Nouvel héros à porter des lunettes, beaucoup plus discret – 10 salles seulement en France, 2 séances uniquement à l’UGC Bordeaux -, pour un film « Everything is illuminated » qui risque de passer comme un météore. C’est le premier film du comédien Liev Schreiber – qui a la même date de naissance que mézigue, ce qui, je vous le concède n’a strictement aucun intérêt -. Il est adapté du roman d’éponyme de Jonathan Safran Foer – qui fait un cameo dans le film -, que l’on décrit foisonnant. On découvre le personnage de Jonathan, joué par Elija Wood avec sensibilité, qui continue à vouloir casser après « Sin City », son image frodonisée – allusion à la trilogie de Peter Jackson, et non à l’ineffable Jean-Michel, bien sûr -. Jonathan, a la manie de collectionner les objets retraçant le parcours de la vie de ses proches, qu’il met consciencieusement dans des sachets en plastique et qu’il accroche sur un mur. A la mort de sa grand-mère, il s’aperçoit qu’il n’a sur son grand-père juif ukrainien, qu’un ambre contenant un insecte et une photo de lui avec une inconnue. Le jeune homme au le regard bleu démesuré par de grosses lunettes, est végétarien et phobique. Il décide pourtant de partir en Ukraine, retrouver la femme de la photo, qui a aidé son grand-père à fuir le nazisme.

Elijah Wood & Eugene Hutz

Là-bas, un homme qui organise des trajets pour exploiter dit-il des juifs riches voulant retrouver leurs racines. Il laisse son fils Alex, baigné dans la culture américaine et se prenant des baffes en permanence, organiser l’expédition. Volontiers disert, il fait son éducation en expliquant que la pratique « 69 » doit son nom à la célèbre année érotique, il délaisse ses petites habitudes pour organiser le parcours ! Flanqué de son grand-père comme chauffeur, un homme fatigué et faux aveugle, et de sa chienne, complètement folle – joué par deux jumelles « Mickey » and « Mouse » -, nommée Sammy Davis jr. jr. en hommage au célèbre acteur. La rencontre avec Jonathan nous donne un beau choc des cultures,  le grand-père – Boris Leskin, marquant – d’un antisémitisme latent volontiers mutique, Alex – Eugene Hutz, une révélation – volubile réinventant l’Anglais et Jonathan, traversant des paysages à perte de vues. Le temps aidant et les différences de mentalités digérées, le quatuor se rapproche… Le regard chaleureux du réalisateur, concilie devoir de mémoire et loufoquerie, dans une ambiance visiblement influencée par l’univers de Kusturica. Il dresse en passant le marasme d’une Ukraine en crise, en nous montrant les combines obligatoires pour survivre, ou un panneau rouillé rappelant les dangers du nucléaire. Ce road-movie initiatique, est un drôle de beau voyage dans la mémoire – « Tout est illuminé par le passé », est une des dernières phrases d’Alex – . Liev Schreiber a trouvé un ton brillant dès son premier film, et il livre en l’occurrence un bien beau film.