img514/7284/clerks2fn0.jpg En aparté, dernier salut à un vieux cabot institutionnel qui nous parle une dernière fois, 5 minutes – douche comprise ? -, je ne sais pas si c’est l’effet de la lecture du prompteur ou les affres de la maladie, mais j’ai crû voir un zombie d’un film de Romero mâtiné de Louis XV. On peut lui préférer le génial Robert Hirsch nous livrant un formidable numéro lundi soir à la cérémonie des Molières avec un grand sens de l’autodérision et du panache. Pour rester dans une certaine inanité , j’ai vu « Clerks 2 » avec un vague bon souvenir du premier opus, « Clerks, les employés modèles », film fauché en noir et blanc. Nous étions 2 dans la salle, et j’avais l’appréhension morose de m’attendre à voir exploité à l’envi de filon de ses employés minables – après  « Clerks, The cartoons », la série TV)- .  La vulgarité est à la mode, citons Jean-Marie Bigard et son célèbre poil de cul dans la savonnette, il fallait le voir un jour chez Michel Denisot, louer que son anus soit érogène pour finir par demander à la belle Valeria Golino s’il peut se caresser quand elle parle… Il finit légitimement par grossir la longue liste des souteneurs de Nicolas S. N’est pas Rabelais qui veut, faire frémir nos zygomatiques avec quelques énôôôrmités n’est pas donné à tout le monde. Il faut un sacré talent pour nous amuser avec ces matières, mais bonne surprise c’est le cas ici avec ce film de Kevin Smith. On le retrouve donc douze ans qui joue avec nos « nerds » Dante Hicks – Brian O’Halloran, la trentaine fatiguée – et Randall Graves – Jeff Anderson, et son sempiternel petit côté potache -, travaillant désormais dans la restauration rapide, Randal ayant oublié d’éteindre la cafetière et ayant mis le feu à son magasin. Dante doit se marier avec une femme aisée, et veut quitter le fast-food.

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Rosario Dawson & Brian O’Halloran

Randal appréhende de se retrouver seul, et se console en faisant du jeune cuistot du lieu son souffre-douleur, ce qui est d’autant plus aisé que ce dernier est fan des « Transformers ».  Dante a lui des affinités, avec la gérante du restaurant, la belle Becky – Charmantissime Rosario Dawson, venant du vivier Rodriguez-Tarantino, dans un rôle plus sage qu’à l’accoutumé-. Jay et Silent Bob – Jason Mewes et Smith himself -, zonards dealers qui viennent de purger une peine de prison, retrouvent leurs marquent en végétant devant le restaurant. Kevin Smith joue avec bonheur avec la vacuité de son scénario, pour preuve il y a même une apparition de Ben Affleck – du latin « affligere » -. La modestie du traitement finit par donner un résultat assez plaisant. Dans un jeu « tarantinien » d’éloge de la sous-culture, il continue à nous amuser, les fans de « La guerre des étoiles », devant composer désormais avec ceux du « Seigneur des anneaux ». Randal, éternel « adulescent »,  finit par accuser une sorte de « coup de vieux », comme dans la scène où il est humilié par le décalé Jason Lee. Il se paie même le luxe de flirter avec la mièvrerie. Mais les personnages évoluent, trouvant une gravité inattendue avec la maturité, la manifestation d’une jovialité permanente finit par lasser place à une inquiétude sourde à l’avenir. Mais le mauvais goût assumé de situations vraiment scabreuses est ici assez réjouissant, on retrouve avec plaisir la scène culte de Jay, rejouant la célèbre danse de Ted Levine dans « Le silence des agneaux ».  Au final, même si curieusement il y a un conformisme inattendu, c’est une bonne surprise, surtout en comparaison avec le tout venant des comédies françaises actuelles. A défaut d’originalité, ce recyclage se révèle assez réjouissant. Le film est un peu à l’image de la scène ahurissante avec l’âne, « c’est dégoûtant, mais on ne peut pas s’empêcher de regarder ».