Annonce de la mort de Karl Malden le 1 juillet dernier à l’âge de 97 ans. Cet acteur était beaucoup plus subtil que le cliché que l’on peut avoir en France sur les comédiens forgés à l’Actor Studio. Il faut lire l’excellent portrait que faisait de lui encore vivant Jean-Louis Sauger dans « Retour à Yuma » : Un physique, un nez imposant, fracturé à deux reprises pour cause de basket-ball – Tavernier et Coursodon le décrivait comme « bourgeonnant qui semble croître de film en film ». Ce fils de charpentier, né à Chicago, commence par des petits métiers comme laitier ou et maçon. Pendant trois ans, il étudie à la « Goodman Theatre Dramatic School ». Il fait la rencontre déterminante, avant guerre, d’Elia Kazan sur la pièce de Clifford Odets, « Golden Boy ». Il débute au cinéma par une série impressionnante de grands films. On le retrouve ainsi en austère et nouveau chef de la police de Dana Andrews dans « Mark Dyxon détective ». De son rôle d’inspecteur dans « La loi du silence », Donald Spoto parlera de lui « qui a élevé la « sériosité » au rang d’archétype dans ses interprétations (1) Il restera fidèle à Kazan qui insistera pour qu’il reprenne son rôle créé au théâtre dans « Un tramway nommé désir », au cinéma en soupirant timide et lâche de Vivien Leigh, pour lequel il reçoit l’oscar du meilleur second rôle en 1952. Face à Brando, il sera un aumônier compatissant dans « Sur les quais », il n’est que nommé cette fois toujours pour l’oscar du meilleur second rôle en 1955. Kazan lui confiant le rôle du mari jaloux et pyromane de Baby Doll, évoque son personne qui « éprouve à la fois du ressentiment et de l’amour pour Carroll Baker » (2). Il retrouve Brando, comme partenaire mais aussi comme réalisateur dans l’atypique, narcissique et sadomasochiste « La vengeance aux deux visages ». Il est un ancien pilleur de banque devenu shérif qui retrouve le personnage de Brando qui vient se venger. Il trouve l’un de ses meilleurs rôles en 1962 dans « Le prisonnier d’Alcatraz », en sévère geôlier de Burt Lancaster, condamné pour meurtre, qui se découvrira un don pour l’ornithologie en recueillant un oiseau blessé. Le directeur de la prison finira par lier une certaine amitié avec les années. Comme beaucoup d’acteurs américains, il fera un petit tour en Europe à l’aube des années 70, notamment avec son rôle d’aveugle témoin d’un meurtre dans « Le chat à neuf queues ». Il est excellent en propriétaire d’un ranch autoritaire, qui ne supporte pas que deux de ses employés – William Holden et Ryan O’Neal – lui échappent dans le très bon « Deux hommes dans l’Ouest » (Blake Edwards, 1971). On le revit une dernière fois au cinéma dans « Cinglée » (1987), où il était le beau-père « respectable » de Barbara Streisand, avant qu’il ne se consacre à la télévision. Il avait réalisé un film “La chute des héros” (1), en 1957 avec Richard Widmark et Richard Basehart, Le film ne connut pas un bon accueil critique, à l’instar de Guy Allombert pour « La saison cinématographique 1959 » : « Réalisé par Karl Malden, dans l’optique et les méthodes d’interprétation de l’Actor Studio, ce film de la série anti-rouge se ressent beaucoup de son origine théâtrale. On y parle beaucoup pour essayer d’intéresser le spectateur au « cas de conscience » qui est posé. Pourquoi trahit-on ? La décevante réponse donnée à cette question provoque le sourire. Est-ce à dire que l’ouvrage soit farouchement anti-communiste ? Non mais, seulement la qualité artistique, le talent reconnu pourraient sauver ce film ; au mieux, lui donner un intérêt… ». C’est un film sans doute à redécouvrir – voir Retour à Yuma également -. Il réalisa aussi quelques séquences de « La colline des potences ». Il connu une popularité internationale avec les 120 épisodes de « Les rues de San Francisco » de 1972 à 1977 avec Michael Douglas. Avec ce comédien « Bigger than life » disparaît une certaine mythologie d’un certain âge d’or du cinéma américain.
(1) L’art d’Alfred Hitchcock (Éditions Edilig, 1986). (1) (2) Kazan par Kazan entretiens avec Michel Ciment (1973-2009).
Filmographie : 1940 They knew what they wanted (Drôle de mariage) (Garson Kanin) – 1944 Winged victory (George Cukor) – 1946 13 rue Madeleine (Treize, rue Madeleine) (Henry Hathaway) – Boomerang ! (Boomerang) (Elia Kazan) – 1947 Kiss of death (Le carrefour de la mort) (Henry Hathaway) – 1950 Where the sidewalk ends (Mark Dixon detective) (Otto Preminger) – The gunfighter (La cible humaine) (Louis King) – Halls of Montezuma (Okinawa) (Lewis Milestone) – 1951 A A streetcar name Desire (Un tramway nommé Désir) (Elia Kazan) – The sellout (La carte forcée) (Gerald Mayer) – 1952 Diplomatic courier (Courrier diplomatique) (Lewis Seiler) – I confess (La loi du silence) (Alfred Hitchcock) – Operation secret (Lewis Seiler) – Ruby Gentry (La furie du désir) (King Vidor) – 1953 Take the high ground ! (Sergent la Terreur) (Richard Brooks) – 1954 Phantom of Rue Morgue (Le fantôme de la rue Morgue) (Roy Del Ruth) – On the waterfront (Sur les quais) (Elia Kazan) – 1956 Baby Doll (Baby Doll / La poupée de chair) (Elia Kazan) – Fear strikes out (Prisonniers de la peur) (Robert Mulligan) – 1957 Bombers B-52 (Bombardiers B 52) (Gordon Douglas) – 1958 The hanging tree (La colline des potences) (Delmer Daves, + realisation non créditée de scènes) – 1959 Pollyanna (Id) (David Swift) – 1960 The great impostor (Le roi des imposteurs) (Robert Mulligan) – One-eyed Jacks (La vengeance aux deux visages) (Marlon Brando) – Parrish (La soif de la jeunesse) (Delmer Daves) – 1962 All fall dawn (L’ange de la violence) (John Frankenheimer) – Gypsy (Gypsy, Vénus de Broadway) (Mervyn LeRoy, + lyrics) – Come fly with me (Les filles de l’air) (Henry Levin) – Birdman of Alcatraz (Le prisonnier d’Alcatraz) (John Frankenheimer) – How the West was won (La conquête de l’Ouest) [Sketch : « The rivers »] (Henry Hathaway) – 1963 Dead ringer (La mort frappe trois fois) (Paul Henreid) – 1964 Cheyenne Autumn (Les Cheyennes) (John Ford) – The Cincinatti Kid (Le Kid de Cincinnati) (Norman Jewison) – 166 Nevada Smith (Id) (Henry Hathaway) – Hotel (Hôtel Saint-Gregory) (Richard Quine) – Murdere’s row (Bien joué Matt Helm) (Henry Levin) – The adventyre of Bullwhip Griffin (L’honorable Griffin) (James Neilson) – 1967 Billion dollar brain (Un cerveau d’un milliard de dollars) (Ken Russel) – 1968 Hot millions (Chaud les millions) (Eric Till) – Blue (El Gringo) (Silvio Narizzano) – 1969 Patton (Id) (Franklin J. Schaffner) – 1970 Il gatto a nove code (Le chat à neuf queues) (Dario Argento) – 1971 Wild rovers (Deux homes dans l’Ouest) (Blake Edwards) – Un verano para matar (Meutres au soleil) (Antonio Isasi Isasmendi) – 1978 Beyond the Poseidon adventure (Le dernier secret du Poséidon) (Irwing Allen) – 1979 Meteor (Météor) (Ronald Neame) – 1982 Twillight time (Goran Paskaljevic) – 1983 The sting II (Vidéo : L’arnaque II) (Jeremy Paul Kagan) – 1986 Billy Galvin (John Gray) – 1987 Nuts (Cinglée) (Martin Ritt) – 2003 Broadway : The golden age, by the legends who were there (Rick McKay, documentaire) – 2006 Who is Norman Lloyd (Matthew Sussman, documentaire). Comme réalisateur : 1956 Time limit (La chute des héros). Télévision (notamment) : 1949 Little woman (Marc Davis) – 1972/1977 The streets of San Francisco (Les rues de San Francisco) (120 épisodes) – 1977 Captains courageous (Capitaines courageux) (Harvey Hart) – 1980 Skag (6 épisodes) – 1981 World of honor (Parole d’honneur) (Mel Damski) – Miracle on ice (Steven Hilliard Stern) – 1984 With intent to kill (Trou de mémoire) (Mike Robe) – Fatal vision (David Greene) – 1986 Alice in Wonderland (Harry Harris) – 1988 My father, my son (La mort à retardement) (Jeff Bleckner) – 1989 The hijacking of the Achille Moro (Robert E. Collins) – 1990 Call me Anna (Gilbert Cates) – 1991 Absolute strangers (Gilbert Cates) – 1992 Back to the streets of San Francisco (Mel Damski) – 1993 They’ve taken our children (Vern Gillum) – 2000 The west wing (À la maison blanche) : Take this Sabbath Day (Thomas Schlamme) – 2007 Brando (Mimi Freedman & Leslie Greif, documentaire).
Karl magnus
J’accompagne en tous points l’hommage ici rendu à cet acteur d’exception, compagnon de Brando et de Douglas. On lui prête également la finalistaion d’un des derniers westerns importants de Gary Cooper, « la colline des potences » initialement dirigé par Delmer Daves.
Karl magnus
J’accompagne en tous points l’hommage ici rendu à cet acteur d’exception, compagnon de Brando et de Douglas. On lui prête également la finalistaion d’un des derniers westerns importants de Gary Cooper, « la colline des potences » initialement dirigé par Delmer Daves.
Karl magnus
J’accompagne en tous points l’hommage ici rendu à cet acteur d’exception, compagnon de Brando et de Douglas. On lui prête également la finalistaion d’un des derniers westerns importants de Gary Cooper, « la colline des potences » initialement dirigé par Delmer Daves.
Karl magnus
J’accompagne en tous points l’hommage ici rendu à cet acteur d’exception, compagnon de Brando et de Douglas. On lui prête également la finalistaion d’un des derniers westerns importants de Gary Cooper, « la colline des potences » initialement dirigé par Delmer Daves.
Karl magnus
J’accompagne en tous points l’hommage ici rendu à cet acteur d’exception, compagnon de Brando et de Douglas. On lui prête également la finalistaion d’un des derniers westerns importants de Gary Cooper, « la colline des potences » initialement dirigé par Delmer Daves.