On assiste donc à la naissance d’un genre inédit, une parodie – ou détournement ce à quoi Jean Dujardin semble tenir -, d’une parodie – involontaire certes mais parodie quand même – ! Car il faut avoir vu les OSS 117, venu de l’imagination du romancier Jean Bruce, Hubert Bonisseur de La Bath, ce James Bond du pauvre, dans des films comme « OSS 117 se déchaîne », « Banco à Bangkok pour OSS 117 », « Furia à Bahia pour OSS 117 », « Atout cœur à Tokyo pour OSS 117 », et « Pas de roses pour OSS 117 », signés par André Hunebelle ou Michel Boisrond, qui passaient généralement très souvent les après-midi de jours fériés, et qui sont désormais disponibles dans un coffret DVD kitschissime. Ces films très agréables à regarder, avec la patine du temps surtout. Ils confinent un peu avec le ridicule des figures imposées des romans d’espionnages, et qui sont ici formidablement dynamitée ici, Michel Hazanavicius, en détournant les codes. Les originaux au cinéma valaient déjà leur pesant de cacahuètes, il fallait voir dans « Banco à Bangkok pour OSS 117 », les images tournées sur les lieux mêmes, suivies par d’autres tournées dans l’arrière pays niçois ! Michel Hazanavicius, auteur de « Mes amis », qui laisse le souvenir d’une brillante distribution, joue avec les clichés avec maîtrise, entre les transparences d’usages et un bel hommage au Technicolor. Il serait vain d’éventer et de dévoiler toutes les idées du film, promises, à l’image du running gag, sur le Président René Coty, le second président de la IVe République, excusez du peu de 1953 à 1958, promis à passer dans la postérité selon OSS 117 ! Il faut saluer l’écriture de Jean-François Halain, connu pour être l’auteur de la meilleure période des « Guignols » sur Canal+, – g(l)accionisées, depuis hélas -, et de « Grosland ». Il trouve dans cette évocation de l’Égypte des années 50, outre le comique des situations, une matière pour se livrer à une charge contre la France sclérosée des années 50. Donc après Ivan Desny, Kerwin Marthews, l’ineffable Frederick Stafford, John Gavin et Luc Mérenda, c’est Jean Dujardin qui s’y colle. C’est un cliché, mais il a la même stature que le Jean-Paul Belmondo de « L’homme de Rio » et du « Magnifique », et il nous livre ici une formidable performance.
Il faut voir ses mimiques, sa tonalité proche des doublages de l’époque – proche de la voix de Jean-Pierre Duclos doubleur de Frederick Stafford et Sean Connery -. Il arrive de manière condescendante et colonialiste dans une Egypte qu’il ignore superbement, tel un éléphant dans un magasin de porcelaines, à l’image du muezzin malmené par un OSS 177 plein d’un ethnocentrisme grotesque. Le film finit par prendre une certaine résonance en ces temps de racisme larvés et de démagogues en tous genres. Mais il finit par faire illusion en chantant « Bambino » en Arabe, dans une scène d’anthologie. Surprise, les femmes ont le beau rôle, saluons d’ailleurs Bérénice Béjo, dont la visible exigence finit enfin par payer avec ce succès. Si elle a droit à une belle scène de bagarre avec Aure Atika, cliché habituel des films des années 60, elle donne une dignité et un grand charme à son personnage de femme égyptienne. La distribution de trognes, nous renvoyant à l’utilisation des Daniel Emilfork et autres Dominique Zardi, est ici très inventives, citons Richard Sammel s’amusant visiblement de composer un personnage d’officier nazi à la Horst Franck, un nouveau venu François Damiens, il faut le voir faire preuve de trivialité au milieu de discours sentencieux – il est célèbre à la télévision belge, et désormais il est faut à parier qu’il devienne indispensable à tout bon casting -, le trop rare Claude Brosset en flegmatique commanditaire d’OSS 117, Laurent Bateau en souffre douleur de service, plus les impeccables Saïd Amadis, Constantin Alexandrov, Arsène Mosca, décalage garanti entre accent pied noir et costume d’officier nazi, peuplant une humanité torve, ou des étrangers malmenés par la suffisance de l’espion français. La recette fonctionne, cartonne donc dans ce mois d’avril forcément metrier – l’échec injuste du film de Gilles et Corinne Benizio -, et cerise sur le gâteau, la critique est même dithyrambique, la surprise d’une critique enthousiaste des « Cahiers du cinéma » nous sidérant même. La qualité est ici au rendez-vous, en souhaitant que d’autres comédies – 1 film sur 2 dans le cinéma français ? -, en prennent de la graine.
Casablanca un vrai nid d’espions
Loin du cinéma, connaitre la realité sur ce monde, je vous invite à voir sur google :
» les grands dossiers du Maroc » partie(I),partie(II),partie(III).
à vos commentaires….!