Certains films laissent perplexe comme ce « Frères de sang » de Kang Je-gyu. Dès les premiers plans du film, je me dis qu’il va falloir passer près de 2h30, ce qui est une perspective affolante pour cette oeuvre qui manque singulièrement d’affect. Ce mélange de mièvrerie et de sauvagerie inouïe, louche sur le l’efficacité d' »Il faut sauver le Soldat Ryan ». On passe son temps à faire l’aller et le retour entre ces deux films, ce qui est assez fatiguant. Rajouter à tout ça une pincée de « Sergent York », chef d’oeuvre d’Howard Hawks où un pecors – Gary Cooper – devient machine de guerre, saupoudrer le tout d’un glaçage hollywoodien, caractérisez bien outrageusement, les personnages, histoire de loucher un peu sur le public occidental et les amateurs de jeux video. On retrouve tout dans ce film, Les grandes amours contrariées, Les glaces à l’eau, le patriotisme… Pervertir l’histoire complexe de la Corée pour donner un spectacle me paraît assez vain finalement. Et enfin sortir de ce film, laminé, rincé, blême comme au sortir du train fantôme, pour se dire « C’est comme les coups sur la tête, ça fait du bien quand ça s’arrête ! ». La débauche de moyens et une musique tendance « N’est pas Morricone » qui veut, dessert le film déjà bien roublard et faussement réaliste. Si vous souhaitez savoir ce que l’on ressent dans un tambour d’une machine à laver, aller voir ce film…

Lessivé, on titube vers la sortie, accompagné des mines défaites des spectateurs, les grands moments d’émotions et de dédramatisation flirte en fait avec le ridicule, et rien ne nous est épargné dans la guimauve. Et l’on se souvient du dernier petit miracle du cinéma coréen « Locataires », et deux des meilleurs films de 2004, « Old boy » et le magistral « Memories of Murder », et l’on pense que surfer sur la mode extrème-orient n’augure pas que des chefs-d’oeuvres. Ce « frères de sang » me semble complaisant et démonstratif, mais tout ça reste de la subjectivité, au regard de quelques critiques positives, mais le temps est très long quand on reste à la porte d’un film. C’est dommage pour un sujet pareil… A noter que la comédienne du film Lee Eun Joo, c’est bien sûr triste car sa grande scène est un des trop rares moments émouvants du film.