C’est le quatrième et dernier film de Serge Gainsbourg. Il ne manque le visionnement d’ « Équateur », actuellement enregistré sur le câble, mais qui risque volontiers de dormir un peu sur une VHS, à la lecture de la critique du film de l’excellent blog de Pierrot. Ca faisait un moment que je souhaitais voir ce film, trouvé enfin dans ma bibliothèque municipale qui est visiblement un bonus d’une intégrale. Ca commence plutôt mal, Claude Berri récite la fameuse tirade de Shakespeare, « To be or not to be », il donne des leçons particulières à des jeunes. A l’entendre, on remarque qu’il n’a fait aucun progrès depuis qu’il se moquait de lui-même dans son film « Le cinéma de papa » (1970), jeune acteur il se faisait virer d’une production américaine, devant son anglais hésitant sous les yeux ébaubis de Jacques Marin. La suite est un recyclage Gainsbourg, dont l’esthétisme vire à un long clip de 70 mn, il s’auto cite beaucoup, nous ressort certains aphorismes et son goût pour les jeux de mots tendance « Almanach Vermot », le temps vire au long. Ce dernier film est visiblement l’œuvre de trop, pour ce Gainsbar à bout de course, qui s’égarait dans de pitoyables prestations télévision et qui tirait à la ligne pour des chansons sans grands intérêts. C’est vraiment dommage au regard de son œuvre magistral, et surtout de son premier film « Je t’aime, moi non plus » qui conciliait un grand sens artistique et une provocation salutaire.
Élodie Bouchez & Claude Berri
Stan Goldberg, bande mou, délaisse Aurore Clément, qui commence à inaugurer son registre de grande bourgeoise oisive, supporte un jeune élève et craque sur les charmes naissants d’une certaine Natacha. C’est joué par une certaine Élodie, en fait c’est Élodie Bouchez qui minaude de manière éhontée, pose de manière assurée, on a vraiment du mal à voir la future interprète de la « Vie rêvée des anges », mais c’est peut être dû à la direction de Gainsbourg. La raison de Stan vacille, il cite « Gros dégueulasse » de Reiser, – « jaune devant, marron derrière », il adopte un comportement borderline, succombant à la fausse naïveté de la « p’tite pisseuse » Natacha. Il faut saluer la performance de Claude Berri acteur, qui dans cette entreprise assez vaine, se jette bec et ongles, et sans fausses pudeurs, dans ce rôle, reprise en long de son personnage dans « L’homme blessé » de Patrice Chéreau (1982). Son exhibitionnisme devient même touchant, il se sert de la lourdeur de son corps et des contradictions de son personnage, il arrive à donner une trace d’humanité dans ce salmigondis paresseux. Une petite série de guests fantomatiques arrivent pour aider ce court-métrage, à dépasser les 60 mn. Richard Bohringer, tendance petit matin blême après nuit arrosée, Daniel Duval en père violent, Jacques Wolfsohn en pote de Stan – c’était un proche de Gainsbourg, et non son pseudonyme comme le créditait sa fiche IMDB ! avant correction -, et même Gainsbar himself – non crédité -, qui prend même la seule citation acceptable du film (« To be or not to be : question-réponse »). Seul Michel Robin dans un rôle assez grotesque de tueur poète, arrive à tracer une originalité, à nous amener dans un climat d’angoisse curieuse, preuve qu’un grand comédien peut tirer quelque chose de ce semblant de rôle. Côté musique, quatre notes du maître à déplorer, il vaut mieux jeter un voile pudique sur ce film au regard de l’authentique génie de Gainsbourg. Pas de label « coin du nanar, puisque qu’il n’y a aucun plaisir à retirer ici…