Annonce de la mort d’André Falcon, le 22 juillet dernier à l’âge de 84 ans. Il débute au théâtre auprès de Gaston Baty, avant de connaître le succès dans « Le cid » de Corneille en 1959. Il devint à 25 ans le plus jeune sociétaire de la Comédie Française. Le cinéma s’intéresse à lui dans les années 60, alors qu’il quitte « La Maison de Molière » en 1966. On le remarque ainsi dans « Paris brûle-t’il ? » – tourné en 1965 -, il est l’homme qui fait cesser les querelles internes de résistants en brisant une armoire vitrée. François Truffaut lui donne un de ses rôles les plus mémorables avec le directeur de l’agence de détectives qui engage Jean-Pierre Léaud dans « Baisers volés » (1968). Il devient le notable type ou le grand bourgeois des années Pompidou puis Giscard, dans les années 70 et 80. Claude Lelouch l’emploie souvent et s’amuse même avec son image, tel l’homme kidnappé et humilié, forcé de jouer à la roulette russe par la bande des « Pieds Nickelés » dans « L’aventure c’est l’aventure ». La scène est d’une grande drôlerie en raison de la grande couardise de son personnage. On le retrouvera en bijoutier dupé dans « La bonne année » – il reprendra ce rôle dans « Le courage d’aimer » – et en avocat défendant André Dussollier dans « Toute une vie ». A noter qu’il tournera à 4 reprises dans des films espagnols, il est ainsi un directeur de banque braqué dans « Vivre vite », il est doublé dans la version originale. La télévision le sort aussi de ses emplois habituels, citons son rôle de propriétaire d’un magasin de prêt à porter victime d’une rumeur – inspirée de la rumeur d’Orléans – dans l’épisode « Joseph » de la série « François Gaillard ou la vie des autres » – à découvrir absolument en DVD aux éditions Koba films -. Face à Pierre Santini, en rescapé des camps de concentration, victime de l’antisémitisme, il tente de maîtriser vainement cette situation diffamatoire et incontrôlable, étant accusé de faire disparaître des vendeuses. Il est excellent aussi dans « Les rois maudits », où il compose un bouillant Enguerrand de Marigny, qui paiera de sa vie ses attitudes réformistes et son opposition à Charles de Vallois. Dans « Julien Fontanes, magistrat », il est le supérieur hiérarchique de Jacques Morel. Jacques Baudou & Jean-Jacques Schleret le décrivent à la perfection dans l’excellent « Meutres en séries » (Huitième art, 1990) en « directeur des affaires criminelles et des grâces à la Chancellerie : fonctionnaire aux bottes du garde des Sceaux, il est toujours prêt à ouvrir le parapluie et à désavouer Fontanes, bien que celui-ci lui ait à plusieurs reprises sauvé la mise : lors d’une affaire de drogue dans laquelle sa fille, Martine Le Cardonnois est impliquée « La 10ème plaie d’Égypte » ou lorsqu’il est pris en otage par des terroristes « Les nerfs en pelotes », ou encore lorsqu’il lui sert d’alibi durant sa liaison avec une jeunesse, qui a l’âge de sa fille. Le Cardonnois apporte souvent une note comique qui atténue la noirceur des récits ». Toujours sociétaire à la Comédie Française, il délaisse le cinéma ces dernières années, mais on retiendra sa composition de colonel ganache, qui tente de lire laborieusement un discours dans « Capitaine Conan ». Il eut également une importante activité dans le doublage, lire à cet effet Le blog sur le doublage. Il aura réussi à tirer son épingle du jeu, malgré les rôles stéréotypés dans lesquels il était parfois cantonné. Yvan Foucart rend hommage à Claude May, suite à sa disparition, sur le site des « Gens du cinéma ».
André Falcon dans l’épisode « Joseph » de la série « François Gaillard ou la vie des autres »
Filmographie : 1954 Le vicomte de Bragelonne (Fernando Cerchio) – 1965 Le due orfanelle (Les deux orphelines) (Riccardo Fredda) – Paris brûle-t-il ? (René Clément) – 1967 Le grand dadais (Pierre Granier-Deferre) – 1968 Baisers volés (François Truffaut) – 1969 Tout peut arriver (Philippe Labro) – L’aveu (Costa-Gavras) – L’homme de désir (Dominique Delouche) – 1971 Sans mobile apparent (Philippe Labro) – Un peu de soleil dans l’eau froide (Jacques Deray) – L’aventure c’est l’aventure (Claude Lelouch) – 1972 État de siège (Costa-Gavras) – Le silencieux (Claude Pinoteau) – Une journée bien remplie (Jean-Louis Trintignant) – Ras le bol (Michel Huisman) – Il n’y a pas de fumée sans feu (André Cayatte) – Le serpent (Henri Verneuil) – 1973 La bonne année (Claude Lelouch) – L’événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la lune (Jacques Demy) – Les aventures de Rabbi Jacob (Gérard Oury) – Un tueur, un flic, ainsi soit-il… (diffusé avec des inserts hard sous le titre : La balançoire à minouches) (Jean-Louis Van Belle) – Ce que savait Morgan (Luc Béraud, CM) – Nada (Claude Chabrol) – Toute une vie (Claude Lelouch) – 1974 Les seins de glace (Georges Lautner) – Borsalino and Co (Jacques Deray) – Die Antwort kennt nur der Wind (Seul le vent connaît la réponse) (Alfred Vohrer) – 1975 Le faux cul (Roger Hanin) – Docteur Françoise Gailland (Jean-Louis Bertuccelli) – Le bon et les méchants (Claude Lelouch) – La marge (Walerian Borowczyk) – 1976 Mado (Claude Sautet) – Le gang (Jacques Deray) – Madame Claude (Just Jaeckin) – Un neveu silencieux (Robert Enrico, téléfilm diffusé en salles) – 1977 L’homme pressé (Édouard Molinaro) – Sorcerer / Wage of fears (Le convoi de la peur) (William Friedkin) – Ne pleure pas (Jacques Ertaud, téléfilm diffusé en salles) – 1978 Los ojos vendados (Les yeux bandés) (Carlos Saura) – L’ange gardien (Jacques Fournier) – 1980 Pile ou face (Robert Enrico) – Trois hommes à abattre (Jacques Deray) – Deprisa, deprisa (Vivre vite) (Carlos Saura) – 1981 Mille milliards de dollars (Henri Verneuil) – 1984 Gare de la douleur (Henri Jouf, CM) – 1986 Veintisiete hores (27 heures) (Montxo Armandáriz) – 1994 Historias del Kronen (Les histoires du Kronen) (Montxo Armandáriz) – 1995 Capitaine Conan (Bertrand Tavernier) – 1996 Le gardien du phare (Nicolas Tempier, CM) – Familia (Fernando León de Aranoa) – 2003 Le genre humain – 1ère partie : Les Parisiens (Claude Leouch) –Le courage d’aimer (Claude Lelouch). Nota : 1975 Maître Pygmalion ou comment devenir un bon vendeur (Jacques Nahum & Hélène Durand) est un film d’entreprise, désitné à la formation à la technique des ventes en 10 épisodes. Voxographie succincte (doublage) : 1959 La scimittarra del saraceno (La vengeance du sarrazin) (Piero Pierroti) – 1962 Le masque de fer (Henri Decoin) – 1972 Il Decamerone proibito (Décaméron interdit) (Carlo Infascelli) – 1974 Les innocents aux mains pleines (Claude Chabrol) – 1978 Les sœurs Brontë (André Téchiné).
Télévision (notamment) : 1955 L’annonce faite à Marie (François Chatel) – 1960 Comdie Française : Tartuffe ou l’imposteur (Claude Dagues) – 1961 Comédie Française : Polyeucte (Alain Boudet) – 1966 Comédie-Française : Le cardinale d’Espagne (Jean Vernier) – 1966 Comédie Française : Les temps difficiles (Jean Pignol) – Manon : Le miroir à trois faces (Aimée Mortimer) – 1967 Tribunal de l’impossible : La bête de Gévaudan (Yves-André Hubert) – 1968 En votre âme et conscience : Les innocents d’Egalgson (Claude Barma) – Au théâtre ce soir : La part du feu (Pierre Sabbagh) – 1969 Allô police : Au diable la malice (Ado Kyrou) – 1970 La mort de Danton (Claude Barma) – 1972 François Gaillard ou la vie des autres : Joseph (Jacques Ertaud) – Les mal-aimés (Pierre Viallet) – L’inconnue du vol 141 (Louis Grospierre) – Les rois maudits (Claude Barma) – 1973 Témoignages : Peter (Édouard Luntz) – L’amour du métier (Yves Laumet) – 1974 Les cinq dernières minutes : Les griffes de la colombe (Claude Loursais) – 1974 Un bon patriote (Gérard Vergez) – 1975 Les grands détectives : Monsieur Lecoq (Jean Herman) – Messieurs les jurés : L’affaire Lambert (André Michel) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret hésite (Claude Boissol) – 1976 Les Monte en l’air (François Martin) – La pêche miraculeuse (Pierre Matteuzi) – 1977 La foire (Roland Vincent) – Rendez-vous en noir (Claude Grinberg) – Les femmes du monde (Georges Farrel) – Richelieu (Jean-Pierre Decourrt) – 1978 Les brigades du tigre : Cordialement vôtre (Victor Vicas) – Les bonnes âmes (Georges Farrel) – Les pieds poussent en Novembre (Pierre Viallet) – 1979 Histoires de voyous : Les marloupins (Michel Berny) – Il était un musicien : Monsieur Albeniz (Claude Lallemand) – Les yeux bleus (François Dupont-Midy) – Le journal (Philippe Lefebvre) – Ne rien savoir (Georges Farrel) – 1980 Petit déjeuner compris (Michel Berny) – Le mandarin (Patrick Jamain) – Julien Fontanes, magistrat : Par la bande (François Dupont-Midy) – Julien Fontanes, magistrat : Les mauvais chiens (Guy-André Lefranc) – Le carton rouge (Alain Quercy) – Les enquêtes du commissaire Maigret (Maigret et l’ambassadeur) (Stéphane Bertin) – À une voix près… ou la naissance d’une République (Alexandre Astruc) – 1981 Julien Fontanes, magistrat : Le soulier d’or (François Dupont-Midy) – Julien Fontanes, magistrat : Un si joli petit nuage (Jean Pignol) – Julien Fontanes, magistrat : La dernière haie (François Dupont-Midy) – Julien Fontanes, magistrat : La 10ème plaie d’Égypte (Patrick Jamain) – Les cinq dernières minutes : Le retour des coulons (Éric Le Hung) – Le bouffon (Guy Jorré) – Arcole ou la terre promise (Marcel Moussy) – Dickie-roi (Guy-André Lefranc) – Aide-toi… (Jean Cosmos) – 1982 Les invités (Roger Pigaut) – Le secret des Andrônes (Sam Itzkovitch) – Mozart (Marcel Bluwal) – Jupiter 81 (Maurice Frydland) – Julien Fontanes, magistrat : Cousin Michel (Guy-André Lefranc) – La marseillaise (Michel Berny) – Les poneys sauvages (Robert Mazoyer) – Le crime de Pierre Lacaze (Jean Delannoy) – Credo (Jacques Deray) – 1983 Tante Blandine (Guy Jorré) – Julien Fontanes, magistrat : Week-end au paradis (Guy-André Lefranc) – La veuve rouge (Édouard Molinaro) – Julien Fontanes, magistrat : Perpète (Jean-Pierre Decourt) – Le général a disparu (Yves-André Hubert) – Julien Fontanes, magistrat : Un coup de bluff (Daniel Moosman) – Thérèse Humbert (Marcel Bluwal) –1984 Julien Fontanes, magistrat : La pêche au vif (Guy-André Lefranc) – Les amours des années 50 : Les cinq doigts de la main (Catherine Roche) – 1985 Julien Fontanes, magistrat : Rien que la vérité (André Farwagi) – La politique est un métier (Maurice Frydman) – Stradivarius (Jacques Kirsner, diffusion en 1991) – 1986 Julien Fontanes, magistrat : Les nerfs en pelote (Jean-Pierre Decourt) – Julien Fontanes, magistrat : Jamais rien à Coudoeuvre (Roger Kahane) – Julien Fontanes, magistrat : Un dossier facile (Patty Villiers) – Julien Fontanes, magistrat : Retour de bâton (Guy-André Lefranc) – Le rire de Caïn (Marcel Moussy) – 1988 Le loufiat : Intrigue sur canapé (Maurice Fasquel) – 1989 Julien Fontanes, magistrat : Les portes s’ouvrent (Guy-André Lefranc) – L’agence : La croisière (Jean Sagols) – 1990 Drôles d’histoires / Intrigues : L’annonce (Stéphane Bertin, CM) – Drôles d’histoires / Intrigues : Les imposteurs (Christiane Spiero) – 1992 Mes coquins (Jean-Daniel Verhaeghe) – 1993 L’affaire Seznec (Yves Boisset) – Puissance 4 : Chiens écrasés (Gérard Poitou) – L’interdiction (Jean-Daniel Verhaeghe) – 1994 Assedicquement vôtre (Maurice Frydland) – 1995 Quatre pour un loyer (un épisode) – L’affaire Dreyfus (Yves Boisset) – 1999 Cordier juge et flic : L’honneur d’un homme (Paul Planchon) – 2001 Casas (Yves Boisset) – 2002 Nestor Burma : Mignonne, allons voir si la rose (Laurent Carcélès) – 2005 Jaurès, naissance d’un géant (Jean-Daniel Verhaeghe) – La femme coquelicot (Jérôme Foulon) – 2006 Le clan Pasquier (Jean-Daniel Verhaeghe) – 2007 Chez Maupassant : Ce cochon de Morin (Laurent Heynemann). Nota : IMDB crédite ce comédien à la télévision dans « Britannicus » (Jean Meyer, 1977) et « Henri IV » (Sacha Pitoëff, 1967), absents du très fiable « Les fictions française à la télévision » de Jean-Marc Doniak (Dixit-SACD, 1998).