches » (dixit Jean-Jacques Gautier) dans sa pièce La brune que voilà aux côtés d’Odette Laure, de Michèle Mercier et de Françoise Brion. La pièce est créée à Bruxelles,  récolte un très large succès reconduit au Théâtre des Variétés à Paris (1958).

Deux ans plus tard, il s’ensuit une version cinématographique que signe l’auteur pour laquelle seule Michèle Mercier retrouve son rôle. Danielle ayant été remplacée par Perrette Pradier.

Un tout dernier film, Joy, une co-production franco-canadienne à la recherche d’un succès comparable à celui d’Emmanuelle lui réserve le rôle de la maman de l’héroïne, Claudia Ury.

Seulement voilà, Serge Bergon alias Bergonzelli n’est pas Just Jaeckin et Claudia, toute ravissante qu’elle soit, n’est qu’une pâle copie de Sylvia Kristel qui, elle-même, n’est qu’une pâle copie de… ?

Le rideau se ferme sur cette réalisation déprimante et pataude et une présence inconsistante chronométrée à deux minutes et vingt secondes. Pour Danielle, ce n’est évidemment pas la meilleure sortie. Quoi qu’il en soit, sa carrière est définitivement close.

Une fin injustement imméritée. A 56 ans, meurtrie par les blessures et les dépressions, le beau diamant a perdu de son éclat.

Loin des paillettes du show-biz, du miroir aux alouettes, elle s’enfonce, repliée et recluse, dans la déprime et l’oubli quasi total.

On n’entendra plus jamais parler d’elle, même pas de sa façon la plus discrète de nous quitter en Ile-de-France, victime de sa longue maladie.

Heureusement, il nous reste le souvenir romanesque de la douce Constance telle que nous l’avait imaginée Alexandre Dumas père…

 

@   Yvan Foucart (Dictionnaire des comédiens français disparus) + source, entre autres « Si tu n’es pas gentille tu ne feras pas de cinéma » (Ed. France-Empire, 1981)

 

 

Danielle GODET et de Jean RAYMOND lors de la version théâtrale de « Les hommes préfèrent les blondes » au Théâtre des Arts à Paris

 

Filmographie : 1942  L’homme sans nom (Léon Mathot) – 1945 L’idiot (Georges Lampin) – 1946  Ploum ploum tra la la (Robert Hennion) – Le silence est d’or (René Clair) – 1947  L’idole  (Alexandre Esway) – 1948 Une femme par jour (Jean Boyer) – The Elusive Pimpernel / Le chevalier de Londres (Michael Powell et Emeric Pressburger) – 1949 La souricière (Henri Calef) – 1950  Taxi di notte / Taxi de nuit (Carmine Gallone) – Identité judiciaire (Hervé Bromberger) – 1951  Nous irons à Monte-Carlo (Jean Boyer) – Monte Carlo baby, version anglaise du précédent (Jean Boyer et Lester Fuller) – 1952  Quitte ou double (Robert Vernay) – 1953 Les trois mousquetaires (André Hunebelle) – Boum sur Paris (Maurice de Canonge) – L’aventurier de Séville (Ladislas Vajda) – 1954  Votre dévoué Blake (Jean Laviron) – Chéri-Bibi (Marcello Pagliero) – 1955  Ces sacrées vacances (Robert Vernay) – 1956 C’est une fille de Paname (Henry Lepage) – 1957 Cuatro en la frontera / De l’or dans la vallée (Antonio Santillán) – Le souffle du désir (Henry Lepage) – Paris clandestins ( Walter Kapps) – Arènes joyeuses (Maurice de Canonge) – 1958  Rapt au deuxième bureau ( Jean Stelli) – Nuits de Pigalle (Georges Jaffé) – Amour, autocar et boîtes de nuit (Walter Kapps) – 1959  Monsieur Suzuki (Robert Vernay) – Y’en a marre / Le gars d’Anvers (Yvan Govar) – La Reina del Tabarin / Mariquita, fille de Tabarin / Mariquita, la belle de Tabarin (Jesus Franco) – 1960 Un couple, de Jean-Pierre Mocky – Le capitaine Fracasse (Pierre Gaspard-Huit) – Les honneurs de la guerre (Jean Dewever) – 1961 Horace 62 (André Versini) – 1962 Autopsia de un criminal / Autopsie d’un criminel (Ricardo Blasco) – El innocente / 6 heures, quai 23 (José Maria Forn) – 1965  Kommisar X : Jagd auf Unbekannt / Le commissaire X traque les chiens verts (Frank Kramer) – Un bellissimo novembre / Ce merveilleux automne (Mauro Bolognini) – 1969  El enigma del ataúd  / Les orgies du Docteur Orloff (Santos Alcocer) – Los amantes de la isla del diablo / Les amants de l’île du diable / Quartier de femmes (Jesus Franco) 1977  Sale rêveur (Jean-Marie Périer) – 1983 Joy (Serge Bergon). Télévision (notamment) : 1955  Captain Gallant of the Foreign Legion :  The lady from Zagora (Jean Yarbrough) – 1969  Minouche (Maurice Fasquel & Rinaldo Bassi) – 1972  Les chemins de pierre (Joseph Drimal) – 1973  Du plomb dans la tête (Roger Dallier) – 1975  Un souper chez Lauzun (Georges Lacombe) – 1978  Les héritiers : Photos de famille (Juan Luis Buñuel) – 1980  Fantômas : Le mort qui tue (Juan Luis Buñuel) – 1982  De bien étranges affaires : Un homme ordinaire (Juan Luis Buñuel) – 1983  La route inconnue (Jean Dewever).

Maurice Régamey par Yvan Foucart

Nadine Tallier (future « baronne de Rothschild ») et Louis de Funès dans « Comme un cheveu sur la soupe »

Yvan Foucart auteur de l’indispensable « Dictionnaire des comédiens français disparus« , nous fait l’amitié de rendre hommage à Maurice Régamey, réalisateur connu pour avoir donné à Louis de Funès l’un de ses premiers rôles principaux avec « Comme un cheveu sur la soupe » – disponible chez René Chateau vidéo -, et c’est également l’une des rares fois où on le voit jouer du piano. Le 9 octobre prochain France 3 diffusera « Honorin de Marseille ». Peu avant son décès, aidé de son épouse, il s’était confié à Yvan à qui nous devons cette très complète évocation :

Maurice Régamey 

Décédé le 23 août 2009 dans la discrétion totale telle qu’il l’avait souhaitée, Maurice Régamey était né à Wolanka (Pologne) le 7 janvier 1924 où le papa avait été appelé pour travailler au réseau des chemins de fer.  Maurice n’en garda aucun souvenir puisqu’il arriva en France à l’âge de quatre ans.  Il effectua ses études primaires à Montreuil dans la région parisienne, puis entra dans une école de spécialisation en T.S.F.

 

Attiré par le théâtre, il fréquenta les cours d’art dramatique de Catherine Fonteney, sociétaire de la Comédie Française, ainsi que ceux de Tania Balachova où il côtoya Jean-Claude Pascal, son cadet de trois ans.  

 

A 19 ans, il se produisit en tournée avec Mon curé chez les riches de Clément Vautel et La puce à l’oreille de Georges Feydeau. Revenu à la capitale, on le remarqua dans Antigone de Jean Anouilh (Théâtre de l’Atelier, 1944); La patronne d’André Luguet (Théâtre des Nouveautés, 1947); Dix petits nègres d’Agatha Christie (Théâtre Antoine, 1947); Les mains sales de Jean-Paul Sartre (Théâtre Antoine, 1948); Un tramway nommé désir de Tennessee Williams (Théâtre de l’Athénée, 1949) dont il garda le plus merveilleux des souvenirs, celui d’une partenaire d’exception : Arletty; La femme en blanc de Marcel Achard (Théâtre des Galeries à Bruxelles), etc.

 

Il doit sa première apparition au cinéma à Georges Lacombe qui l’engagea pour un petit rôle dans Florence est folle, celui d’un maître d’hôtel en prise avec une bouteille de champagne trop chaude et récalcitrante !

 

Il s’ensuivit une filmographie de plus de trente titres en tant qu’interprète et de cinq longs métrages en tant que réalisateur.

 

Dans la première série, il se distingua dans l’évocation émouvante de la vie de Grock, le plus célèbre clown de la première moitié du XXème siècle (Au revoir Monsieur Grock,… se souvient-on encore des Sans blââgue ! et des Pourquouâ ?); en souteneur de Suzy Delair dans le Lady Paname de Henri Jeanson; mais aussi de l’ancien collégien devenu aveugle des Anciens de Saint-Loup; de l’énergique et séduisant inspecteur de police de Rue des saussaies; du tout aussi brillant agent secret de Duel à Dakar.

 

Son meilleur souvenir d’acteur ira cependant à Ils sont dans les vignes où, représentant de boisson non alcoolisée, il séduisait la fille du cafetier, laquelle n’était autre que Line Renaud.  Un aimable divertissement, sans plus, dans lequel il chantait (il est vrai avec la voix de Lucien Jeunesse) et dansait sur l’agréable musique de Loulou Gasté, lequel venait juste de convoler avec Line.

 

On le « vit » une dernière fois en 1956 dans Comme un cheveu sur la soupe dont il signait la  réalisation, mais sa participation était si modeste qu’elle ressemblait davantage à un clin d’œil.

 

Acteur, c’est bien, mais la technique semblait l’intéresser davantage aussi est-ce donc, tout naturellement, qu’il se retrouva derrière la caméra pour des courts métrages, bientôt suivis de plus longs.

 

Il se lança dans des tournages humoristiques, puis dans des séries inspirées par les programmes de la télévision américaine, ce qui donnèrent les fameux Rendez-vous avec Maurice Chevalier lesquels servirent d’argument pour y inviter des célébrités telles que Michèle Morgan, Brigitte Bardot ou Martine Carol.

 

Ayant dirigé Fernandel pour l’un de ses courts, il le retrouva pour sa première grande réalisation, Honoré de Marseille, où notre comique put se laisser aller à sa truculence, à ses galéjades et en poussant la chansonnette (ce qu’il n’avait plus fait depuis Simplet en 1942) et ce, tour à tour, en chef phocéen, en gouverneur, et en marseillais contemporain.

 

Avec Comme un cheveu sur la soupe il confia à Louis de Funès le soin de conduire une comédie burlesque fertile en gags, style tarte à la crème, cela en galante compagnie, puisqu’il fut  accompagné de la charmante Noëlle Adam, future Madame Reggiani et d’une piquante blonde Nadine Tallier… future baronne de Rothschild.  Ensuite, Cigarettes, whisky et p’tites pépées nous propulsèrent dans une institution de culture physique reconvertie en saloon animé par d’accortes hôtesses qu’entraînaient Annie Cordy et une piquante blonde vue précédemment… Nadine Tallier, bien sûr.

 

Citons aussi La salamandre d’or, un western historique, comme il se plaisait à le définir lui-même, en fait sur fond de bataille de Pavie, tourné en grande partie en Belgique, à Bruges et au château d’Oostkerke, ainsi qu’en Languedoc. Ce fut son ultime grand engagement cinématographique.  

 

En 1962/63, il réalisa Ciné-Parade pour le compte de Télé Luxembourg, des rencontres surtout prétextes à des interviews de vedettes. En 1966, son nom apparut encore une dernière fois au générique d’une fiction télévisée de treize fois 26mn, Trois étoiles, une co-production franco-anglaise, hommage à notre gastronomie dont il signa  le co-scénario et la mise en scène et à laquelle outre la Britannique Suzanna Leigh, participèrent de nombreux comédiens français dont Dalio, Dufilho et Raymond Bussières.

 

Ensuite, l’O.R.T.F. l’engagea pour réaliser les reportages de ses envoyés spéciaux, avant d’opérer un changement radical en remplissant les fonctions de directeur commercial chez Hachette-Belgique.

 

C’est à cette époque, en juin 1966 qu’il se marie avec Francine Wainer, une scripte et monteuse, avec laquelle il eut une fille, Lena Frédérique, née en 1967. 

 

De sa carrière cinématographique, il ne fut pas toujours épargné des critiques, en particulier ceux de la Nouvelle Vague, mais il put toujours compter sur d’indéfectibles amitiés comme celles de Joe van Cottom et de Jean Vietti, piliers du vrai « Ciné-Revue » (celui de la bonne époque), ainsi que celle de Rodolphe-Maurice Arlaud de « Combat ».

 

Depuis plus de quarante ans, retiré du show-business, son nom s’était forcément quelque peu dissous dans l’amnésie du temps.

 

  

 

©  Yvan Foucart.

FILMOGRAPHIE : 1944  Florence est folle (Georges Lacombe) – 1945  Les démons de l’aube (Yves Allégret) – L’idiot (Georges Lampin) – Le roi des resquilleurs (Jean Devaivre) – 1946  Antoine et Antoinette (Jacques Becker) – Miroir (Raymond Lamy) – 1947  Blanc comme neige (André Berthomieu) – Croisière pour l’inconnu (Pierre Montazel) – L’idole (Alexandre Esway) – 1948  Cartouche, roi de Paris (Guillaume Radot) – Les autos volages (c.m. Marcel Martin) – 1949  Au revoir, Monsieur Grock (Pierre Billon) – Je n’aime que toi (Pierre Montazel) – Le jugement de Dieu (Raymond Bernard) – Lady Paname (Henri Jeanson) – Maya (Raymond Bernard) – Pas de week-end pour notre amour (Pierre Montazel) – Rendez-vous avec la chance (Emile Edwin Reinert) – 1950  Les anciens de Saint-Loup (Georges Lampin) – Boîte de nuit (Alfred Rode) – Les mémoires de la vache Yolande (Ernest Neubach) – La rose rouge (Marcel Pagliero) – Rue des Saussaies (Ralph Habib) – Souvenirs perdus, sketch « La statuette d’Osiris » (Christian-Jaque) – Les mécanos de l’air (c.m. Marcel Martin) – 1951  Adhémar ou le jouet de la fatalité (Fernandel) – Duel à Dakar (Claude Orval et Georges Combret) – Et ta sœur (Henri Lepage) – Ils sont dans les vignes (Robert Vernay) – La plus belle fille du monde (Christian Stengel) – 1952  Au diable la vertu (Jean Laviron) – Le huitième art et la manière (c.m., réalisation) – 1953  Le village près du ciel / Sie fanden eine Heimat (Léopold Lindtberg)Numéro spécial, (c.m., réalisation) – Derrière le rideau (c.m., réalisation) – Dansez maintenant (c.m., réalisation) – Le rire, (c.m., réalisation) – 1954  L’art et la manière de rire (c.m., réalisation) – Plaisir des neiges (c.m., réalisation) – Sur toute la gamme (c.m., réalisation) – 1955  Les carnets du major Thompson (Preston Sturges) – Les indiscrètes (Raoul André) – 1956  Honoré de Marseille (réalisation) – L’art d’être papa (c.m., réalisation et scénario) – Le téléphone (c.m., réalisation) – 1957  Comme un cheveu sur la soupe (réalisation et co-scénario) – Rendez-vous avec Maurice Chevalier N° 1 (c.m., réalisation) – Rendez-vous avec Maurice Chevalier N° 2 (c.m., réalisation) – Rendez-vous avec Maurice Chevalier N° 3 (c.m., réalisation) – Rendez-vous avec Maurice Chevalier N° 4 (c.m., réalisation) – Rendez-vous avec Maurice Chevalier N° 5, sketch « Soirs de Paris » (c.m., réalisation) – Rendez-vous avec Maurice Chevalier N° 6, sketch « Une Américaine à Paris » (c.m., réalisation) – 1958  Cigarettes, whisky et p’tites pépées (réalisation et scénario) – 1959  A pleines main (réalisation et scénario) 1960  La brune que voilà (Robert Lamoureux, uniquement conseiller technique) – Ravissante (Robert Lamoureux, uniquement conseiller technique) – 1961  Les hommes veulent vivre (Léonide Moguy, uniquement conseiller technique) – 1962  La salamandre d’or (réalisation et scénario) – Indiscrétion (c.m. Georges Reich, uniquement assistant réalisateur) – 1964  Le petit monstre (Jean-Paul Sassy, uniquement scénario, inédit en salles).

Natalie Perey, muse rollienne

Armel de Lorme nous propose son troisième hommage après ceux de Nicole Régnault et  Marie-France : Nathalie Perrey, que les amateurs de Jean Rollin connaissent bien, avec son érudition habituelle. Son indispensable ouvrage « http://www.aide-memoire.org/ » coucourt au prix du Syndicat du Livre de Cinéma. C’est aussi lui qui nous apprend sa mort dans une grande discrétion le 25 mars 2012. A lire son entretien chez Medusa.

NATALIE PERREY PAR ARMEL DE LORME.

Depuis bientôt quarante ans et presque autant de films, le parcours professionnel de Natalie Perrey se confond pour l’essentiel avec celui de Jean Rollin, dont elle est la complice de prédilection plus encore que l’égérie. Tantôt première assistante, tantôt script-girl, tantôt monteuse, tantôt costumière, et parfois les quatre à la fois (1), parfaite incarnation au final du concept d’éminence grise mais préférant de très loin l’expression – moins connotée – de « travailleuse de l’ombre », elle reste paradoxalement, devançant d’une courte tête Brigitte Lahaie, la comédienne que le « cinéaste bis » par excellence a le plus fréquemment utilisée face à la caméra. Les apparitions se suivent et ne se ressemblent pas, qui vont du plan quasi subliminal (Fascination, 1979) aux grands seconds (Les Deux Orphelines vampires, 1995) et troisièmes (La Nuit des Traquées, 1979) rôles, de la silhouette furtive (La Rose de fer, 1972) à la composition de tout premier plan (Lèvres de sang, dont elle est, bien plus que la « tête d’affiche » Annie Brilland, future Annie Belle, la véritable vedette, 1974). Lorsque pour les besoins du scénario, le port de la voilette ou de la cornette dissimule son visage, on peut toujours la reconnaître au seul son de sa voix, à la fois douce et légèrement voilée, évoquant par instants celle de Suzanne Flon. La pureté de ses traits, la grande sérénité qui émanent d’elle la vouent d’emblée aux personnages rassurants, tour à tour gardienne du temple (La Vampire nue, 1969) et religieuse dévouée (Les Deux Orphelines vampires). De temps à autre, en bonne actrice de composition qu’elle est, elle met les mêmes caractéristiques physiques et vocales au service de créatures nettement plus redoutables, interprétées avec la même économie de moyens. Le calme se fait alors trompeur, la voix, chant des Sirènes, le malaise peut s’installer : dès sa première apparition dans Lèvres de sang, on devine les zones d’ombre derrière l’apparente gentillesse qu’elle ne cesse pourtant de manifester tout au long du film. Enfin, jusqu’au moment où, après avoir fait interner (pour son bien) le grand fils adoré qu’elle a élevé toute seule (forcément), elle se met à exhumer les cadavres des cimetières, qu’elle fait ensuite brûler sur de grands bûchers. Sans se départir un instant de son doux sourire. De tels dons pour la composition peuvent sembler inattendus de la part d’une actrice dont l’activité s’est à ce jour quasiment limitée à la série B et qu’en définitive, la profession connaît et reconnaît davantage comme technicienne que comme comédienne. C’est oublier (mais peu le savent) qu’après s’être initialement destinée à la danse, elle a fait ses classes, il y a près d’un demi-siècle, chez Raymond Girard, et que seule la limite d’âge l’a empêchée – de même que son exact contemporain Guy Delorme – de suivre ses petits camarades de cours (Belmondo, Marielle, Rochefort, Michel Beaune, Pierre Vernier, Françoise Fabian et Annie Girardot) sur les bancs du Conservatoire. Faute d’avoir pu suivre la voie royale, elle n’a cessé, depuis, de travailler au coup de cœur, une rencontre en amenant une autre et l’amitié faisant le reste. C’est R.J. Chauffard, ex-créateur de Huis clos (dans le rôle du garçon d’étage) et anar authentique, qui lui a présenté Mocky, Rollin et Lapoujade – l’auteur et metteur en scène de ce Sourire vertical aujourd’hui invisible qui reste, de son propre aveu, son plus beau titre de gloire cinématographique (« J’ai adoré, j’adore toujours tourner avec Jean, je suis ravie de récupérer au débotté le personnage de la Nuit des Horloges initialement prévu pour Bernadette Lafont (2), mais si je ne devais garder qu’un rôle parmi les quelques-uns qu’il m’ait été donné d’interpréter, ce serait celui de Mère Jeanne des Anges du Sourire… et pas un autre »). C’est par Rollin, pourtant, qu’elle fait la connaissance, plus tard, de Michel Patient (« il a fait débuter ma fille à l’écran ») (3) et de Pierre Unia… L’amitié toujours, qu’elle pratique avec autant d’intensité que d’autres font l’amour. Des moments privilégiés sans cesse renouvelés (« après le Lapoujade, il y a eu ce film avec Jean-Louis Jorge, Mélodrame, une parodie seventies de l’âge d’or hollywoodien, Maud Molyneux qui ne voulait que moi pour lui épiler les sourcils, la fête de fin de tournage dans l’atelier de mon compagnon d’alors, Jean-Noël Delamarre, et les « filles » du film, transgenre dans la plupart des cas et ravies d’être traitées en femmes à part entière… pour une fois – je te parle de ce qui était encore la France de Giscard… »). Prise en flagrant délit de passéisme, Natalie Perrey ? Voire… Dès que l’on creuse un peu, le film le plus important est toujours celui en cours (« Nous reprenons le Rollin fin novembre, le plan de travail est réduit de moitié, mais au moins, ça va se faire »), le projet le plus excitant encore à venir (« l’Afrique du Nord en décembre/janvier, une coproduction franco-marocaine sur la mort de Pasolini vécue du point de vue d’un de ses amants maghrébins qui a passé des années à attendre son retour, l’histoire est superbe »).  Si l’on se prend à regretter in fine que Doillon ne l’ait employée que le temps d’un court métrage (On ne se dit pas tout entre époux, 1970), que Mocky ne l’ait jamais utilisée autrement que comme script, que Lapoujade, après lui avoir confié son rôle de cinéma le plus important à ce jour, ait disparu avant d’avoir pu la refaire travailler, si on se plaît volontiers à imaginer le parti qu’auraient pu tirer de sa sensibilité, de son sens aigu de la nuance, de sa voix de fumeuse –plus troublante encore que celle de Jeanne Moreau – et de l’imperceptible poésie émanant de toute sa personne un Biette, un Guy Gilles, un Demy, il y a toujours un moment où l’on réalise qu’il n’est rien de plus vain que les regrets de cinéphiles. De regrets, Natalie Perrey n’en a pas : comme les sages du temps jadis, il a bien longtemps qu’elle a compris que seuls comptent l’instant présent et le futur proche. La fille de militaire de carrière qui transportait, à treize ans, des messages de la Résistance dans les anglaises de sa poupée… et dans les siennes (« c’était formidable, j’en paraissais dix, je pouvais faire passer tout et n’importe quoi au nez à la barbe des Allemands »), l’adolescente de province qui faisait la « quatrième au bridge » lors des visites hebdomadaires du général de Gaulle à ses parents, la passionaria des mythiques (et antigaullistes s’il en fût) États Généraux du Cinéma de 1968, la monteuse fidèle et acharnée qui travaillait de nuit à la mise en forme des premiers essais cinématographiques de F.J. Ossang (« Mon seul vrai bon élève durant l’année où j’ai enseigné le montage à l’IDHEC. Il faut absolument que quelqu’un se décide à ressortir des placards l’Affaire des Divisions Morituri et le Trésor des îles Chiennes, tu sais, c’est tellement rare, la véritable subversion au cinéma… ») ont fait place à une jeune vieille dame de 77 ans, aussi à l’aise dans ses cheveux gris que dans ses rides (« On s’en fout des marques de l’âge, moi, ma crème, ce sont mes familles de cœur et de travail, mes cinq enfants et mes neuf petits-enfants, les virées nocturnes dans Paris, à pied de préférence, les coups de rouge entre copains et les brunes sans filtre »). N’en déplaise aux bien-pensants de tout poil, c’est peut-être derrière ce credo a priori très politiquement incorrect (« aimer, boire, fumer… et, surtout, bosser tant qu’on est en état de pouvoir le faire ») que réside, in fine, le secret de son éternelle jeunesse… ADL

1.        Elle est alors souvent créditée sous le nom de Nathalie Perrey.

2.        Commencé en août/septembre 2004, La Nuit des Horloges se veut le testament cinématographique (rien n’empêchant de fait l’ajout de codicilles tardifs) de Jean Rollin , l’affiche mêlant habilement comédiens fétiches du cinéaste (Natalie Perrey, Jean-Loup Philippe), « revenants » (le cinéaste expérimental Maurice Lemaître, absent des écrans depuis La Vampire nue en 1969) et nouvelles venues (Ovidie, marilynmansonienne)… ou presque (Sabine Lenoël, beauté diaphane déjà repérée dans La Fiancée de Dracula et actrice impérativement à suivre).

3.        Natalie Perrey est la mère de la comédienne de théâtre (et de caractère) Cyrille Gaudin, révélée à la toute fin des années 80 lors de reprises sur les planches de deux pièces de Jean Cocteau respectivement mises en scène par Jean Marais (Bacchus, Théâtre des Bouffes-Parisiens) et Nicolas Briançon (Les Chevaliers de la Table Ronde, en tournée). Ayant depuis poursuivi ses activités scéniques sous la direction de Claude Régy (Le Criminel, Chutes) et Jean-Paul Lucet (Le Pain dur, Le Roi Pêcheur), elle s’est est en outre illustrée dans une poignée de longs métrages (Jeans Tonic, Michel Patient, 1983 ; La Fracture du myocarde, Jacques Fansten, 1990), avant d’interpréter, sous le nom de Cyrille Isté, le rôle-titre de La Fiancée de Dracula (Jean Rollin, 1999).

Photo © Jean-François Caudière

FILMOGRAPHIE (COMÉDIENNE SEULEMENT) : 1969 : La Débauche ou les Amours buissonnières (Jean-François Davy). La Vampire nue (Jean Rollin). 1970 : On ne se dit pas tout entre époux (Jacques Doillon, CM). 1971 : Le Seuil du vide (Jean-François Davy). Le Sourire vertical (Robert Lapoujade). 1972 : La Rose de fer (Jean Rollin). 1974 : Lèvres de sang (Jean Rollin). 1976 : Le Fou de mai (Philippe Defrance). 1979 : Fascination (Jean Rollin). La Nuit des Traquées (Jean Rollin). Le Piège à cons (Jean-Pierre Mocky). 1980 : Les Échappées/Fugues mineures/Les Paumées du petit matin (Jean Rollin). 1981 : Agathe et Martha (Reine Pirau/Pierre Unia). 1983 : Baby Cat (Pierre Unia). Jeans Tonic (Michel Patient). 1989 : Perdues dans New York/Lost in New York (Jean Rollin). 1995 : Les Deux Orphelines vampires (Jean Rollin). 1999 : La Fiancée de Dracula (Jean Rollin). 2003  : Retrouvailles (Reza Serkanian, CM). 2004 : Quelque Chose de mal (Namir Abdel Messeeh, CM). 2006 : La Nuit des Horloges (Jean Rollin).

DIVERS :  1970: Le Frisson du vampire (Jean Rollin, assistante de production). 1971: Requiem pour un vampire/Vierges et Vampires (Jean Rollin, scripte). Le Seuil du vide (Jean-François Davy, script et costumes). 1973: Q (Le Gros Lot) (Jean-François Davy, supervision du script). 1974 : Bacchanales sexuelles/Tout le monde il en a deux (Michael Gentle/Jean Rollin, scénariste). 1975: Candice Candy (Renaud Pieri/pierre Unia, script). 1976: Jouissances (Frédérid Lansac/Claude Mulot, supervision du script). Le Roi des bricoleurs (Jean-Pierre Mocky, assistante réal., script, montage). 1979: Le Piège à cons (Jean-Pierre Mocky, script). 1980: Les Echappées/Fugues mineures/Les Paumées du petit matin (Jean Rollin, script). 1981 : Agathe et Martha (Reine Pirau/ Pierre Unia, supervision du script). 1983: Baby Cat (Pierre Unia, script). 1985 : L’Affaire des Divisions Morituri (François- Jacques Ossang, supervision du montage). 1989 : Le Trésor des îles Chiennes (François-Jacques Ossang, montage). 1991: Hammam (Florence Miailhe, montage). La Plage des enfants perdus (Jillali Ferhati, montage). 1992: Coyote (Richard Ciupka, montage). Jonathan (François-Xavier Lecauchois, montage). 1995: Schéhérazade (Florence Miailhe, CM d’animation, montage). 1998: Adieu forain/Bye-bye Souirty (Daoud Aoulad-Syad, montage). 1999: Banco (Patrick Bossard, CM). La Fiancée de Dracula (Jean Rollin, script et costumes). 2000: Au premier dimanche d’août (Florence Miailhe, CM d’animation, montage). Ma sexualité de A à X (Brigitte Lahaie, supervision du script). 2001: Le Miroir du fou (Narjiss Najjar, montage et supervision du script). Le Septième Ciel (Narjiss Najjar, CM, montage et supervision du script). 2003: Julie Meyer (Anne Huet, CM, supervision du script). 2006: La Nuit des Horloges (Jean Rollin, script, costumes + supervision du tournage).

Marie-France par Armel de Lorme

Second portrait après Nicole Régnaut, d’Armel de Lorme, Marie-France, une artiste hors norme, qu’il serait vain de réduire au rang de phénomène à l’instar d’un Marc-Olivier Fogiel la recevant dans son talk-show. Une version précédente figure dans l’indispensable « @ide-mémoire ».

Photo copyright Pierre & Gilles

MARIE FRANCE (de Paris)

Par Armel de Lorme

Le mot « égérie » semble avoir été inventé pour elle, qui a su inspirer pêle-mêle, en quelques 35 ans de carrière, Marguerite Duras – « impossible de ne pas être troublé(e) par elle, les hommes comme les femmes » – et André Téchiné, Fernando Arrabal et A(do)lfo Arrieta, Jacques Robiolles et Jean-Marie Rivière, Alain Pacadis et Marc’O, Charles Matton et Frédéric Botton, Jacques Duvall et Jay Alanski, Pierre & Gilles et les membres du groupe rock Bijou… (liste non exhaustive !). Mi-pétroleuse, mi-femme-enfant, tour à tour meneuse de revue, chanteuse, performeuse, et même modèle à ses moments perdus, Marie France (Garcia) n’en est pas moins une comédienne assez unique en son genre, capable de glisser sans transition – juchée sur ses escarpins Christian Louboutin – de l’univers intello-chic d’une Sophie Perez (Détail sur la marche arrière, Théâtre National de Chaillot, janvier 2001) aux comédies hip-hop d’une Blanca Li passée de l’autre côté de la caméra (Le Défi, 2000). Rappel : Marie France a vu le jour à Oran, sous le signe du Verseau, en l’an de grâce 1946 (plus exactement le 9 février). Quelques années après avoir quitté, comme beaucoup d’autres, son Algérie natale, elle découvre le Paris interlope des Sixties naissantes, et là où ses contemporaines transitent par les bancs du Cours Simon ou du Conservatoire, fait ses classes à l’École des Femmes, véritable vivier transgenre dont sortiront notamment Cobra (futur modèle et amour impossible du romancier Severo Sarduy), la sculpturale Gaëtane Gaël et la future reine de la nuit (et chroniqueuse télé ) Galia Salimo. Présente sur scène, entre deux passages à l’Alcazar de Jean-Marie Rivière, dans des créations underground (Maggy Moon, Jean-Louis Jorge, l’Olympic, 1972 ; La Barre, Geneviève Hervé, le Nashville, 1975) ou résolument durassiennes (Le Navire Night, Théâtre Édouard-VII, 1979) tout au long des années 70, c’est grâce au subversif Arrieta qu’elle effectue, après une ou deux semi-figurations (Les Chemins de Katmandou, André Cayatte, 1969), ses véritables débuts à l’écran. Protagoniste des cultissimes Intrigues de Sylvia Couski (1972-1974) aux côtés d’Howard Vernon, de Michèle Moretti et de quelques non-professionnels (parmi lesquels ses amis, Gaëtane Gaël, Hélène Hazera et Michel Cressole), celle qu’on surnomme à l’époque « l’Impératrice des Gazolines » se voit très vite confier d’autres rôles plus ou moins importants par des cinéastes « à la marge », tels qu’Arrabal (J’irai comme un cheval fou, 1973), Jacques Robiolles (Le Jardin des Hespérides, 1974), Joaquin Noessi-Lledo (Le Sujet ou le Secrétaire aux mille et un tiroirs, id.) et surtout le peintre Charles Matton, qui lui fait reprendre à l’écran, dans Spermula (1975), le rôle de clone de Marilyn Monroe qu’elle promène, de théâtres en cabarets, depuis le début des Seventies. Vers la même époque, dans un registre moins révolutionnaire (donc moins confidentiel), André Téchiné fait appel à elle pour interpréter, à l’écran, la chanson par lui écrite du film Barocco (1976), qu’elle reprend quasi systématiquement, depuis, à la fin de ses récitals. Scène culte et queer, s’il en est, dans la filmographie du cinéaste, que celle montrant Marie France, dietrichienne en diable, susurrer On se voit se voir… devant une Hélène Surgère séduite et attendrie, un Gérard Depardieu conquis sans effort apparent et une Isabelle Adjani déversant à gros bouillon larmes et rimmel dans sa flûte à champagne (parce que, oui, l’eau, bon, ça va cinq minutes). D’autres prennent la relève dès le milieu de la décennie suivante : Gérard Mordillat, d’abord, sous la direction duquel elle roule de formidables patins à un Francis Perrin tout émoustillé, ce qui se comprend (Billy-Ze-Kick, 1985), Josiane Balasko, ensuite, rencontrée par l’intermédiaire de Coluche, qui fait d’elle la plus savoureuse des pensionnaires du bistrot à putes tenu par Dora Doll dans Les Keufs (1987). Toi, ma chérie, tu t’es pris une porte assenne-t’elle, mutine et enjôleuse, après avoir examiné sous toutes les coutures le cocard de circonstance arboré par sa partenaire (et réalisatrice) au bar de Madame Lou : grand moment de glamour à la sauce bitchy ! La même année, Téchiné lui redemande de chanter, cette fois entourée d’une demi-douzaine de boys, dans une séquence mi-glamour, mi-torride, des Innocents (1987) visiblement conçue spécialement pour elle. Plus discrète – cinématographiquement parlant – à partir des années 90, qu’elle consacre essentiellement aux planches, aux récitals chantés et à l’enregistrement d’albums (l’un avec le chanteur britannique Marc Almond, l’autre avec le guitariste Yan Péchin), elle n’en reprend pas moins le chemin des studios à l’aube du nouveau millénaire, tour à tour tapineuse adorablement vulgaire chez Gabriel Aghion (Belle Maman, 1998) et grande bourgeoise – une première (!) – courant les boutiques de prêt-à-porter de luxe chez Blanca Li (Le Défi, 2000). Le temps a beau passer, Marie France, qui a, entre temps repris son véritable patronyme en hommage à une autre Oranaise célèbre, Nicole Garcia, et publié une autobiographie aussi pertinente que réjouissante (Elle était une fois, X-Trême/Denoël, 2003), n’a rien perdu de sa blondeur, de sa verve, de son sex-appeal et, surtout, de la sensibilité extrême qui la caractérise depuis ses débuts. Tous les espoirs restent donc permis à celle qui, confiant à la fin des années 90 rêver de travailler sous la direction de Chéreau, Almódovar et Bob Wilson, vient d’être mise en scène par Philippe Decouflé (Paris secret, Printemps de Bourges, 2005) et de publier un premier best of agrémenté de chansons inédites portant la griffe de Frédéric Botton – autant dire du cousu main. En attendant le prochain film, la prochaine  pièce ou le prochain happening (voire les trois… ), Marie France s’apprête à investir, du 15 au 17 juin, la scène du Théâtre de l’Archipel (larchipel.net) pour une série de concerts mêlant chic, classe et rock and roll – prolongement logique d’un Trianon à guichets fermés en février dernier. Bel été en perspective ! Armel de Lorme

1969 : Les Chemins de Katmandou (André Cayatte). 1972 : Les Intrigues de Sylvia Couski (Adolfo Arrieta). 1973 : J’irai comme un cheval fou (Fernando Arrabal). 1974 : Le Jardin des Hespérides (Jacques Robiolles). Le Sujet ou le Secrétaire aux mille et un tiroirs (Joaquin Noessi/Joaquin Lledo). 1975 : Spermula (Charles Matton). 1976 : Barocco (André Téchiné ). 1985 : Billy-Ze-Kick (Gérard Mordillat). 1987 : Cinématon #949 (Gérard Courant, CM). Les Innocents (André Téchiné ). Les Keufs (Josiane Balasko). 1991 : La Gamine (Hervé Palud). 1993 : Une expérience d’hypnose télévisuelle (Gaspar Noé, CM). 1998 : Belle Maman (Gabriel Aghion). 2000 : Le Défi (Blanca Li).

Marie France (ou toute autre comédienne homonyme) serait en outre apparue dans le long métrage d’Éric Barbier, Toreros (1998), cette information n’ayant pu être vérifiée sur copie à l’heure où cet article est mis en ligne.

Addenda du 01/09/2006 :

Notre ami et collaborateur zélé Armel de Lorme est heureux de nous annoncer le lancement du site www.aide-memoire.org et de son « frère jumeau musical », au titre encore classé confidentiel, pour début octobre. Au sommaire des premiers numéros sont d’ores et prévues, comme autant de mises en bouche, la mise en ligne de galeries photos, les échos de tournages en cours et quelques exclus relatives à l’@ide-Mémoire : Encyclopédie des Comédiens Volume 2, toujours en phase rédactionnelle et dont la sortie est reportée au début 2007. Armel en profite pour rappeler que la sublime Marie France donne rendez-vous à son public du Trianon et de l’Archipel sur la scène du théâtre Le Méry, le 15 septembre à 20 heures. Tous les compléments d’infos requis sont accessibles via les liens suivants :

www.lalalala.org (la formidable et classieuse revue virtuelle pop, music-hall et chanson française de Didier Dahon et Jérôme Reybaud), lire l’article suivant : Marie-France au théâtre Le Méry.

Nicole Régnault par Armel de Lorme

Création d’une nouvelle rubrique, l’@ide-mémoire, avec un hôte de marque Armel de Lorme, dont la passion communicative n’égale que son érudition. C’est avec grand plaisir que l’on retrouve ci-joint le texte réactualisé de son portrait de Nicole Régnault paru dans son livre homonyme à son site, un parcours étonnant, il y a donc au moins un point commun entre le « Mon oncle » de Jacques Tati et « Brice de Nice » !

NICOLE REGNAULT : ENTRE CHARME ET ACIDITE

Par Armel de Lorme


S’efforcer de coller au plus près à l’actu télé, entre câble, satellite et chaînes hertziennes, offre parfois le prétexte idéal à un retour sur le parcours de comédiens sous-représentés dans la plupart des dictionnaires usuels. Comment voir ou revoir un Guy Lefranc (même mauvais) sans avoir envie de tirer illico le portrait à Florence Blot ou Dominique Marcas, un Lautner (même daté ) sans se repencher sur la filmo de Jean Luisi, un Mocky, toutes époques confondues, sans vouloir pondre aussitôt quelques lignes sur Henri Attal, Antoine Mayor ou Jean-Claude Rémoleux ? Ainsi en est-il des diffusions multiples de l’inutile Brice de Nice sur Canal. Que retenir d’un tel mastodonte ? La finesse du scénario, le soin extrême apporté à la réalisation, la qualité non moins exceptionnelle du montage, la pertinence souveraine des dialogues ou l’incommensurable sentiment de légèreté procuré par la somme d’autant de talents conjugués ? Ben… euh… si, quand même… au moins quelques acteurs : Clovis Cornillac, fidèle à lui-même (donc bien), Alexandra Lamy, trop peu présente au final mais n’en faisant pas moins un sort à chacune de ses (maigres) répliques, et puis, bizarrement omise au générique (il y a des chargés de postproduction qu’on a fusillés pour moins que ça), la délicieuse Nicole Régnault, 80 printemps au moment du tournage et déjà une sacrée brochette de films au compteur. La rencontre improbable-mais-jubilatoire de Nicole Régnault et de Brice de Nice, c’est l’histoire d’une comédienne ayant jadis tourné sous la direction de Bresson, Ophuls, Carné, Tati et Minnelli, mais que les hasards de l’existence ont prématurément conduite à quitter la région parisienne pour la Côte-d’Azur. Un jour, elle répondit à l’annonce d’une société de production à la recherche de figurants. Un rôle restait à pourvoir, celui de la vieille domestique attachée au service d’un escroc richissime et de son grand benêt de fils. La comédienne plut aux casting directors, passa des essais, enleva le morceau et, à la veille du premier tour de manivelle, se vit parer des fonctions de gouvernante auprès de Jean Dujardin et de François Chattot. D’un rôle assez long au départ restent trois scènes, montrant une Nicole tour à tour revêche, attendrissante et malicieuse, ainsi qu’une quatrième séquence particulièrement émouvante, présente sur les seuls boni DVD. James Huth – qui eût été encore plus inspiré encore en supervisant aussi le générique de fin, mais bon… – en a du reste profité pour rendre un hommage discret mais sincère à son interprète… ce qui constitue peut-être au final la seule véritable bonne idée de tout Brice de Nice. Rappel des faits :


Née dans le 20ème arrondissement de Paris le 19 mai 1924, c’est à l’âge de huit ans que la petite Nicole Emma Sasserath effectue ses premiers pas sur les planches en interprétant… une sorcière lors d’un spectacle scolaire : pour décrocher le rôle (elle n’en convoitait pas d’autre), elle va jusqu’à supplier son institutrice. Sa famille comprenant rapidement qu’il serait inutile de chercher à contrôler sa vocation, elle s’inscrit à la fin de l’Occupation aux cours alors très prisés de la célèbre (en ce temps) Andrée Bauer-Thérond et de Maurice Escande, y côtoie quelques débutants en devenir, dont Michel Piccoli, adopte rapidement le pseudonyme de Régnault (parce que Sasserath, ça sonne « Ça se rate »… pas terrible pour une comédienne » et aussi en hommage à la grande tragédienne Julia Bartet, dont Régnault était le véritable patronyme), effectuant dans la foulée ses premiers pas à l’écran via une apparition furtive dans l’une des séquences finales des Dames du bois de Boulogne (Robert Bresson, 1944). Oscillant dès lors entre silhouettes et petits rôles de composition, par ailleurs comédienne mascotte du cinéaste Jean Loubignac, sous la direction duquel elle tourne six films entre 1950 et 1955 (dont quatre, tous de la série des Piédalu, aux côtés du comique vite démodé Ded Rysel), elle est notamment la cliente « coiffée à la cracra » par Fernandel dans Coiffeur pour dames (Jean Boyer, 1952), la mère de famille nombreuse plaquée par son mari dans Crainquebille (Ralph Habib, 1953), la sèche geôlière des Compagnes de la Nuit (Ralph Habib, id.), la Parisienne-au-long-nez provoquant les commentaires ironiques de Maurice Chevalier – retour au bois de Boulogne de ses débuts cinématographiques – dans la séquence d’ouverture de Gigi (Vincente Minnelli, 1957) et, surtout, l’automobiliste binoclarde et revêche croisée au début de Mon Oncle (Jacques Tati, 1956). Des raisons familiales l’obligeant à prendre un emploi plus stable, elle quitte la profession, à la fin des années 50, s’installe dans la région cannoise, et, la proximité de la Victorine aidant, effectue un premier come-back cinématographique en 1979, via l’ineffable Drôles de gendarmes, comédie mi-merguez, mi-aïoli, réjouissante et bâclée, portant l’estampille de Bernard Launois et dont le générique, tous en stars deuxièmes, rassemble quelques glorieux transfuges des Jeux de Vingt Heures, d’Alors, raconte ! et du Petit Rapporteur. Qu’on en juge : le brigadier, c’est Sim, les trois dégourdis de la Maréchaussée, Daniel Prévost, Jacques Balutin et Robert Castel, le curé, Henri Génès, l’épicière, Jeannette Batti (logique !), la postière, Florence Blot… tandis que Nicole Régnault y silhouette une fureteuse Tatie Danielle d’avant la lettre, collectionnant avec malice les cochonnets de pétanquistes comme d’autres les bouchons de champagne, les timbres-poste ou les amants. Puis, c’est silence radio durant plus de vingt ans : la Victorine met de moins en moins de films en chantier, et oublie peu à peu Nicole. Début 2001, elle se voit cependant proposer la tête d’affiche d’un court métrage de fin d’études, Chambres d’hôte, qui, en dépit d’une diffusion confidentielle, lui offre ce qui  probablement à ce jour le rôle de sa vie. Dans cette variation sur le thème bien connu de L’Auberge rouge, elle campe avec brio une hôtelière sanglante dégommant un à un ses pensionnaires, ce évidemment dans l’impunité la plus totale (ce serait sinon beaucoup moins drôle). Trois ans plus tard, à peine sortie du tournage de Brice de Nice, les Films de Mon Oncle lui proposent, en même temps qu’à Nicolas Bataille et Betty Schneider-Raffaelli (seuls survivants avec Nicole – si l’on excepte Pierre Étaix – de l’équipe artistique de Mon Oncle) d’évoquer face à la caméra de Thomas Rio ses souvenirs liés au chef-d’œuvre tatiesque. Des trois comédiens ainsi interviewés, elle est peut-être la plus touchante, dont le réalisateur parvient à saisir l’émotion alors même qu’elle se découvre à l’écran, pour la première fois, dans la version anglaise de Mon Oncle, alors invisible et qu’elle ne connaissait pas. Quelques mois plus tard, Pierre Étaix lui rend à son tour hommage lors d’une interview partiellement publiée dans le premier volume de l’@ide-Mémoire, encyclopédie des comédiens (reprise in www.aide-memoire.org): Elle a parfaitement compris dès le départ ce que Tati attendait d’elle, et lui a donné avec intelligence et précision exactement ce qu’il voulait. Par conséquent, il y a eu très peu de prises du plan dans lequel elle figurait, ce qui s’est avéré assez exceptionnel tout au long cours du tournage de Mon Oncle. J’ai également été frappé par la poésie qui émanait de sa personne, et par l’humour avec lequel elle a abordé son rôle, humour qui lui a permis de transcender sans difficulté ni effort apparents un personnage à la fois ingrat et caricatural sur le papier. C’est probablement l’une des comédiennes les plus étonnamment justes qu’il m’ait jamais été donné de rencontrer. Ces qualités mises en avant par l’unique représentant (avec feu Darry Cowl) du burlesque à la française se retrouvent intactes dans le dernier rôle en date que Nicole Régnault ait interprété à ce jour, religieuse cocasse et malicieuse d’un spot publicitaire pour la marque Citroën tourné au printemps 2005 et multidiffusé sur les chaînes hertziennes en septembre de la même année : cornette nonnale au vent, regard perçant et lèvres pincées, sa vis comica y fonctionne, une fois de plus, à merveille. Depuis, toujours aussi classe et rigolote à un peu plus de 82 ans, Nicole Régnault appelle de tous ses vœux le prochain rôle qui, de toute évidence, .ne saurait tarder. Cet article pour rappeler que la région PACA a trouvé sa Renée Le Calm depuis belle lurette, qu’elle se prénomme Nicole, qu’elle n’est absolument pas rivée, loin s’en faut, aux studios de la Victorine et que quelques journées de tournage à Paris ou ailleurs ne seraient pas forcément pour lui déplaire. À bon entendeur…

Armel de Lorme

FILMOGRAPHIE :
 

  

1944 : Les Dames du bois de Boulogne (Robert Bresson). 1945 : Le Père Serge (Lucien Gasnier-Raymond). 1948 : Bonheur en location (Jean Wall). 1949 : L’Homme aux mains d’argile (Léon Mathot). Le Gang des Tractions Arrière (Jean Loubignac). 1950 : Piédalu voyage (Jean Loubignac, CM). Le Roi des camelots (André Berthomieu). La Ronde (Max Ophuls). La Vie chantée – sk. Les Départs (Noël-Noël). 1951 : Le Crime du Bouif (André Cerf). La Maison dans la dune (Georges Lampin). Les Neiges du Kilimandjaro/The Snows of Kilimanjaro (Henry King). Piédalu à Paris (Jean Loubignac). Le Plaisir (Max Ophuls). Les Sept Péchés capitaux (Georges Lacombe). 1952 : L’amour n’est pas un péché (Claude Cariven). Coiffeur pour dames (Jean Boyer). Les Détectives du dimanche (Claude Orval). Elle & Moi (Guy Lefranc). L’Île aux Femmes nues (Henry Lepage). Nous sommes tous des assassins (André Cayatte). Piédalu fait des miracles (Jean Loubignac). Week-end à Paris/ Innocents in Paris (Gordon Parry). 1953 : Les Compagnes de la Nuit (Ralph Habib). Crainquebille (Ralph Habib). Piédalu député (Jean Loubignac). La rafle est pour ce soir (Maurice Dekobra). 1954 : L’Air de paris (Marcel Carné ). Fantaisie d’un jour (Pierre Cardinal). 1955 : Coup dur chez les mous (Jean Loubignac). Les Hommes en blanc (Ralph Habib). 1956 : Mon Oncle (Jacques Tati). My Uncle (Jacques Tati). 1957 : Gigi/idem (Vincente Minnelli). Mission diabolique/Der Fuchs von Paris (Paul May). Vive les vacances ! (Jean-Marc Thibault et Jean Laviron). 1958 : Les Motards (Jean Laviron). 1979 : Drôles de gendarmes/Sacrés Gendarmes (Bernard Launois). 2001 : Chambres d’hôte (Marc Garetto, CM). Trio (CM). 2004 : Brice de Nice (James Huth).