Photo : Source « Le Point »

Annonce de la mort du comédien burkinabé Sotigui Kouyaté, samedi après-midi à Paris d’une maladie pulmonaire à l’âge de 74 ans. Après la mort de James Cambell-Badiane, c’est un nouveau grand deuil pour l’Afrique. Cet authentique griot était aussi  un ancien joueur de foot professionnel jusqu’en 1966. Il était également musicien et a connu comme comédien une consécration internationale sous la direction au théâtre de Peter Brook qui l’engagera pour le « Le Mahâbhârata » adapté par Jean-Claude Carrière, qui donnera également lieu à un film et une série télévisé en 1985.  Le cinéma français ne tarde pas à l’engager tel Philippe Lioret dans « Tombés du ciel » où il est l’un des refugiés dans le no man’s land d’un aéroport. Il savait apporter une grande humanité, mais aussi une malice tel dans un épisode de « Chère Marianne » où il est à nouveau un sans-papier, qui se refuse de parler français et se réfugie avec les siens dans une église. Il n’aura que très rarement de rôles de méchants tel dans deux épisodes de « P.J. » où il compose un caïd de quartier retord qui exploite ses congénères. Il évite par son intelligence de tomber dans les stéréotypes dont est parfois capable le cinéma français, pour jouer un marabout dans « Black Mic-Mac », un vieux Malien suspecté de meurtre dans « Saraka Bô ». Son extraordinaire charisme sous une silhouette frêle, est utilisé à bon escient dans « Genesis » où il est le conteur de la naissance du monde. Il trouvera l’un de ses plus grands rôles dans « Little Sénégal » en gardien du mémorial de l’île de Gorée partant aux Etats-Unis pour retrouver des membres de sa famille, descendants d’esclaves. Sa naïveté sera malmenée par les dures réalités de la vie. Il est remarquable en duo que tout oppose avec l’actrice britannique Brenda Blethyn, mais dont il partage la quête d’un enfant disparu au cours d’un attentat à Londres en 2005. Il est le père du réalisateur Dani Kouyaté, avec lequel il travailla et du conteur Hassane Kassi Kouyaté. Rarement dans l’histoire du cinéma, nous aurons vu une telle présence et une tel aura.

Pour plus d’infos, notamment sur ses films en Afrique, visitez à son sujet l’excellent site Africultures. Annonce également de la mort de l’un des plus grands cinéastes allemands, Werner Schroeter.

Photo (source Arte)

Filmographie :  1972 FVVA : Femme, villa, voiture, argent (Mustapha Alassane) – 1973  Toula ou le génie des eaux (Mustapha Alassane & Anna Soehring) – 1978  Beogo naba (Chef de demain) (Kollo Daniel Sanou, CM) – 1982 Le courage des autres (Christian Richard) – Paweogo (L’émigrant) (Kollo Daniel Sanou) – 1983  Jour de tourmente (Paul Zoumbara) – Le médecin de Gafiré (Mustapha Diop) – 1985  Black Mic-Mac (Thomas Gilou) – 1986  Descente aux enfers (Francis Girod) – 1987  Y’a bon les blancs / Come sono buoni i bianchi (Marco Ferreri) – 1988  Eden miseria (Christine Laurent) – 1989  The Mahabharata (Le Mahâbhârata) (Peter Brook, + version TV) – Boulevards d’Afrique / Bac ou mariage (Jean Rouch & Tam-Sir Doueb) – L’africana (L’Africaine) (Margarethe von Trotta) – 1990  Mamy Wata (Mustapha Diop) – The sheltering sky (Un thé au Sahara) (Bernardo Bertolucci) – 1991  IP5 : L’île aux pachydermes (Jean-Jacques Beineix) – Golem, l’esprit de l’exil (Amos Gitai) – 1992  Rupture[s] (Christine Citti) – Wendemi, l’enfant du bon Dieu (Pierre Yaméogo) – 1993  Tombé du ciel (Philippe Lioret) – 1994  À cran (Solange Martin) – Sale gosse (Claude Mouriéras) – Keita ! L’héritage du griot (Dani Kouyaté, documentaire) – 1995  Après la pluie (Jacques Dubuisson, CM) – Le maître des éléphants (Patrick Grandperret) – Rainbow pour Rimbaud (Jean Teulé) – Mondokino, le dur métier de policier (Vincent Ravalec, CM) – 1996  Saraka Bô (Denis Amar) – La plante humaine (Pierre Hébert) – 1997  Sotigui Kouyaté, un griot moderne (Mahamat Saleh Haroun, documentaire, MM) – 1998  Civilisées (Randa Chahal Sabag) – La Genèse (Cheick Oumar Sissoko) – 1999  Civilisées (Randa Chahal Sabag) – 2000 Little Senegal (Rachid Bouchareb) – 2001  Dirty pretty things (Dirty pretty things, loin de chez eux) (Stephen Frears) – 2002  The truth about Charlie (La vérité sur Charlie) (Jonathan Demme) – 2003  Tor zum Himmel (Titre TV : Embarquement immédiat) (Veit Helmer) – Genesis (Marie Perénnou & Claude Nuridsany) – 2004  L’annulaire (Diane Bertrand) – Travaux, on sait quand ça commence… (Brigitte Roüan) – 2005  Identités (Sunjata) – 2007  Faro, la reine des eaux (Salif Traoré) – 2008  London River (Rachid Bouchareb, + diffusion TV). Nota : Il est parfois crédité à tort pour « Dernier maquis » (Rabah Ameur-Zaïmeche, 2007). Voxographie : 1966  Terres Africaines N°2 : Contes et légendes (Moustapha Alassane, Claude Le Gallou, Kadiatou Konaté, Cilia Sawadogo, Danièle Roy, Mambaye Coulibaly & Kibush Ndjate Wooto, documentaire, voix du récitant) – 1995  L’oeuf (Moustapha Dao, CM, récitant) – 1997  Imuhar une légende (Jacques Dubuisson).

Télévision : (notamment) 1987  Qui est ce garçon (Nadine Trintignant, série) – Les cinq dernières minutes : Mécomptes d’auteur (Roger Pigaut) – 1990  Cantara (Jean Sagols, série) – Le Lyonnais : Taggers (Cyril Collard) – 1995  Sotigui Kouyaté, une vie d’apprentissage (Dominique Gallet, CM documentaire) – Eux et la France (Dominique Gallet, documentaire) – Le défi du comédien africain (Dominique Gallet, CM documentaire) – Y’a pas de problème : Fragments de cinémas africains (Laurence Gauron, doncumentaire) – 1996  Le juge est une femme : L’enfant de l’absente (Pierre Boutron) – 1997  Highlander (Id) : Comes on a horseman (Gérard Hameline) – Mira la magnifique (Agnès Delarive) – P.J. Cambriolages & Racket (Gérard Vergez) – 2001  Chère Marianne : Cellule familiale (Bernard Uzan) – 2002  Jim, la nuit (Bruno Nuytten).

Musique : 1972 FVVA : Femme, villa, voiture, argent (Mustapha Alassane) – 1973  Toula ou le génie des eaux (Mustapha Alassane & Anna Soehring) – 1983  Jour de tourmente (Paul Zoumbara) – 1986   Terres Africaines N°3 : Jeux et jouets (Mustapha Dao, Sékou Traoré, Issa Traoré, Dani Kouyaté & Issiaka Konaté, documentaire) – 1989  Bilakoro (Le temps de l’innocence) (Sékou Traoré, Dani Kouyaté & Issa Traoré de Brahima, CM) – 1990  Tobbere kosam – Poussière de lait (Philippe Baqué & Dani Kouyaté, CM) – 1994  Gombélé (Robert Millie, CM) – 1995  Keita ! L’héritage du griot (Dani Kouyaté, documentaire).