On pouvait attendre de ce film, qu’il rende compte de la noirceur originelle du personnage de Maurice Leblanc. A la télévision, on peut d’ailleurs préférer l’incarnation de Jean-Claude Brialy dans « Arsène Lupin joue et perd » (Alexandre Astruc, 1980), à celle surestimée de la série avec Georges Descrières.
Ce film se sert de la renommée du personnage, pour n’en faire qu’un » Young Indiana Jones » à la française. C’est une amère déception pour ce film comme pour les récentes adaptations de « Vidocq » où « Belphégor » en attendant « Les chevaliers du ciel » ou un éventuel « Fantômas ». Pourquoi s’éloigner de la richesse de l’œuvre originale, avec ce scénario rocambolesque ? (Même reproche que pour « D’Artagnan et les trois mousquetaires » version TV de Pierre Aknine, sur TF1).
Romain Duris & Kristin Scott Thomas
Romain Duris est pourtant très crédible dans le personnage – cet emploi est une formidable idée, il a depuis prouvé sa maturité dans le film de Jacques Audiard « De battre son coeur s’est arrêté » –.
Kristin Scott-Thomas, Pascal Greggory, Philippe Magnan ou Robin Renucci font ce qu’ils peuvent avec des personnages caricaturaux. On peut louer la richesse de la reconstitution, s’amuser à trouver décalée la présence d’un Xavier Beauvois en docteur, saluer Philippe Laudenbach ou le grand retour de Mathieu Carrière, trouver charmantes Marie Bunel et Eva Green (digne fille de sa mère), mais l’impression à l’arrivée de divertissement laisse un sentiment assez vain.
Philippe Lemaire
Ce film est l’occasion de retrouver pour la dernière fois Philippe Lemaire en cardinal brûlé vif. C’était une véritable star des années 50-60, injustement oubliée depuis. Il semblait retrouver depuis peu le chemin des studios (Le chef maffieux dans « Gomez & Tavarès », le père grand bourgeois et intolérant de Patrick Chesnais dans « Mariage mixte », mais il s’est suicidé sous une rame de métro en mars 2004. On le comparait beaucoup à Michel Auclair auquel il ressemblait un peu. Il était d’une lucidité remarquable, voir son entretien dans feu « La revue du cinéma » dans les années 80. Triste parcours idole un jour, second couteau ensuite. Le film lui est dédié. Retrouvez l’indispensable hommage d’Yvan Foucart : via le lien Les gens du cinéma
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