Vu hier « Le cactus », sortie mercredi. Décidément, à l’instar des « cordonniers les plus mal chaussés », après Florence Quentin, en cette fin d’année, les films des scénaristes souffrent de leurs scénarios… Ici c’est simple, c’est « La chèvre » de Francis Veber (1981) + « Hommes, femmes, mode d’emploi » (1996) de Claude Lelouch. Rajoutons « Le grand fanfaron » (1975), l’un des sommets du film cornichon de Philippe Clair, avec Michel Galabru, Claude Melki et Micheline Dax, pour le côté nanar en Inde… Les scénaristes avouent avoir fait 21 version du scénario !, permettez-moi de rester perplexe. Le tandem Michael Munz et Gérard Bitton, dont les scénarios sont reconnus – Valérie Lemercier ne tarissait pas d’éloge envers eux, lors de sa « promo » -, et « Ah, si j’étais riche » était une réussite portée par l’humanité de Jean-Pierre Darroussin. La comédie repose ici sur l’éternelle confrontation de deux protagonistes, copains depuis l’enfance, l’hypocondriaque casse-pieds, fragile mais pour mieux rebondir – Pascal Elbé dans le rôle de Sami-, et le meilleur copain, solide, blindé, rancunier, se donnant pour son travail, et évidemment se prenant les pieds dans le tapis – Clovis Cornillac dans le rôle de Patrick Machado, digne successeur d’un Gérard Depardieu première manière -. Le principe « Pignonisant » est respecté à la lettre, c’est ici une nouvelle déclinaison de l’œuvre de Francis Veber, mais force est de constater, que le duo Elbé-Cornillac, fonctionne parfaitement.

Clovis Cornillac, un comédien tellement bon, qu’il vole la vedette à un singe !

Mais l’histoire se disperse, manque de rythme, le voyage en Inde est assez touristique, mais on a du mal à croire à leur pérégrinations. Les réalisateurs avaient ici matière à faire une critique de nos travers contemporains, ils n’utilisent que la mécanique du gag. Pour finir l’amalgame d’une médecine traditionnelle impuissante – curieux d’ailleurs que Michel Cymes dont on entend la voix, se prête à cette farce -, contre des soins ancestraux en Inde, et même assez malsaine. Très conventionnel, le film reste pourtant divertissant, si Jean-Pierre Darroussin ne fait que passer, et quelques seconds rôles flirtent avec la caricature, les médecins – Christian Charmetant et Éric Seigne – ou les producteurs TV – Jacky Nercessian et Élise Larnicol -, Pierre Richard compose un personnage efficace, même si peu présent – son « No soussaï » devrait faire son bonhomme de chemin et Alice Taglioni est touchante et séduisante. Ce film est l’occasion de confirmer le talent du tandem Elbé-Cornillac, qui ont une gamme de jeu très étendue, ils confirment qu’ils sont capables de passer du film d’auteur au divertissement avec dextérité. Il faut bien le dire, ils sauvent ici le film. À noter sur vos tablettes la diffusion de « Gris Blanc » sur Arte, vendredi soir, téléfilm de Karim Dridi, avec Clovis Cornillac en vedette.