Quoi qu’un peu pépère, il y a ici la volonté de faire un spectacle de qualité. Alfred de Musset, ne sert ici que de prétexte, pour mieux s’en débarrasser, il s’agit d’en faire une comédie populaire parodique. Il vaut mieux ne pas avoir en mémoire la maestria d’un Jean-Paul Rappeneau dans « Les mariés de l’an II » par exemple. Le résultat du réalisateur Éric Civanyan – auteur du laborieux « Tout baigne » – est assez honorable. Mais j’ai bizarrement entendu plus de rires dans « Les âmes grises », qu’ici – il y avait une bande d’adolescents ricaneurs, devoirs d’école obligent ? -. Le trio Gérard Jugnot-Mélanie Doutey-Jean Dujardin, s’en donne à cœur joie, dans cette cavalcade de quiproquos. Jugnot rusé et matois, Mélanie Doutey dans le charme, et le bondissant Dujardin anime ce film avec brio, même si on peut déplorer une mise en scène peu inventive, malgré des moyens conséquents.
Mélanie Doutey, Jean Dujardin & Gérard Jugnot
A l’instar des films de Gérard Jugnot, comme réalisateur, il y a un soin particulier sur les seconds rôles de Michèle Garcia en mère maquerelle – qui sévit sur une publicité bancaire en ce moment « ni fly boat, ni même les fleurs », Henri Garcin – que l’on est ravi de voir plus souvent en ce moment, en Talleyrand idéal et cynique, Hubert Saint-Macary en contremaître souffre-douleur, Arno Chevrier en truand indélicat, Philippe Magnan en intendant désabusé, Jean-Luc Porraz en Haussmann suffisant, Marie-France Santon – un tempérament – en baronne outrée, Lorella Cravotta en domestique complice, Patrick Haudecoeur en curé obsédé, Jacques Herlin en Lafayette liquide, Jacky Nercessian en apache inquiétant, etc… Au final c’est un bon divertissement, si l’on ne se formalise pas de la tendance « digest ».