Je me régale de  chacune des apparitions télé de Luc Besson, en promo pour son film « Angel-a ». Il faut le voir son « marketinge », du style, on sous expose, tout en surexposant, chez Rouiller, Cauet, Fogiel, Denizot, parader comme un « mogul » à la française, d’un grotesque achevé, qui aurait gardé son âme d’enfant. Il nous dit retourner à ses premières amours, avec un petit film en noir et blanc, dans un Paris au mois d’Août, histoire de retrouver l’esprit du « dernier combat » (1982). Il livre des infos contradictoires, se comparant à cuistot, qui ne voudrait pas dévoiler ses petits secrets de fabrication. Tans pis, moi qui avait toujours rêvé de connaître ceux de « Picard surgelés »… Car l’usine « Europacorp », nous livre souvent du « fast-view » – dont quelques films parmi les plus flonflons du cinéma de ces dernières années -, ils aident certes des auteurs comme Gary Oldman ou Tommy Lee Jones, mais baignent trop souvent dans l’inconsistance. Grand moment de télévision samedi dernier, l’équipe de « Radio+ », excellente émission de Canal + avait débarqué dans les bureaux d’Europacorp » déguisés en super-héros débiles en demande de financement pour un scénario anémiques. Il fallait voir le manque flagrant d’humour de la maison de production. Si le sieur Besson se donnait autant de mal à faire des films, qu’à se foutre de notre gueule, on aurait peut être un résultat convenable. Car désolé de dévoiler ici le pot aux roses de toutes ses petits mystères, c’est dans le meilleur des cas un canular, dans la pire une arnaque. Bon, on est beau joueur, on s’est fait rouler, mais le Luc, il a des frais, attaquer des revues sans défenses comme « Brazil » – qui l’attaquait aussi sur son physique, ce qui est assez bêta -, payer son château et ses avocats, pour des idées volées à Katerine Bigelow ou à de jeunes scénaristes. L’homme d’affaires a pris le pas sur un réalisateur pourtant doué.

Jamel Debbouze

Et le film en lui-même alors, et bien le scénario de film, personne n’en voudrait pour un court-métrage de film de fin d’études. Ca commence comme dans « Une fille sur le pont » (1998), et ça se termine par une idée déjà exploitée avec brio par Franck Capra, Pier Paolo Pasolini et Wim Wenders, et avec beaucoup moins de bonheur par Marcel Carné. C’est l’unique surprise du film, vite éventée. On ne va pas non plus attendre de lui une idée originale, à l’image d’Angela se séchant dans les toilettes publiques comme Madonna le faisait dans « Recherche Susan désespérément ». Reste que Luc Besson reste indigne de ne pas donner un beau rôle à un grand comédien, Jamel Debbouze, qui préfère faire un petit rôle chez Spike Lee, plutôt que participer à quelques comédies faciles. S’il n’arrive pas à sauver ce film soporifique, il est désormais mûr pour les grands rôles… Il y a deux autres personnages Angela, on n’est pas obligé de partager les fantasmes du réalisateur pour les mannequins blondes platines et dégingandées, vues il y a très peu de temps encore dans « Transporteur 2 ». C’est ici Rie Rasmussen – déjà pygmalionisée par Brian de Palma -, qui s’y colle, la surprise de voir ses 1m80 aux côtés de Jamel, déjà largement éventée depuis son apparition dans les Césars avec Adriana Karembeu, on passe le temps à essayer de comprendre son français. A l’instar de Boby Lapointe, chanteur sous-titré dans « Tirez sur le pianiste », on aurait souhaité la même chose pour elle et on jette tout de même un voile pudique sur son jeu. Le second personnage c’est Paris, mais jamais on évite le côté carte postale, après l’œuvre d’Agnès Varda, c’est un choc. La photo signée pourtant Thierry Arbogast, fait penser à une pub sans fin, et on attend à chaque instant à voir apparaître, en incrustation, un flacon de parfum. On peut se demander, quand on voit souvent des films en noir et blanc des années 30 à 70, le pourquoi de la disparition de cette magie. Et les seconds rôles… Gilbert Melki ne fait que passer, Serge Riaboukine continue dans le registre « ogre » du cinéma français – on peut le préférer dans le téléfilm de Karim Dridi « Gris blanc », diffusé sur Arte  -, Olivier Claverie parfait son rôle de personnage antipathique, et Franck-Olivier Bonnet retrouve son habituel personnage de beauf dans une boîte de nuit. Tout baigne dans un prêchi-prêcha d’un boursouflé d’autosuffisance, de quelqu’un qui ne voudrait pas descendre de sa tour d’ivoire. Bref, comme chantait Sophie Marceau « Bérézina, nougat et chocolat ». Et un sujet de plus, dans le style arnaque de « Noël » pour Julien Courbey sur TF1, pour ce film survendu et translucide.