C’est typiquement le genre de film, que l’on va voir en traînant la patte, histoire à priori conventionnelle, 130 minutes et je dois en prime confesser ne pas être fou de Cameron Diaz, et dont on ressort plutôt séduit. On retrouve un peu le ton de la comédie dramatique « Wonder Boys » sorti en 2000, avec Michael Douglas, il est vrai que l’on retient plus aisément dans la filmographie de Curtis Hanson son « L.A. Confidential ». Le ressort est assez classique, titré d’un romain éponyme de Jennifer Weiner. Deux sœurs, Maggie, une dyslexique un peu nunuche et assez volage, vivant le jour le jour, et Rose, avocate yuppie peu sûre d’elle, ne vivant que pour son travail et ne s’autorisant comme folie, qu’un achat impulsif de chaussures qui termineront au placard. Chacune envie la place de l’autre, Maggie, l’aisance intellectuelle de Rose, qui elle-même voudrait avoir le pouvoir de séduction de sa sœur. Elles vivent avec des petits arrangements, Maggie créant régulièrement de catastrophe dans l’appartement rangé de sa sœur, la volant parfois, et Rose se confiant à sa meilleure amie d’un cynisme redoutable. Mais une fâcherie plus violente qu’à la coutumée vont les séparer, cet équilibre rompu, elles vont changer de mode de vie, comme orpheline d’une autre partie d’elle-même, c’est là qu’une grand-mère cachée – Shirley MacLaine -, intervient par un concours de circonstances. Ces nouvelles « sœurs fâchées » vont se reconstruire lors de cette séparation.
Toni Colette, Shirley MacLaine & Cameron Diaz
Cette comédie est drôle, l’écriture est assez ciselée. L’émotion montre souvent son nez de par l’empathie que donne le réalisateur à ses personnages, il réussit même à nous rendre attachant des riches vieillards oisifs en Floride, c’est dire la performance. L’interprétation est très juste, de Toni Collette, toujours à l’aise dans la composition, en femme peu sûre d’elle, Cameron Diaz en godiche débrouillarde, Shirley MacLaine, superbe de retenue en grand-mère surprise. Le dosage psychologie, humour, émotion donne à ce film un ton assez mélancolique, de cette histoire d’amour entre deux sœurs, qui doivent surmonter leurs névroses laissées en héritage par les non-dits des adultes – le père assez terne éteint par le tempérament d’une nouvelle femme castratrice -. Une série d’excellents seconds rôles complète la distribution, on retrouve notamment Norman Lloyd, – acteur apprécié par Alfred Hitchcock et grand méchant de la « Cinquième colonne » – qui a traversé une grande partie de l’histoire du cinéma et est ici, remarquablement touchant et arrive à rendre crédible son personnage aidant Maggie avec des textes de la poétesse, Elisabeth Bishop. On passe un joli moment à ce film optimiste mais jamais mièvre, nous changeant du cynisme ambiant.