Annonce de la mort de Dino Risi, Cet étudiant en médecine fit ses débuts comme créateurs chez « Les calligraphes » dans les années 40. Après la réalisation de films documentaires et de courts-métrages, il se lance dans la réalisation. En France, sa reconnaissance fut assez tardive, beaucoup de films sortirent ne sortirent pas par ordre chronologique. On continue d’ailleurs à le découvrir, certains films ne connurent une édition DVD que très récente comme « Il giovedi » ou « Il vedovo » – on retrouve un entretien très émouvant en français avec lui dans ce dernier, tourné en janvier 2008 – . Raymond Lefèvre le cernait à la perfection dans la revue Cinéma 74, N°190-191 : « …plus que l’amertume d’un « fanfaron » au style brillant, ou que par l’impertinence d’un film comme « La femme du prêtre », nous le connaissons surtout par la maîtrise qu’il a su apporter au film à sketches, ce genre si difficile. Depuis « Les monstres » jusqu’au récent « Sexe fou », il nous donne une étonnante galerie de portraits misant chaque fois sur une situation ou un gag qui transcende toute notion de bon ou de mauvais goût. C’est dire que ce jusqu’au-boutiste des bizarreries psychologique ou sexuelles ne fait pas toujours l’unanimité. Son humour ne connaît aucune retenue, les conventions de la bienséance sombrent dans les excès de la perversité cocasse. Et Dino Risi, avec le plus grand des sérieux et le plus ironique des sourires, affirme que toute normalité est une maladie. Avec un tel a priori, tout devient alors possible ». Il connaît une popularité avec « Pauvre mais beaux » mettant en scène deux jeunes romains désœuvrés séduit par la même femme. Il était l’un des meilleurs éléments de l’âge d’or de la comédie italienne, son sens de la farce lui permettant d’aller loin dans la dénonciation des institutions italiennes comme dans « Au nom du peuple italien », où il oppose un Vittorio Gassman au sommet de son art en industriel véreux face à Ugo Tognazzi qui personnifie un juge intègre. Il était volontiers vachard, il ne manque pas par d’exemple d’égratigner Michelangelo Antonioni dans « Le fanfaron ». Il n’a pas son pareil pour mettre en valeur les 4 mousquetaires de la comédie Vittorio Gassman, Nino Manfredi, Alberto Sordi et Ugo Tognazzi, en utilisant au maximum leurs aptitudes à la composition. Le film à sketch lui permet de portraiturer ces contemporains avec une rare acidité comme dans le chef d’œuvre du genre « Les monstres », festival Ugo Tognazzi et Vittorio Gassman à l’aise dans tous les registres. Il a signé ainsi d’authentiques chefs d’oeuvres comme « Une vie difficile » – cliquez sur le lien -, une biographie caustique d’une Italie qui essaie de surmonter les difficultés tout en défiant les nantis, à l’instar d’un Alberto Sordi crachant sur des voitures de luxe un soir de grande cuite. Il donna même de grands rôles à des comédiens français comme Jean-Louis Trintignant en jeune timoré dans « Le fanfaron » – choisi parce que sa silhouette était la même qu’un figurant tournant dans un Rome désert, le film devant être joué par Jacques Perrin. Coluche trouve avec lui son meilleur rôle – mais il semble s’être désintéressé du film après une coupure suite à une maladie du comédien Beppe Grillo – dans « Le fou de guerre ». En chirurgien fou exerçant dans un désert Lybie en 1940, il montre sa vulnérabilité derrière une fascination morbide pour la guerre. Finalement plus on aime un cinéaste – et c’est ici mon cas – plus il me semble difficile de l’évoquer. A recommander chaudement le livre qui lui est consacré, « Dino Risi, maître de la comédie italienne », par Valerio Caprara (Gremese international, 1996), pour la version française. On retrouve son humour, il relate ses films avec une singulière franchise, comme avec les difficultés du tournage de « Rapt à l’italienne » avec un Oliver Reed en constant état d’ébriété. Dino Risi était un des seigneurs du cinéma mondial. on y retrouve aussi des « mini maximes », comme « Je suis un raté réussi » ou « C’est après la mort qu’on saura si on valait quelque chose ».
Filmographie : 1946 I bersaglieri della Signora (CM) – Barboni (CM) – Verso la vita (CM) – 1947 Pesctorella (CM) – Strade di Napoli (CM) – Tigullio minore (CM) – Cortili (CM) – 1948 Costumi e bellezze d’Italia (CM) – Cuore rivelatore (CM) – La fabbrica del Duomo (CM) – Segantini – Il pittore della montagna (CM) – 1848 (documentaire) – Il grido della città (documentaire) – 1949 La città dei traffici (CM) – Caccia in brughiera (CM) – La montagna di Luce (CM) – Vince il sistema (CM) – Terra Ladina (CM) – Il siero della verità (CM) – Sedita spiritica (CM) – 1950 L’isola bianca (CM) – Il grido della città (CM) – Buio in sala (CM) – Fuga in città (CM) – 1952 Vacanze col gangster – 1953 Viale della speranza (Le chemin de l’espérance) – Amore in città (L’amour à la ville) (sketch : [« Paradiso per 4 ore » / « Quatre heures de Paradis »] – 1955 Il segno di Vernere (Le signe de Vénus) – Pane, amore, e… (Pain, amour, ainsi soit-il) – 1956 Poveri ma belli (Pauvres mais beaux) – 1957 La nonna Sabella (L’imossible Isabelle) – Bella ma povere (Ma soeur et moi) – 1958 Venezia, la luna e tu (Venise, la lune et toi…) – 1959 Il vedovo (Titre DVD : Id – Le veuf) – Il mattatore (L’homme aux cents visages) – 1960 Un amore a Roma (L’inassouvie) – 1961 A porte chiuse – Una vita difficile (Une vie difficile) – 1962 La marcia su Roma (La marche sur Rome) – Il sorpasso (Le fantaron) – 1963 Il successo (co-réalisation, film commencé par Mauro Morassi) – I mostri (Les monstres) – Il giovedi (Titre DVD : Id) – 1964 Il gaucho – Le bambole (Les poupées), [sketch : « La telefonat »] – 1965 I complessi (Les complexés), [sketch « Una giornata decisiva »] – L’ombrellone (Play boy party) – 1966 I nostri mariti, sketch : « [Il marito di Attilia »] – Operazione San Gennaro (Opération San Gennaro) – 1967 Il tigre (L’homme à la Ferrari) – Il profeta – 1968 Straziami ma di baci saziami (Fais-moi mal mais couvre-moi de baisers) – 1969 Vedo nudo (Une poule, un train et quelques monstres) – Il giovane normale – 1970 La moglie del perte (La femme du prêtre) – 1971 Noi donne siamo fatte cosi (Moi, la femme) – In nome del popolo italiano (Au nom du peuple italien) – 1972 12 dicembre (co-réalisation, film collectif) – 1973 Mordi e fuggi (Rapt à l’Italienne) – Sessomato (Sexe fou) – 1974 Profumo di donne (Parfum de femme) – 1975 Telefoni bianchi (La carrière d’une femme de chambre) – 1976 Anima persa (Âmes perdues) – 1977 La stanza del vescovo (La chambre de l’évêque) – Il nuovi mostri (Les nouveaux monstres), [sketches : « Con i salut idegl iamici », « Tantum ergo », « Pornodiva », « Mammina Mammona » & « Senza Parol »] – 1978 Primo amore (Dernier amour) – 1979 Caro papà (Cher papa) – 1980 Sono fotogenico (Je suis photogénique) – Les séducteurs / Sunday lovers / I seduttori della Domenica, [sketch : « Armando’s notebook » / « Rome »] – 1981 Fantasma d’amore (Fantôme d’amour) – 1982 Sesso e violentieri (Les derniers monstres) – 1983 …e la vita continua (Et la vie continue) (TV) – 1984 Le bon roi Dagobert / Dagobert – Scemo di guerra (Le fou de guerre) – 1986 Il commissario lo Gatto (co-réalisation avec Claudio Risi) – Carla. Quattre storie di donne (TV) – 1988 Teresa – Il vizio di vivere (TV) – La ciocciara (TV) – 1989 Vita coi figli (TV) – Tolgo il disturbo (Valse d’amour) – 1991 Missione d’amore (La voie de l’amour) (TV) – 1996 Giovani e belli – Esercizi di stile, [sketch : « Myriam »] – 2002 Le ragazze di Miss Italia (TV). Comme scénariste ; 1951 Anna (Alberto Lattuada) – Totò e i re di Roma (Steno & Mario Monicelli) – 1952 Gli eroi della domenica (Les héros du dimanche) (Mario Camerini) – 1956 Montecarlo (Une histoire à Monte Carlo) (Samuel Taylor) – 1957 Anna di Brooklyn (Anna de Brooklyn) (Vittorio De Sica, Reginald Denham & Carlo Lastricatti) – 1992 Scent of a woman (Le temps d’un week-end) (Martin Brest, remake de « Parfum de femmes »). Comme assistant-réalisateur : 1941 Piccolo mondo antico (Le mariage de minuit) (Mario Soldati) – 1942 Giacomo l’idealista (Alberto Lattuada) – Divers : 1990 Il muro di gomma (Marco Risi, voix seulement).
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