Annonce de la mort ce jour de Gérard Oury à Saint-Tropez dans le Var, ce jour, à l’âge de 87 ans. Max Gérard Oury est né le 24 avril 1919. Il débute comme comédien après avoir suivi les cours de René Simon. Il fut pensionnaire à la Comédie Française, avant de se réfugier en Suisse durant la seconde guerre mondiale. Il revient en France en 1945, avant de se lancer dans le cinéma. On le reconnaît en passant dragueur dans « Antoine et Antoinette » (1948) de Jacques Becker. Sa carrière de comédien fut finalement très honorable, de son rôle de chirurgien esthétique opérant Michèle Morgan – qui partagera sa vie après le décès d’Henri Vidal – dans « Le miroir à deux faces » (1958) d’André Cayatte, et surtout l’excellent polar d’Édouard Molinaro, « Le dos au mur » (1958), dont il partageait la vedette avec Jeanne Moreau. Il avait même joué Napoléon dans « La belle espionne » de Raoul Walsh, en 1953. Assez déçu par ses propositions comme acteur, ll s’essaie au scénario avec « Le miroir à deux faces », donc qui fit l’objet d’un remake de la part de Barbara Streisand (« Leçons de séduction », 1996), et « Babette s’en va t’en guerre » (Christian-Jacque, 1959), réjouissante comédie avec un Francis Blanche au sommet de son art. Il débute au cinéma, avec quelques œuvres honorables comme « La main chaude » (1959), « La menace » (1960) et « Le crime ne paie pas » (1961) adaptation d’une populaire bande-dessinée de Paul Gordeaux, cédant à la mode des films à sketches, où l’on retrouve un jubilatoire Louis de Funès en barman excentrique, ce qui lui avait donné des avants-goûts de comédie. Et il connaît le succès faramineux que l’on sait en opposant Bourvil et De Funès dans « Le corniaud » (1964 et « La grande vadrouile » (1966), co-écrit avec Marcel Jullian. Sa propre fille Danièle Thompson accompagne son œuvre comme scénariste à partir de « La grande vadrouille ». Suivent « Le cerveau » (1968), avec Bourvil, Jean-Paul Belmondo, David Niven et Elie Wallach, et « La folie des grandeurs » (1971), réjouissante parodie de « Ruy Blas », où l’on devait retrouver le tandem De Funès-Bourvil, mais c’est Yves Montand qui reprend le rôle du valet au pied levé à la mort de ce dernier. Sa meilleure comédie reste « Les aventures de Rabbi Jacob » en 1973, où il réussit à nouveau à faire une réjouissante comédie dans un contexte dramatique, Louis de Funès confine au génie, et personne n’oubliera sa célèbre réplique à Henry Guybet « Salomon, vous êtes Juif ! ». Il devait retrouver ensuite de Funès dans « Le crocodile » où il devait jouer un dictateur d’opérette, mais le projet est annulé suite aux problèmes cardiaques de ce dernier. S’il cède parfois à la facilité, Marcel Dalio déclarait dans ses mémoires qu’on le surnommait « The thief of Bad Gags » – comprendre le voleur de mauvais gags -, ces comédies participent à celles qui donnent leurs lettres de noblesse à la comédie en France. Pierre Richard s’intègre ensuite parfaitement à son univers avec « La carapate » (1978) et « Le coup du parapluie » (1980). Mais les succès records de son cinéma, finissent par irriter la critique, l’on se souvient de la polémique assez vaine, attribuant l’échec de fréquentation d’ « Une chambre en ville » de Jacques Demy, aux entrées de « L’as des as » en 1982, avec un Belmondo, en pleine forme. Restent que ces films suivants deviennent de plus en plus décevants, avec « La vengeance du serpent à plumes » (1984), avec Coluche, « Lévy et Goliath » (1986) avec Richard Anconina et Michel Boujenah, et « Vanille Fraise » (1989) s’amusant de l’affaire des époux Turange, avec Pierre Arditi, Sabine Azéma et Isaach de Bankolé. Ces trois derniers films sont d’ailleurs assez peu mémorable, Christian Clavier cabotine allégrement dans « La soif de l’or » (1992), Philippe Noiret et Gérard Jugnot en fantômes peinent à animer le poussif « Fantôme avec chauffeur » (1995), et Smaïn n’arrive pas à nous faire oublier Fernandel dans l’inutile remake du beau film de Marcel Pagnol, « Le schpountz » en 1999. Mais le bilan est très positif, nombre de scènes des films de Gérard Oury, sont inscrits dans notre inconscient collectif, et il a prouvait que l’on peut très bien être populaire en faisant de la qualité. On lui devait un livre de mémoire « Mémoires d’éléphant » paru en 1988 et il avait reçu un César d’honneur en 1993. Saluons donc ce grand monsieur en souvenir de très nombreux rires. Signalons qu’en hommage France 3 popose ce soir « La carapate » à 20h55 et « Le miroir à deux faces » à 23h10.
Filmographie : Comme acteur : 1941 Les petits riens (Raymond Leboursier) – 1942 Le médecin des neiges (Marcel Ichac, CM) – 1946 Antoine et Antoinette (Jacques Becker) – Du Guesclin (Bernard de Latour) – Jo la romance (Gilles Grangier) – 1949 La belle que voilà (Jean-Paul Le Chanois) – La souricière (Henri Calef) – 1950 Garou-Garou, le passe-muraille (Jean Boyer) – Sans laisser d’adresse (Jean-Paul Le Chanois) – 1951 La nuit est mon royaume (Georges Lacombe) – 1952 The sword and the rose (La rose et l’épée) (Ken Annakin) Sea devils (La belle espionne) (Raoul Walsh) – 1953 The heart of the matter (Le fond du problème) (George More O’Gerrall) – Father Brown (Détective du bon Dieu) (Robert Hamer) – 1954 L’eterna femmina / L’amanti di Paride (Marc Allégret & Edgar G. Umer) – La donna del fiume (La fille du fleuve) (Mario Soldati) – They who dare (Commando sur Rhodes) (Lewis Milestone) – 1955 Les héros sont fatigués (Yves Ciampi) – La meilleure part (Yves Allégret) – 1956 House of secrets (La maison des secrets) (Guy Green) – 1957 Le dos au mur (Édouard Molinaro) – Méfiez-vous fillettes (Yves Allégret) – Le 7ème ciel (Raymond Bernard) – 1958 Le miroir à deux faces (André Cayatte, + co-scénario) – The journey (Le voyage) (Anatole Litvak) – 1961 Amours célèbres (Michel Boisrond) – 1963 À couteaux tirés (Charles Gérard) – The prize (Pas de lauries pour les tueurs) (Mark Robson) – 1985 Un homme et une femme : vingt ans déjà (Claude Lelouch, cameo) – 2001 Là-haut, un roi au dessus des nuages (Pierre Schoendoerffer). Télévision : 1954 Maison de poupée (Claude Loursais) – La galerie des glaces (Jean-Paul Carrère) – 1955 En votre âme et conscience : L’affaire Roux (Claude Barma) – 1956 Virage dangereux (Stellio Lorenzi). Voxographie : 1951 Le costaud des Batignolles (Guy Lacourt, voix seulement) – 1952 Horizons sans fin (Jean Dréville, voix seulement) – 1956 Le ciel des hommes (Yvonne Dornes, CM, voix du récitant) – 1957 Les marines (François Reichenbach, CM, voix du récitant) – 1964 Le vrai visage de Thérèse de Lisieux (Philippe Agostini, CM, voix du récitant). Comme réalisateur : 1959 La main chaude (+ co-scénario) – 1960 La menace (+ adaptation) – 1961 Le crime ne paie pas (+ scénario) – 1964 Le corniaud (+ scénario) – 1966 La grande vadrouille (+ co-scénario) – 1971 La folie est grandeurs (+ scénario) – 1973 Les aventures de Rabbi Jacob (+ scénario) – 1978 La carapate (+ scénario) – 1980 Le coup du parapluie (+ scénario) – 1982 L’as des as (+ scénario) – 1984 La vengeance du serpent à plumes (+ scénario) – 1989 Vanille-fraise (+ scénario) – 1992 La soif de l’or (+scénario) – 1995 Fantôme avec chauffeur (+scénario) – 1999 Le schpountz (+ adaptation). Scénario seulement : 1959 Un témoin dans la ville (Édouard Molinaro) – Voulez-vous danser avec moi (Michel Boisrond, adaptation).
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