Les temps sont à l’irrespect, un pâle imitateur singe d’une façon grossière le chanteur Renaud, dans une parodie grotesque « Les bobos » sous fond de musique du dessin animé « Kirikou », notre vénérable ministre de la culture se reçoit des tomates à Avignon, un doigt d’honneur géant fait de la pub pour une banque, cynisme éhonté involontaire ? – Il paraît que c’est un pouce, mais la symbolique est là -. 20six d’ailleurs ne déroge pas à cette mode, faisant l’attaque régulière de Spams malins – les bloggueurs chantant en cœur « Tirez pas sur l’ambulance ! » de Françoise Hardy, entre les deux problèmes techniques habituels. Bref le sarcasme est hissé le pathétique au niveau des beaux-arts, je songe d’ailleurs à changer le nom de ce blog par « 20six’s reject », occasion de faire un hommage au film évoqué à la suite. Le gendre du film d’horreur succombe régulièrement d’ailleurs à cette mode. Il est vrai qu’en ce moment le genre ne se renouvelle guerre, les Majors se contentant de refaire des remakes (« Terreur sur la ligne », » Fog », « La colline a des yeux, » mais il faut louer le talent d’Alexandre Aja pour ce dernier). Curieux objet que ce « The Devil’s Rejects », d’un certain Rod Zombie – de son vrai nom Robert Cummings -, qui par son patronyme nous annonce déjà la couleur. Le film est l’œuvre la plus secouée que l’on puisse voir en ce moment, difficile de trouver une comparaison, citons peut-être la trilogie « Dead or alive » de Takashi Miike. Alexis Bernier, dans « Libération » décrit comme « Punk gothique, tatoué et poilu comme un Hells Angel sorti des enfers ». Son précédent film – pas vu, pas pris…-, « La maison des 1000 morts » vient de sortir en DVD bénéficie déjà d’un statut de film culte. C’est un véritable jeu de massacre entre le shérif revanchard – étonnant William Forsythe –, encore plus frappé que la famille infernale et la famille Firelly dirigée par un clown sinistre et adipeux – singulière performance du tarantinien Sig Haig – et déjà présente dans « La maison des 1000 morts ».
Bill Moseley, Sig Haig & Sheri Moon Zombie
Nous sommes bien dans la tradition du Grand Guignol, mais qui se révèle un bel hommage à la liberté du cinéma américain des années 70 mais si au final il se révèle aussi assez malsain. Il s’amuse avec des références avouées de l’œuvre de Sam Peckinpah, Tobe Hooper, Bela Lugosi ou Quentin Tarantino. On n’est donc pas surpris de retrouver Michael Berryman – le célèbre Pluto de « La colline a des yeux », pour une fois dans un rôle sympathique, le seul du film d’ailleurs ! Il faut le voir absolument hilarant fantasmer sur Carrie Fischer dans « La guerre des étoiles » et s’indigner qu’un fermier puisse le soupçonner de zoophilie avec des poulets. Le distribution est étonnante de Geoffrey Lewis en chanteur de country pathétique et Danny Tréjo en tueur tatoué sans oublier la propre femme du réalisateur Sheri Moon Zombie en bimbo dégénérée et l’inquiétant Bill Moseley en sanguinaire christique. Tout ce petit monde rivalise en bêtise et en ignominie. L’humour est présent mais on ne sait pas finalement à quel degré il est présent…. Reste qu’il y a des scènes d’anthologie comme le cinéphile fan de Groucho Marx – le Charles Manson local prenant les noms de ses personnages comme celui Cap’tain Spaulding venu du film « American crackers » -, se livrant à une violente dispute avec le shérif fan d’Elvis Presley. Il arrive à les digérer, pour un résultat curieux, la violence flirtant avec la complaisance. Hommage aux road-movies seventies, le film a une tension – à l’instar du personnage de la femme de ménage d’un hôtel découvrant les exactions de la famille Firelly -, une folie gore Un cinéaste à suivre, de par la manière dont il peut évoluer, canaliser son énergie. Il a une originalité secouée bienvenue en ces périodes de recyclage. Entre trash, grotesque, contestation et folie furieuse, ce film risque de devenir culte.