On se demande souvent ce qu’il se passe dans la tête de nos distributeurs, bel exemple avec ce film, une affiche laissant deviner un vaudeville assez lourdingue, un titre vraiment bateau « Petites confidences (à ma psy) » – « Prime » en V.O. -, bande annonce assez racoleuse, c’est la confusion la plus totale, ce film étant beaucoup plus subtil. Rafi, une femme sublime de 37 ans– Uma Thurman radieuse qui a remplacé au pied levé la sombre buse Sandra Bullock qui exigeait une réécriture ( !) -, raconte son désarroi après son divorce, à sa psychiatre – Meryl Streep, qui n’hésite pas à ne pas se mettre en valeur -. C’est une comédie romantique dans un milieu très huppé de la bourgeoisie. Elle rencontre David, un beau jeune homme de 23 ans – Brian Greenberg, bon comédien alors que l’on craignait quelqu’un de falot pour ce type de rôle -, et tombe rapidement amoureuse se préoccupant tout de même de son âge, puisqu’on lui demande ses papiers d’identité quand il achète de l’alcool dans une épicerie. Mais David n’est autre que le fils de sa psychiatre. Cette dernière va décider de continuer l’analyse, malgré les affres de la déontologie – …et la découverte de la sexualité de son fils -, pensant cette union éphémère.
Son réalisateur, Ben Younger – dont le premier film « Les initiés » est sorti en France en 2000 – trouve ces marques dans les conventions de la ville de New York, dont la vision est ici inhabituelle, qui est à nouveau petit théâtre habituel pour ce type de comédie de « Seinfeld » à « Woody Allen ». Il est ici à la fois drôle et intelligent, les dialogues sont remarquables, loin des poncifs sur les comédies françaises habituelles sur nos amis les trentenaires. La description de la découverte de l’autre, de la maturité, et des difficultés du quotidien est assez fine, et assez universelle, malgré l’évolution ici des personnages dans un milieu friqué et superficiel. Ca renvoie avec une des phrases de la « Maman et la putain », où Léaud prétendait que l’on ne vit finalement qu’avec les gens de sa « classe », l’analyse des différences de mentalité, de religion, de vivre une union malgré le jeu des convenances est assez subtile. Les deux comédiennes – Uma Thurman en état de grâce et Meryl Streep, très attachante, qui nous livre une de ses nouvelles brillantes compositions – portent ce film, riche en petites touches – la grand-mère juive se frappant avec un poêle à la moindre contrariété ou l’approche sociale du « coton-tige » ! -. Au final le metteur en scène a un peu de mal à se séparer de ses personnages, mais le film un peu mélancolique a rempli son contrat, tout en évitant de sombrer dans la guimauve. Un film qui se démarque allégrement dans le tout venant des comédies américaines actuelles.