Cyd Charisse dans « Les sept cités d’Atlantis »

Annonce de la mort de Cyd Charisse, à l’âge de 86 ans. Peu de stars internationales ont eu sa beauté sculpturale et son charme. On est surpris de la grande sévérité de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon dans « 30 ans de cinéma américain » « Elle n’a dansé qu’un seul été, celui de la comédie musicale new-look qui fut bien bref. Un travelling latéral qui suivait une glissade de Gene Kelly, fit soudain entrer dans le champ sa jambe tendue et les coeurs se mirent à battre tandis que la caméra remontait lentement le long d’un des plus beaux corps jamais vus sur l’écran. C’était « Singin’ in the Rain » où, fort heureusement pour nos illusions elle ne faisait que danser. Par la suite, il fallut déchanter : elle ne chantait pas et jouait médiocrement, se contentant de promener un visage glacial, pâle contretype de celui d’Ava Gardner ».  Tula Ellice Amarillo dite « Sid », née au Texas. Un médecin conseille à cette fillette fluette de santé fragile de faire de la danse classique. Ses parents bijoutiers l’y encouragent, elle révèle dans cette activité une grande aisance. Elle épousera l’un de ses professeurs Nico Charisse. Elle débute sous le nom de Lily Norwood en 1943. Le producteur Arthur Freed, enthousiaste de ses performances sur le tournage de « Ziegfeld Follies », lui signe un contrat de 17 ans. Son apparition dans « Chantons sous la pluie » était à couper le souffle. Dans « Tous en scène », autre chef d’oeuvre du genre, on se régale de voir sa rivalité, en danseuse classique avec un danseur sur le retour joué par Fred Astaire. Dans « Brigadoon » – première comédie musicale en Cinémascope – dans les Highlands d’Écosse dont l’artifice est magnifié par Vincente Minelli, on comprend qu’un américain pragmatique veuille rester avec elle dans un monde imaginaire, n’apparaissant que tous les 100 ans. Elle est lumineuse dans le remake un peu terne de « Ninotchka », « La belle de Moscou » par Rouben Mamoulian, qu’elle illumine de sa grâce face à Fred Astaire. Elle prouvera son talent dramatique dans « Traquenard » (1960), film noir de Nicholas Ray, où elle est une danseuse voulant remettre sur « le droit chemin » un Robert Taylor qui campe un avocat au service de caïds de Chicaco. Elle participe en 1962 avec Dean Martin, au dernier tournage de Marilyn Monroe, avec un remake du film « Mon épouse favorite » réalisé par Garson Kanin, qui raconte les avatars d’un veuf qui s’est remarié et qui retrouve sa femme qu’il croyait décédée. Le film restera inachevé dans les circonstances que l’on connaît. Vincente Minnelli l’emploie à nouveau dans « Quinze jours ailleurs », portrait des vanités de la société du spectacle, où elle joue l’ex-femme d’un acteur star de Hollywood – Kirk Douglas -, qu’elle retrouve déchu sur un tournage à Rome. « Les septs cités d’Atlantis » – qui passe en ce moment sur la chaîne câblée Ciné FX – sera son dernier film. « On n’ose supposer que la présence de Cyd Charisse dans cette cité sous-marine soit un hommage à « Chantons sous la pluie », mais au point où on en est » déplora François Chevassu dans « La saison cinématographique 1979 ». Mais au final elle aura gardé son statut de mythe. Jean-Claude Missiaen lui avait consacré en 1979, un superbe livre « Cyd Charisse, du ballet classique à la comédie classique » – rareté désormais très recherchée – aux éditions Henri Veyrier.

Avec Gene Kelly dans « Chantons sous la pluie »

Filmographie : 1941  Rhumba serenade (CM) – Poème (CM) – I knew it would be this way (CM) – Did anyone call ? (CM) – 1942  Something to shout about (Gregory Ratoff) – This love of mine (CM) – Mission to Moscow (Michael Curtiz) – Magic of magniolas (CM) – 1943  Thousands cheer (Parade aux étoiles) (George Sidney) – 1944  Ziegfeld Follies (Id) [sketches : « Here’s to the ladies » (George Sidney) & « Beauty » (Vincente Minelli)] – 1945  The Harvey girls (Harvey Girls) (George Sidney) – 1946  Three wise fools (Edward Buzzell) – Till the clouds roll by (La pluie qui chante) (Richard Whorf) – 1947  Fiesta (Senorita Toréador) (Richard Thorpe) – The unfinished dance (La danse inachevée) (Henry Koster) – 1948  On an island with you (Dans une île avec vous) (Richard Thorpe) – Words and music (Ma vie est une chanson) (Norman Taurog) – The kissing bandit (Le brigand amoureux) (Norman Taurog) – 1949  Tension (John Berry) – East Side, West Side (Ville haute, ville basse) (Mervyn LeRoy) – 1951  Mark of renegade (Le signe des renégats / Le chevalier marqué) (Hugo Fregonese) – 1952  The wild North (Au pays de la peur) (Andrew Marton) – Sigin’ in the rain (Chantons sous la pluie) (Gene Kelly & Stanley Donen) – 1953  Sombrero (Id) (Norman Foster) – The band wagon (Tous en scène) (Vincente Minnelli) – Easy to love (Désir d’amour) (Charles Walters) – 1954  Deep in my heart (Au fond de mon coeur) (Stanley Donen) – Brigadoon (Id) (Vincente Minnelli) – 1955  Motion picture theatre celebration (CM)  – It’s always fair weather (Beau fixe sur New-York) (Stanley Donen & Gene Kelly) – 1956  Meet me in Las Vegas (Viva Las Vegas) (Roy Rowland) – 1957  Silk stockings (La belle de moscou) (Rouben Mamoulian) – 1958  Twilight for the gods (Crépuscule sur l’océan) (Joseph Pevney) – Party girl (Traquenard) (Nicholas Ray) – 1960  Les collants noirs / Un deux trois quatre (Terence Young) – 1961  Cinque ore in contanti / Five golden hours (Mario Zampi) – 1962  Something go to give (George Cukor, inachevé) – Two weeks in another town (Quinze jours) (Vincente Minnelli) – 1963  Assassinio  made  in  Italy / Il segreto del  vestito  rosso /  El segreto de Bill North  (Silvio Amadio) – 1966  The silencers (Matt Helm agent très spécial) (Phil Karlson) – Maroc 7 (Maroc, dossier N¨7) (Gerry O’Hara) – 1972  Film portrait (Jerome Hill, documentaire) – 1975  Won Ton Ton the dog  who saved Hollywood (Michael Winner) – 1978  Warlords of Atlantis (Les sept cités d’Atlantis) (Kevin Connor) – 1989  Visioni private (Antonio Bruschetta, Francesco Calogero & Donald Ranvaud) – 1994  That’s entertainment ! III (Bud Friedgen & Michael J. Sheridan) – Télévision (notamment) : 1979  The love boat (La croisière s’amuse) : Super Mom / I’ll see you again / April’s return – 1980  Professional date (Steven Hilliard Stern) – 1984  Sentimental journey (James Goldstone) –  (William Cosel) – Glitter (Gabrielle Beaumont) – Kim Friedman, Alan Rafkin & Robert Scheerer) – Sentimental journey – 2003  Satin and silk (Peter Fitzgerald, CM video) –  2008  Meutres à l’Empire State Building (William Karel, documentaire fiction). Nota : Elle est parfois créditée à tort dans la distribution de « The player » (Robert Altman, 1991).

Bibliographie : « Stars N°18 » (Hiver 93); « Quinlan’s film stars » (Batsford, 2000).