Communiqué du 7 avril 2005 : Avec la disparition de Jacques Poitrenaud, le Festival de Cannes perd un de ses fidèles compagnons de route. Infatigable animateur et défenseur passionné du cinéma français, Jacques, à Cannes, a dirigé tour à tour la section Perspectives du Cinéma Français puis, pendant dix ans, la section officielle Un Certain Regard. Il est aussi l’auteur de comédies espiègles dont les acteurs s’amusaient autant que les spectateurs. Pour saluer sa mémoire, le Festival de Cannes a décidé de lui rendre hommage en dédiant à Jacques Poitrenaud l’édition 2005 du Certain Regard. Source : Festival de Cannes.

Il n’y a pas que le festival de Cannes dans le cinéma… Un blog de cinoche, sans parler de Cannes ? Mais qu’en dire en voyant le festival de sa petite « lucarne ». L’hommage du festival au sujet de Jacques Poitrenaud, me donne envie de parler d’un petit bijou aussi jubilatoire que le « Marie-Chantal contre le docteur Khâ » de Claude Chabrol (1965)  : « Carré de dames pour un as » (1966). Hanin dynamite son image de « Tigre » avec humour, dans ce rôle de Layton, un espion désinvolte. Il a un clin d’oeil malicieux avec l’arrivée de Serge Gainsbourg demandant du feu à Layton, et ce dernier répond que dans un film d’espionnage il aurait le rôle du faux jeton. Les dialogues de Jean-Loup Dabadie sont brillants et François Maistre est excellent en grand méchant, supprimant toute preuve de son existence à son passage. Il y a un petit jeu subtil avec sa voix – mais chut…- et comme disait Hitchcock meilleur est le méchant, meilleur est le film… Il y a aussi, oubliés des dictionnaires de Raymond Chirat, Henri Crémieux, dans le rôle de Marvier, supérieur de Layton désabusé et sous pression et Jean-Pierre Darras, qui compose un excellent numéro de flic blasé face au grand méchant François Maistre. Le film étonne par son humour ravageur et distancié porté par Roger Hanin, et autour du trio de femmes fatales Sylva Koscina, Dominique Wilms, Laura Valenzuela, Catherine Allégret, jalouse comme une tigresse dévoile une belle énergie et leurs volent allégrement la vedette.

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Affiche provenant des « Gens du cinéma »

En hommes de main on retrouve Guy Delorme (Jésus) et Henri Lambert (Adams), formant un duo de méchants décalés et désinvolte. Ils parlent de manger de l’Osso Bucco avant d’attaquer un commissariat… On retrouve beaucoup de seconds couteaux formidables – la plus part non crédités bien sûr -, Michel Duplaix (crédité Duploix !) et Philippe Brigaud en hauts fonctionnaires, Michel Vocoret en photographe, l’acteur-cascadeur Sylvain Lévignac en consommateur au bistrot, Paul Pavel en homme de main sacrifié, Anna Gaylor en vendeuse, Renée Gardès en bonne espagnole (un visage étonnant) ou Michel Charrel en joueur de poker. Il y a aussi Lionel Vitrant en chauffeur d’Hakim Gregory. Il avait un rôle important dans « Borsalino and co » de Jacques Deray en 1974 aux côtés d’Alain Delon et il crevait l’écran. C’était émouvant de le retrouver lui et son fils dans un documentaire « Les cascadeurs » diffusé l’an dernier sur La Cinq. Le fils a pris la relève et les cascades, selon lui le son père était trop intègre pour ne profiter de l’estime que lui portait Alain Delon, pour être plus en lumière. Saluons ces artistes, souvent de l’ombre, on reconnaît encore Lionel Vitrant au détour d’une scène… Petite énigme, il semble y avoir une version espagnole, – voir fiche du film en début – signé Poitrenaud également avec Fred Williams, Barbara Rütting Elisa Montes, Luis Morris et Horst Tappert – le fameux Derrick -. J’ai mis tout ce petit monde en non crédité – « uncredited » sous la fiche d’IMDB faute d’avoir d’autres précisions, si quelqu’un a une info à ce sujet, merci d’avance…