Diffusion câblée en ce moment de ce film sorti en 1998 de l’écrivain Vincent Ravalec. Il avait déjà montré son aisance au cinéma, par une série de 7 courts-métrages, repris en un long en 2002 « La merveilleuse odyssée de l’idiot Toboggan ». Souvent provoc’ ll y décrit une humanité trouble quelque peu « célinienne » des travers sexuels : « portrait des hommes qui se branlent », « les mots de l’amour » ou une vision assez noire d’un petit groupe d’hommes « Never twice », « Le dur métier de policier », rivalisant de trivialité et parfois de bêtise. On suit ici le parcours de Gaston – formidable interprétation très inspirée d’Yvan Attal -, petit combinard vivant de rapines, et de déstockage de matériels TV. Il rencontre Marie-Pierre – charmante Virginie Lanoué, hélas peu vue depuis -, une belle et jeune mineure qu’il prend en auto-stop. Cet amour lui donne des ailes, il est las de ses petites magouilles avec son associé, Saïd – en fait le bistrotier du coin – et décide de monter une petite entreprise « Extramil » avec l’aide de son bagout, et aidé d’un employé foireux Gilles, alcoolique et drogué – Yann Collette, formidable acteur, à la fois nonchalant, burlesque et inquiétant -. Survolté, paranoïaque, à l’affût du moindre signe qu’il peut interpréter, notre Gaston devient trop confiant pour de son succès inattendu dure… Le film est vu ici à travers l’esprit tortueux de Gaston, on suit sa pensée via une diarrhée verbale. C’est la limite d’une voix off omniprésente et hélas on frise parfois l’inconséquence. Cette utilisation du récitant tient alors peu du procédé malgré la qualité indéniable d’écriture de Vincent Ravalec – qui se donne un petit rôle, non crédité d’inspecteur -.
Claire Nebout & Marc Lavoine
Le réalisateur aime à sonder le côté noir de l’humanité, des poivrots, petits escrocs, des gens respectables mais capables de tous les vices. Il les voit à travers l’esprit méandreux de Gaston, joué avec beaucoup de finesse par Yvan Attal, sûr de lui, pouvant parfaitement faire illusion en homme d’affaire, mais prêt à faire une confiance aveugle à des gens sans scrupules. L’acteur est formidable dans le rôle, son personnage cyclothymique reste fleur bleue. Si Vincent Ravalec réussit plus dans l’épure d’un court-métrage a réussit à retransmettre son univers, il reste à l’aise avec l’utilisation d’endroits miteux, et quelques équivalences visuelles, il réussit à traduire une inquiétude torde, par un montage assez chaotique. La force du film est une distribution hallucinée(nante), révélant nombre de grands talents, désormais confirmés sur nos écrans, Claire Nebout d’une beauté et une sensualité à tomber par terre, Jean-Louis Richard, libidineux à souhait, Marilyne Canto et Antoine Chappey, en gentil couple de prof, la frêle Dominique Marcas qui a pour petit fils le géant Dominique Hulin, Marc Lavoine en séducteur trouble, Samy Nacery en dealer séducteur, Gérard Laroche en gendarme suspicieux, Denis Lavant, échappé des années 30, en auto-stoppeur fou, Olivier Gourmet en routier obsédé sexuel, Philippe Nahon en inspecteur ripoux, Jo Prestia en gros bras, comme d’hab’, Philippe du Janerand, Francis Renaud ou Roger Knobelspiess en policiers torves, sans oublier Christine Fersen en folle du quartier. Au final l’intérêt l’emporte.