J’abomine relativement les versions françaises doublées, passant le plus clair de mon temps à vouloir mettre un nom sur une voix, pour peut que film soit flapi. Dans le désœuvrement complet d’un ugecetiste – possesseur de carte UGC -, je vais donc voir la dernière bessonnade « The Transportor II – Le transporteur II », grosse machine sans âme transplantée à Miami et en français dans le texte pour deux bonnes raisons :

         1) il y a François Berléand – ça fait presque 20 ans que je le suis depuis qu’il déclarait que l’humain bouilli avait un goût de veau dans « Les mois d’Avril sont meurtriers » de Laurent Heymemann,.

           2) l’entendre se doubler lui-même, ce qui constitue une incongruité sympathique.

J’avais vu grâce à lui le premier opus du « Transporteur » en VO, de passage à Paris, il m’avait convié à une projection de presse – il y avait l’excellent Yannick Dahan, ce jour là assez érudit pour dire que la scène de luttes dans l’huile de vidange était plagiée d’un film d’extrême orient, je ne sais plus lequel, hélas. Le dossier de presse était sous forme de BD, ce qui convenait au style. Il ne faut pas voir une once d’originalité dans un préfabriqué Besson, à part la chorégraphie des scènes d’actions en général, ici Corey Yuen, véritable co-réalisateur du film. Ce type de produit manufacturé est au cinéma ce que sont les maisons Phoénix à la cathédrale de Chartres. François Berléand jouait l’inspecteur Tarconi, et se débrouille formidablement en anglais alors qu’il jure le contraire. Le film était divertissant, surtout grâce à la composition de Jason Statham renouvelant un tantinet le personnage solitaire d’action. 

François Berléand : C’est comment qu’on freine…

Il faut qu’il arrête de signer les scénarios tout seul le père Luc, car c’est le récit abracadabramtesque comme dirait l’autre, d’un kidnapping d’enfant – tendance « Léon » allié à une menace bactériologique cornichonesque. Il nous ressort ses personnages passablement grotesques, comme celui de la méchante mi-affreux-Jojovich, mi- Emma Sjöberg, passablement drôle, son traditionnel héros minéral mais humain, l’affreux mercenaire de service – Alessandro Gassman, fils de Vittorio, plutôt désinvolte -, les comédiens qui jouent les utilités – Matthew Modine, perdu de vue depuis Abel Ferrara mais qui tousse très bien, la mignonne de service Amber Valletta… Et tirons notre chapeau pour notre François national qui amuse une salle entière avec son personnage minimal du Tarconi en vacances. Reste qu’il n’est pas tendre avec l’écriture de son personnage. Il a déclaré en parlant de Luc Besson, avec sa franchise habituelle sur Europe 1 « …Ce n’est pas toujours très bien écrit, il pourrait retravailler un peu plus les scénarios, les rendre un peu plus intelligents. Ce film est destiné à un public jeune et c’est un peu primaire… », source Yahoo. Il y a des morceaux de bravoures d’action, Louis Letterier – fils de François -, arrive à tirer son épingle du jeu de son statut de « Yes man ». Cette série de déclinaisons bessonniennes finit par lasser considérablement, montrant les limites du système des films estampillés-pilleurs et épuisants d’EuropaCorp.