Dans « La maison des bois »
Annonce de la mort du comédien Pierre Doris, grand chantre de l’humour noir, alors qu’il allait atteindre son 90ème anniversaire. Il ne semble pas avoir pris le cinéma au sérieux. Il joue le satyre dans bien des films depuis la série des « Saintes chéries ». Le regard salace, l’air libidineux, il se régale dans l’égrillard. Il est même en vedette avec France Anglade dans le navrant mais néanmoins désopilant « Clémentine Chérie », adapté d’une B.D. de Jean Bellus. Il y joue Gaston Bellus, un archétype du Français moyen, inventeur du tissu élastique. La plupart du temps, il se contente de faire-valoir tel le moine fourbe face à Fernandel dans « Le bon roi Dagobert ». Il trouve le rôle de sa vie à la télévision, en tragi-comique garde-champêtre, grâce à Maurice Pialat qui lui donne l’occasion de donner le meilleur de lui-même dans le feuilleton « La maison des bois », à l’instar d’un Hubert Deschamps dans « La gueule ouverte ». Samuel Douhaire en parle parfaitement dans « Le dictionnaire Pialat », (Éditons Léo Scheer, 2008). : « …Grâce à Pialat, un grand acteur comique vient de révéler un don pour la tragédie que les circonstances ne lui avaient pas permis d’exprimer. Et ne lui permettront plus d’exprimer : pour Pierre Doris, « La maison des bois » sera resté une parenthèse éblouissante entre le boulevard télévisé d’Au théâtre ce soir et Les planqués du régiment ». Selon Pascal Mérigeau, dans son livre « Pialat » (Bernard Grasset, 2002 », il ne semble pas avoir pris son rôle très au sérieux : « …Sans doute Pierre Doris se considérera-t-il parfois, lui aussi, comme de passage, un cacheton de plus à toucher, chaque soir il repart pour Paris au volant de sa Mercedes pour faire le zouave dans un cabaret ou dans un autre ». Hormis Pialat, il n’aura eu que rarement d’occasions de sortir du registre « franchouille », comme chez Jean Marboeuf « La ville des silences », où il est un commissaire corrompu et chez Nicole Garcia dans « Outremer », en oncle patriarche vivant dans l’Algérie coloniale. Malgré une parfaite tendance au n’importe quoi – il fallait l’entendre parodier l’ineffable Jordy dans « C’est dur d’être un pépé », il aura gardé une truculence rabelaisienne dans bien des nanars. Dans « Les rois du gag », il est même cantonné dans le rôle d’un gagman de Michel Serrault, qui faisant équipe avec Maurice Baquet forme un duo totalement ringard. On se régalera à le voir en spectateur bavard dans le « Kulte » « Si vous n’aimez pas ça n’en dégoutez pas les autres » , ou en truand d’opérette dans « L’émir préfère les blondes ». Il sera un Bérurier adipeux dans « San Antonio ne pense qu’à ça », dans hélas, le moins intéressant des films de Joël Séria. Mais il restera comme un comique novateur, jouant avec les tabous comme la mort « Nuance : quand l’homme est mort, on l’enterre, quand l’arbre est mort, on le déterre ! », et ouvrant des perspectives à d’autres, comme Laurent Ruquier, qui ne manquait jamais de s’en référer. Son fils Michel Tugot-Doris est également comédien.
Dans « L’émir préfère les blondes »
Filmographie : 1956 Comme un cheveu sur la soupe (Maurice Régamey) – 1957 Paris Music-Hall (Stany Cordier) – L’amour est en jeu / Ma femme, mon gosse et moi (Marc Allégret) – Le triporteur (Jack Pinoteau) – Mimi Pinson (Robert Darène) – 1958 En légitime défense (André Berthomieu) – Cigarettes, whisky et p’tites pépées (Maurice Régamey) – Messieurs des Ronds de Cuir (Henri Diamant-Berger) – Julie la Rousse (Claude Boissol) – 1959 Business (Maurice Boutel) – 1960 Fortunat (Alex Joffé) – Le Sahara brûle (Michel Gast) – Dans la gueule du loup (Jean-Charles Dudrumet) – Dans l’eau qui fait des bulles / Le garde-champêtre mène l’enquête (Maurice Delbez) – 1962 L’empire de la nuit (Pierre Grimblat) – Les veinards [Sketch : « Une nuit avec la vedette »] (Philippe de Broca) – Clémentine chérie (Pierre Chevalier) – L’assassin viendra ce soir (Jean Maley) – 1963 Cherchez l’idole (Michel Boisrond) – La porteuse de pain (Maurice Cloche) – Le bon roi Dagobert (Pierre Chevalier) – Le motorizzate (Les motorisées) [Sketch : « Roulotte squillo »] (Marino Girolami) – 1964 Le petit monstre (Jean-Paul Sassy, inédit en salles) – Les mordus de Paris (Pierre Armand) – Requiem pour un caïd (Maurice Cloche) – Allez France ! (Robert Dhéry) – Les gorilles (Jean Girault) – Déclic… et des claques (Philippe Clair) – La bonne occase (Philippe Clair) – 1965 Whisky y vodka (Fernando Palacios, inédit en France) – 1966 Trois enfants dans le désordre (Léo Joannon) – 1967 La permission (Melvin Van Peebles) – 1968 Bruno, l’enfant du dimanche (Louis Grospierre) – Slogan (Pierre Grimblat, bien que crédité au générique, il n’apparaît pas dans les copies existantes) – 1969 Aux frais de la princesse (Roland Quignon) – 1972 La guerre des espions / Bastos ou ma soeur préfère le colt 45 (Jean-Louis Van Belle, film belge inédit en France) – 1973 Le Führer en folie (Philippe Clair) – 1974 Mais où sont passées les jeunes filles en fleurs (Jean Desvilles) – 1975 Les petits dessous des grands ensembles (Christian Chevreuse) – 1976 Le jour de gloire (Jacques Besnard) – 1977 Si vous n’aimez pas ça, n’en dégoûtez pas les autres ! (Raymond Lewin) – Ça glisse au pays des merveilles (Christian Chevreuse) – 1978 Freddy (Titre DVD : Jeannot la frime) (Robert Thomas) – 1979 La ville des silences (Jean Marboeuf) – 1980 San Antonio ne pense qu’à ça (Joël Séria) – 1982 Ça va faire mal ! (Jean-François Davy) – On n’est pas sorti de l’auberge (Max Pécas) – On l’appelle catastrophe (Richard Balducci) – 1983 L’Émir préfère les blondes (Alain Payet) – Les planqués du régiment (Michel Caputo) – 1984 Les rois du gag (Claude Zidi) – 1985 Dressage / Titre TV : Éducation perverse (Pierre B. Reinhard) – 1987 Le diable rose (Pierre B. Reinhard, inédit en salles) – 1989 Outremer (Brigitte Roüan). Voxographie : 1978 Tess (Id) (Roman Polanski, doublage version française) – 1983 Heidi’s song (Les malheurs d’Heidi) (Robert Taylor, animation, version française).
Télévision : (notamment) : 1960 La coupe enchantée (François Gir) – 1961 La dame de Monsoreau (Alain Boudet) – 1962 Vincent Scotto (Henri Spade) – 1963 La chasse ou l’amour ravi (Alain Boudet) – Teuf-teuf ou hommage à l’automobile (Georges Folgoas, variétés) – Le contrôleur des wagons lits (Gilbert Pineau) – 1964 Un homme en or (André Leroux) – Les raisins verts (Jean-Christophe Averty, série TV) – Pauline ou l’écume de la mer (François Gir) – Pierrot des alouettes (Henri Spade) – 1965 La misère et la gloire / La misère et la gloire d’Alexandre Dumas (Henri Spade) – Paris paradis (Jacques Pierre, divertissement) – Cherche merveille (Richard Chaumont) – Conflis mineurs : Le bonheur conjugal (Jacqueline Audrey) – La queue du diable (André Leroux) – Les saintes chéries : Ève au volant (Jean Becker) – 1966 Gerfaut (François Gir, série TV) – Lazare le pâte (Jean-Marie Coldefy) – Rhésus B : Comment épouser son patron (Serge Leroy) – 1967 Les locataires de l’escalier 15 / Les sept de l’escalier quinze B (Georges Régnier, série TV) – Deux romains en Gaule (Pierre Tchernia, série TV) – Rhésus B : Il est prudent de louer (Jean-Charles Lagneau) – Deslouettes père et fils : L’auberge espagnole (Claude Robrini) – Le sourire de la Joconde (Albert Riéra) – Meurtre en sourdine (Gilbert Pineau) – 1968 Les saintes chéries : Quand Éve n’est pas là (Jean Becker) – Les saintes chéries : Ève sur la plage (Jean Becker) – Chansons souvenirs (Robert Valey, divertissement) – Les dossiers de l’agence O : La petite fleuriste de Deauville (Jean Salvy) – La tempête (François Gir) – 1969 Au théâtre ce soir : Le mari ne compte pas (Pierre Sabbagh) – Au théâtre ce soir : Rappelez-moi votre nom (Pierre Sabbagh) – 1970 Les fiancés de Loches (Pierre Badel) – Au théâtre ce soir : Les assassins associés (Pierre Sabbagh) – Les lettres de mon moulin (Pierre Badel) – Une autre vie (Louis Grospierre) – La maison des bois (Maurice Pialat) – Le père Noël est en prison (Pierre Gautherin) – 1972 Au théâtre ce soir : Le fils d’Achille (Pierre Sabbagh) – Au théâtre ce soir : La main passe (Pierre Sabbagh) – 1973 Pierre et Jean (Michel Favart) – Le temps de vivre, le temps d’aimer (Louis Grospierre) – Monsieur Pompadour (André Leroux, captation) – 1974 Un curé de choc : Hold-up campagnard (Philippe Arnal) – L’ange de la rivière morte (Édouard Logereau) – Le droit aux étrennes (Jean Bertho) – 1975 La rôtisserie de la reine Pédauque (Jean-Paul Carrère) – La simple histoire d’un merveilleux poste de télévision (Armand Ridel) – Au théâtre ce soir : Les hannetons (Pierre Sabbagh) – Le docteur noir (Gérard Vergez) – 1976 Robert Macaire (Roger Kahane) – 1978 Les amours sous la Révolution : Les amants de Thermidor (Jean-Paul Carrère) – Les samedis de l’histoire : La banqueroute de Law (Jean-François Delassus) – Le temps des as (Claude Boissol) – 1979 Histoires de voyous : La belle affaire (Pierre Arago) – Le petit théâtre d’Antenne 2 : Tout un dimanche ensemble (Stéphane Bertin) – Les amours de la Belle Époque : Le maître de Forges (Dominique Giuliani) – 1980 Tarendol (Louis Grospierre) – Petit déjeuner compris (Michel Berny) – Les amours des années folles : Les soeurs Hortensia (Dominique Giuliani) – 1981 Le mécréant (Jean L’Hôte) – Les amours des années folles : Un mort tout neuf (Dominique Giuliani) – Sans famille (Jacques Ertaud) – 1982 Bekenntnisse des Hochstaplers Felix Krull (Les confessions du chevalier d’industrie Felix Krull) (Bernhard Sinkel) – En votre aimable réglement (Jean-Claude Charnay) – Ralentir école (Alain Dhouailly) – L’ours en peluche (Édouard Logereau) – 1983 Julien Fontanes, magistrat : L’âge difficile (Serge Friedman) – 1984 Battling le ténébreux (Louis Grospierre) – Les fils des alligators (André Farwagi) – 1985 Les Bargeot [épisode ?] – Maguy : Amorale, morale et demie – 1986 La guerre du cochon (Gérard Chouchan) – Le coeur du voyage (François Leterrier) – 1987 Les idiots (Jean-Daniel Verhaeghe) – 1988/1989 L’homme à tout faire (Patrick Gandrey-Réty, 42 épisodes) – 1990 Les voisins du dessus (Jacques Audoir, captation) – Pépé la gâchette (Jean Pignol) – 1991 Héloïse (Robert Dhéry) – 1992 Mes coquins (Jean-Daniel Verhaeghe) – 2001 Des croix sur la mer (Luc Béraud).
C’est triste d’apprendre sa mort, je l’aimais bien. Surtout quand il racontait aller dans les pays du tiers-monde et se pavaner avec une banderole où il était écrit: Je mange pour vous.