Avant-première à l’UGC Cité-Ciné Bordeaux, du film « Toute la beauté du monde », vendredi 27 janvier, en présence de Marc Esposito, Marc Lavoine, Zoé Félix et Albane Duterc, mais aussi une déception plus que notable après « Le cœur des hommes », avec déjà Zoé Félix et Marc Lavoine, film d’hommes mais avec quelques portraits de femmes. Dans la série des « grandes amoures contrariées », c’est ici Franck – Marc Lavoine, juste mais limité -, qui a sacrifié sa vie sentimentale pour reprendre les affaires de boiseries et élever ses frères et sœurs, à la mort de ses parents. Il tombe raide dingue de Tina – Zoé Félix, qui ne semble pas avoir consenti à couper ses cheveux, planqués sous une perruque, mais dont le jeu est probant -, qui vient de perdre son mari, jeune trentenaire, qui délaisse l’éducation de ses enfants de 5 à 7 ans – personnages sacrifiés dans le film – pour se consacrer à son deuil larmoyant. Franck lui propose de faire un séjour en Asie, histoire de reprendre goût à l’existence – « Changement d’herbage réjouit les veaux » -. Franck qui va souvent à Bali pour son travaille, essaye de conquérir son cœur, mais elle reste fidèle à son mari, et reste sur la défensive, quand Franck lui avoue son amour. Franck persiste, décide de l’amadouer, étant expert de la « mécanisation » des gens. Suspense intolérable, Tina finira-t-elle par aimer Franck ? L’émotion effleure parfois le film dans la litanie de conventions,  en particulier grâce au couple Jean-Pierre Darroussin – toujours subtil – et une nouvelle venue dynamique – Albane Duterc -, en français installés à Bali, et Pierre-Olivier Mornas – ex « Bâtard de Dieu » -, en frère dépassé de Zoé Félix, dans une tonalité proche de Darroussin, la maturité devrait lui aller très bien.

Mais l’ennui gagne l’assemblée, pire que les soirées diaporama entre potes, surtout quand on est particulièrement sédentaire. Les gens commencent à ricaner, commentent, sans que curieusement ça dérange les autres, grand froid à l’arrivée de l’équipe, chacun des habitués rassurant les autres, non vous n’êtes pas rentré dans une période « pisse-froide », c’est juste un ratage complet, Yann Arthus-Bertrand sort de ce cinéaste ! Marc Esposito tombe dans tous les écueils de la carte postale sponsorisée par l’office de tourisme de Bali et de la Camargue – il ne manque même pas les flamants roses au tableau -, la B.O. d’une mièvrerie inouïe, ne faisant que souligner les manques d’inventivité face à ses paysages sublimes de beauté. Mais très vite la saturation gagne, l’envie de retrouver l’air vicié de la ville, l’hiver, grande était la tentation à la sortie de respirer les vapeurs d’échappements automobiles, et retrouver Bordeaux, une ville blafarde et de façades, me mettait en joie. Et là grand moment d’empathie avec le critique Jean-Pierre Lavoignat, ami de 32 ans, nous dit le sieur Esposito qui a du mal à prendre son micro après quelques verres de bordeaux, on finit par l’excuser de s’autoproclamer écrivain avec la version roman de cette triste oeuvrette. Lavoignat donc, co-fondateur du magazine « Studio », avec lui, avait sur plusieurs numéros fait un compte-rendu du tournage, laissons-lui le crédit d’avoir aimé le film, voir sa critique du dernier numéro, mais si ce n’est pas le cas, il s’en est sorti avec élégance. Le parti pris pouvait être intéressant, dresser une intimité amoureuse dans un décors écrasant, sujet abordé par avec beaucoup de subtilité par Ang Lee avec son « secret de Brokeback mountain ». Marc Esposito rate superbement sa cible, et comme il nous annonce qu’il prépare une suite aux « Cœurs des hommes », ce qui est un peu la solution de facilité, souhaitons qu’il ne soit pas l’homme d’un seul film.