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Fragments d’un dictionnaire amoureux : André Pousse

 André Pousse dans « Paparoff est de retour »

J’avais évoqué son premier film D’où viens-tu Johnny ?en 1963 avec la surprise de le voir déjà à l’aise, attendant juste d’avoir à dire du Michel Audiard, dans « Nous ne fâchons pas » en 1965, pour figurer comme l’un des personnages les plus truculents du cinéma français. Son nom était tellement associé à Audiard d’ailleurs que quelques médias ont annoncés la mort du dernier des « tontons flingueurs » alors qu’il ne figure d’ailleurs pas dans ce film. Mais dès 1966, Audiard lui donne des répliques très acerbes dans « Un idiot à Paris » (1966), où il compose un chauffeur de taxi râleur, biberonné au Louis-Ferdinand Céline. Il faut le voir raciste et antipathique dans une scène incroyable. Ce cycliste -il jouait ce rôle dans un téléfilm de Maurice Fasquel en 1983 « Le grand braquet », arrivé sur le tard au cinéma avait donc dès ses premiers films trouvé son emploi. Il était idéal dans des rôles de gangsters, figurant même dans le mésestimé « Un flic » dernier film de Jean-Pierre Melville en 1972, où il se révélait particulièrement inquiétant. Il tient également dans ce type de rôle face à Jean Gabin dans « Le clan des Siciliens » (Henri Verneuil, 1968).  Michel Grisolia parlait de « Profession : aventurier » (Claude Mulot, 1972) dans « Cinéma 73 » N° 178/179, de « quelque chose comme « L’homme de Rio » mais en plus vulgaire », avant de poursuivre : « A vomir la séquence où André Pousse saute sur l’androgyne Nathalie Delon au son du Horst Wessel Lied… », ce qui donne envie à tout amateurs de « nanars ».  Mais il aime à se tourner lui même en dérision, comme le caïd perdu dans les détournements d’avions dans « O.K. Patron » (Claude Vital, 1973). Il va même jusqu’à se travestir en un centurion mémorable dans « Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ » où il officie dans les basses oeuvres de César, et l’on gardera d’un mémorable « Batman » vieux, dans un programme sur le court-métrage sur Canal + « Mikrociné ». Il fallait le voir dans cette panoplie, déplorer son grand âge et désespérer sa concierge en radotant sur ses exploits. Il était utilisé ces derniers temps avec nostalgie par Jean-Marie Bigard en évêque haut en couleur dans « L’âme-soeur » (1998), ou en nettoyeur dans « Comme un poisson hors de l’eau » (Hervé Hadmar, 1998), tueur radical surnommé Le Faucheur. On le retrouvait également à la télévision, au début des années 90 dans la série « Paparoff » avec Michel Constantin et Pascale Petit, en ancien truand « rangé des voitures » devenu restaurateur. Il est souvent narquois ou de mauvais augure, il était d’ailleurs un bon client sur les plateaux de télévision notamment pour évoquer son livre « Je balance pas, je raconte », où il narrait son parcours et sa vie trépidante, voir à cet effet le blog de David Abiker. Volontiers provocateur, on se souvient de son rôle dans le court-métrage « Deux bananes flambées et l’addition » de Gilles Pujol (1998), où il propose de sodomiser son employé – Christophe Rossignon – après un repas d’affaire juste pour voir la veulerie de son subordonné. Avec lui c’est toute une période du cinéma qui disparaît. Un fan lui a consacré un site : andrepousse.free.fr, d’où provient l’image qui suit.

Filmographie: 1963  D’où viens-tu Johnny ? (Noël Howard & Bernard Paul) – 1965  Ne nous fâchons pas (Georges Lautner) – 1966  Un idiot à Paris (Serge Korber) – 1967  Fleur d’oseille (Georges Lautner) – Le Pacha (Georges Lautner) – 1968  Catherine, il suffit d’un amour (Bernard Borderie) – Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages (Michel Audiard) – 1969  Le clan des siciliens (Henri Verneuil) – Une veuve en or (Francis Rigaud) – Trop petit mon ami (Eddy Matalon) – 1970  Compte à rebours (Roger Pigaut) – Tumuc-Humac (Jean-Marie Périer) – 1971  Le drapeau noir flotte sur la marmite (Michel Audiard) – Un flic (Jean-Pierre Melville) – 1972  Elle cause plus… elle flingue (Michel Audiard) – Quelques messieurs trop tranquilles (Georges Lautner) – L’insolent (Jean-Claude Roy) – Profession : aventuriers (Claude Mulot) – 1973  O.K. Patron (Claude Vital) – 1974  Bons baisers, à lundi (Michel Audiard) – 1975 Attention les yeux ! (Gérard Pirès) – Flic story (Jacques Deray) – Bons baisers de Hong Kong (Yvan Chiffre) – Oublie-moi Mandoline (Michel Wyn) – 1976  Chantons sous l’occupation (André Halimi, documentaire) – Le cœur froid (Henri Helman) – Drôles de zèbres (Guy Lux) – 1977  La septième compagnie au clair de lune (Robert Lamoureux) – 1978 Les égouts du paradis (José Giovanni) – 1981 Le corbillard de Jules (Serge Pénard) – 1982 Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ (Jean Yanne) – 1992  Tout petit déjà (David Carayon, CM) – 1994  Requiem pour un con damné (Dominique Bachy, CM) – 1996  En panne (Olivier Soler, CM) – 1997  Moi j’aime Albert (Oliver Soler, CM) – Deux bananes flambées et l’addition (Gilles Pujol, CM) – 1998  L’âme sœur (Jean-Marie Bigard) – Comme un poisson hors de l’eau (Hervé Hadmar) – 2002  Swimming Poule (Hervé Austen, CM) – 2004  Le plein de sens (Erick Chabot, CM). Télévision (notamment) : 1967  Max le débonnaire : De quoi je me mêle (Yves Allégret) – 1972  Bienvenue au vélo (Jacques Audoir, divertissement) – 1973  Au théâtre ce soir : Le million (Georges Folgoas) –  Les maudits rois fainéants (Marion Sarraut, André Flédérick & Jacques Brialy, divertissement) – 1976  N’écoutez pas mesdames (Jeannette Hubert, captation) – 1978  Madame le juge : Le dossier Françoise Muller (Édouard Molinaro) – Le sacrifice (Alexandre Tarta) – Sam et Sally : Lili (Nicolas Ribowski) – 1981  Le mythomane : Fausse mornifle (Michel Wyn) – Salut les champions : Dans les roues d’un géant (Serge Friedman) – Les héroïques (Joël Santoni) – 1982  Mettez du sel sur la queue de l’oiseau pour l’attraper (Philippe Ducrest) – 1983  Cinéma 16 : Le grand braquet (Maurice Fasquel) – On ne le dira pas aux enfants (Philippe Ducrest) – Le nez à la fenêtre (Jean-Claude Charnay) – 1986  Las aventuras de Pepe Carvalho (Le privé) : Young Sierra, peso mosca (Adolfo Aristarain) – 1988  Le loufiat : Intrigues sur canapé (Maurice Fasquel) – L’addition est pour moi : Paparoff est de retour (Denys de La Patellière) – 1989  Le retour de Lemmy Caution (Josée Dayan) – Paparoff : Paparoff efeuille le marguerite (Denys de La Patellière) – 1990  Paparoff : Paparoff enfonce les portes (Entre en action) (Denys de La Patellière) – Paparoff : Paparoff se dédouble (Denys de La Patellière) – Paparoff : Le fric des flics (Denys de La Patellière) – Paparoff : José la baleine (Denys de La Patellière) – Paparoff : L’éléphant bleu (Jean-Pierre Richard) – Le grand dîner (Gérard Pullicino, divertissement) – 1991  Paparoff : Paparoff et les loups (Didier Albert) – 1994/1995  Cluedo (Stéphane Bertin, divertissement) – 1997  Opération Bugs Bunny (Michel Hassan, divertissement) – 2002  Qui mange quoi ? (Jean-Paul Lilienfeld) – 2003  Frank Riva (Patrick Jamain, saison 1) – 2004  Qui mange quand ? (Jean-Paul Lilienfeld). Divers : 2002  Michel Audiard et le mystère du triangle des Bermudes (François-Régis Jeanne & Stéphane Roux, documentaire DVD).

Mise à jour du 06/08/2009

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Amis Parisiens vous êtes des veinards : L’Etrange festival, au Forum des Images, Châtelet-les-Halles, 75001, se déroule jusqu’au 13 septembre. Ayez une pensée émue pour vos amis provinciaux sinistrés. Pour ma part ce blog fait une pause momentannée, ce qui présente l’avantage de vous éviter nombre de lieux communs et platitudes multiples mais ce n’est que partie remise…

Programme complet sur : L’étrange festival et Seconds couteaux.

ARTICLE : LIBÉRATION

Pépites de l’Etrange
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La quatorzième édition du festival décalé présente à Paris raretés décervelées et curiosités exquises par Philippe AZOURY et Alexis BERNIER
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mercredi 31 août 2005 (Liberation – 06:00)

Amis de l’oblique et du trash en goguette… ton festival chéri est de retour. Avec treize éditions aux compteurs et par ces temps de retour du rock et du film d’horreur, plus personne ne conteste l’intérêt d’un festival tournant le dos au bon goût. Depuis 1992, l’Etrange festival, créé dans la confidentialité par Gilles Boulanger, Frédéric Temps et Yves Montmayeur (parti depuis), peut s’enorgueillir d’avoir réhabilité l’enfer de la cinéphilie : des Japonais ecchymosés (Wakamatsu, Ishii, Miike, Masumura…), des Italiens au ketchup (Bava, Brass, Lenzi…), des Espagnols enchnoufés (Eloy de la Iglesia), des Mexicains satanistes (José Mojica Marins) ou des Amerloques paranoïaques (Norman Mailer, Kenneth Anger, Larry Cohen…) ­ le tout entrecoupé de performances goûteuses telles que l’homme qui faisait «l’anus solaire» ou la femme qui moulait sa vulve dans du chocolat (avant dégustation collective).

Maintenant, de semblables débordements ne se trouvent pas sous le sabot d’un cheval. On n’exhume pas tous les ans un visionnaire dérangeant sinon dérangé. C’est sans doute pour cela qu’est né l’an dernier l’Etrange musique, un surjet sonique pour retrouver la flamme des débuts (cette année, Durutti Column ou Red Crayola ­ on y revient ).

Sur le papier, cette nouvelle édition ne s’annonce pas forcément la meilleure. Il n’est pas certain par exemple que l’Allemand Christoph Schlingensief soit autre chose qu’un gros malin. Freakstars 3000, sa parodie des programmes décervelants de la maison Endemol, mêlant handicapés mentaux et téléréalité, ne fait qu’enfoncer des portes ouvertes. Et ses «hommages» à Fassbinder, Pasolini ou Tobe Hooper (Massacre à la tronçonneuse allemande) ne dépassent pas le pastiche outrancier fatigant à regarder. Signalons néanmoins la diffusion de son Hitler, la dernière heure (1989), qui devrait servir d’antidote à la (malheureuse) Chute.

Quant à la thématique «Autodéfense USA», allant du très malsain Droit de tuer au très new wave Class 1984, en passant par le multi-diffusé Justicier de New York, elle ne sent pas très bon. Surtout accompagnée d’une seconde thématique, consacrée à l’esclavage, sans doute pour souligner l’avant-première du Manderlay de Lars Von Trier.

Néanmoins, c’est la règle à l’Etrange festival : il ne faut pas avoir peur de se salir les mains pour extirper quelques pépites. Suivez le (s) guide (s) :

Labyrinthes imaginaires, de Shuji Terayama : anthologie en quatre volumes de quinze années d’activisme erotico-anar (l’Empereur Tomato Ketchup…), célébré en son temps par les Cahiers du cinéma, avant dégringolade dans la pantomime façon Avignon off.

Mondo Hollywood : extension psychédélique des documentaires «tabloïd» qui pullulaient dans les années 60 (Mondo Cane…) dans sa version intégrale. Le buvard comme si vous en preniez.

Hommage à Udo Kier : en présence de l’acteur au yeux d’acier, fils caché de Klaus Kinski et Helmut Berger.

«Carte blanche à Jean-Pierre Turmel» : grâce soit rendue au créateur du fanzine-label visionnaire Sordide sentimental pour son impeccable sélection, allant de Roberte (adaptation fétichiste de Pierre Klossowski) à X-Tro (remix electro de Rencontre du troisième type par un Anglais disparu depuis), sans oublier l’incunable Impressions de la Haute-Mongolie, de Salvador Dalí.

Karel Zeman : la République tchèque est honorée d’une quasi-intégrale du «Méliès de Gottwaldow» (1910-1989).

Démons contre fantômes, de Koruda Yoshiyuki : datant de 1968, un des fleurons de la rétrospective «Histoire de fantômes japonais» avec des spectres en peluche sortis du Muppet Show.

The Great Ectasy of Robert Carmichael, de Thomas Clay : découvert à Cannes où sa beauté froide a fait sensation, l’une des nombreuses avant-premières, signe que le festival, complet presque tous les soirs, est devenu une rampe de lancement. A ne pas rater non plus, The Piano Tuner of Earthquakes, des maniéristes frères Quay.

Massaker, de Monika Borgman, Lorkman Slim et Hermann Theissen : un documentaire libanais ou à la façon d’un exorcisme collectif. Le massacre de Sabra et Chatila conté par ses bourreaux trouvera-t-il, à l’Etrange festival, les oreilles historiennes à qui il s’adresse en priorité ? De même, Gloria Mundi, restauration du film de Nico Papatakis sur la torture en Algérie, quittera le registre du décalé pour une expérience autrement éprouvante.

To be continued…

UNE AVENTURE

Georges Franju parlant de son cinéma dans feu « Cinéma Cinémas », disait (de mémoire), « une personne anormale, qui fait quel chose d’anormal c’est normal, mais une personne qui fait une chose anormale, là c’est étrange » . La bande-annonce de Xavier Giannolli « Une aventure » laisse entrevoir un thriller assez efficace, un exercice de style plaisant, mais le film se révèle beaucoup plus passionnant. Il prend un parti-pris naturaliste, dans cette histoire de vampirisation – le « Nosfératu » de Murnau est cité -, pour Julien, un jeune employé de la Vidéothèque a Paris, sans histoire et qui aménage dans un nouveau quartier avec son amie Cécile – Florence Loiret-Caille dans une sorte de résignation impuissante -. Après le très aboutit « Corps impatients », le cinéaste talentueux s’approprie cette histoire, gardant son réalisme – utilisation de vrais médecins -, s’inspire d’un grand maître – Barbet Schroeder, apparaissant dans un document vidéo -, et crée un climat d’angoisse avec un subtile ancrage dans le réalisme et une utilisation salutaire de l’image en DV. Il n’y a ici aucune esbroufe, mais un regard assez clinique sur la fascination que provoque une somnambule, joué dans le style femme fatale par Ludivine Sagnier,  pas toujours à l’aise cependant. Dans un registre plus en retrait que l’on ne lui connaissait que très peu Nicolas Duvauchelle, arrive à faire exister son personnage, il est à situer dans la filiation d’un Patrick Dewaere.

Ludivine Sagnier


Le film garde son climat inquiétant jusqu’au bout, à noter outre la performance de Florence Loiret-Caille – vue il y a peu en fille de Daniel Auteuil et Sabine Azéma dans « Peindre ou faire l’amour »-, celle de Bruno Todeschini en personnage trouble, type nouveau riche dont la principale activité est de faire de l’argent, on ne sait trop par quels moyens, fragile et manipulateur à la fois, il dégage une belle présence et Estelle Vincent en fille bonne à tout faire et qui n’a pas froid aux yeux. Xavier Giannolli s’acquitte parfaitement du postulat de départ du film et confirme son talent une nouvelle fois dans ce film de genre soucieux.

LA RAVISSEUSE

Malheur à vous, si comme moi vous avez vu le très bon téléfilm « La nourrice » de Renaud Bertrand, diffusé en 2004 avec la délicieuse Sophie Quinton, Marthe Keller et Liliane Rovère, car c’est strictement le même sujet que dans cette « ravisseuse ». Le sujet d’un corps de jeune mère prêté à une famille de nouveau riche est suffisamment fort pour générer une autre oeuvre, mais le téléfilm de Renaud Bertrand était une pure réussite, ça donne ici une impression un peu redondante. A l’image des idées très arrêtées d’un médecin hygiéniste boursouffé de certitudes – formidable Frédéric Pierrot assenant ce qu’il croit être des vérités définitives – il rode dans cette fin XIXe siècle une peur d’une forte mortalité infantile. Angèle-Marie – Isild Le Besco, une personnalité unique et lumineuse -, se voit ainsi exploitée. Elle a dû abandonner son bébé à la campagne, donnant son lait maternel à la fille d’un couple de bourgeois, lui architecte affairiste raide – Grégoire Colin inquiétant -, elle une oisive dépourvue d’instinct maternel et perdue dans un ennui puéril – Emilie Dequenne excellente en contre-emploi -. Le cinéaste filme sans fausse pudeur ce lait source de fantasme, fait confronter deux superbes comédiennes, donne un effort louable sur la bande-son et Yorgos Arvanitis signe une photo superbe.

Isild Le Besco

On se réjouit du retour d’Anémone, qui en domestique aigrie excelle et rajoute des traits d’humours, et de retrouver Bernard Blancan, en homme à tout faire compatissant, et il y a de bons comédiens de théâtre à l’image d’Édith Perret qui compose une tante déplaisante à souhait. Reste que finalement le film laisse une impression d’inachevé, peut-être par ces plans oniriques assez lourdingues. Dommage pour Antoine Santana, après son attachant « Un moment de bonheur », avec déjà Isild Le Besco. Saluons l’exigence de cette comédienne singulière, qui en plus après avoir prouvé ses talents de réalisatrices, continue à rayonner dans des projets peu conventionnel. Rien que pour elle, ici en jeune femme frustre et sensuelle nourrie par des contes populaires, le film est à conseiller.

DARK WATER

Dans le cadre de comment recycler vos eaux usées, voici « Dark water » ze remake. Pour peu que comme moi vous ayez aimé l’original, qu’est ce qu’il vous reste à faire ici sinon d’improbables aller-retour entre les deux œuvres, entre un film prenant et angoissant et  qui doit figurer comme brouillon dans l’esprit de l’arrogance américaine du recyclage perpétuel et cette aimable oeuvrette. C’est finalement comme le remake de « Psycho » par Gus Van Sandt face au chef d’œuvre d’Hitchcock, c’est la même mouvance, ce qui fonctionne parfaitement dans le premier, ne fonctionne pas du tout et encore là il y a une volonté délibérée de s’éloigner de l’œuvre originale, et de rajouter un ancrage sociologique lourdaud, un pathos assez bienvenu finalement dans le désarroi pour une mère fraîchement divorcée de trouver un emploi, même inintéressant pour peu que l’on propose une couverture médicale pour sa fille. Walter Salles est un bon cinéaste, il a regard assez critique vis à vis de la société américaine, et fait ce qu’il peut avec ce scénario en surcharge signé Rafael Yglesias qui en  rajouts en personnages multiples – Pete Postlethwaite, en gardien le genre qui rit quand on se brûle, John C. Reilly en gérant d’immeuble roublard, Tim Roth en avocat survolté dont son bureau est sa voiture… -.

Le cinéaste a la « carte » avec « Carnets de voyage » et « Central do Brasil », succombe aux sirènes hollywoodiennes, et fait ce qu’il peut sans bénéficier du final cut, il film formidablement Roosevelt Island, arrive à créer une émotion, mais côté effroi vous repasserez. On peut sauver Jennifer Connely, que l’on a vu grandir et rayonner désormais, on ne résiste pas à son charme, on la trouve bonne comédienne, on pense retrouver un trouble adolescent type ver amoureux d’une étoile, on se dit que son regard peut vous sortir de l’ennui et on sombre avec ce film, en se remémorant l’angoisse apprivoisée du film admirable d’Hideo Nakata. On a envie de dire un jour comme Jacques Renard dans la maman et la putain comparant Zarah Leander à Marlene Dietrich, que toutes les copies sont nécessairement supérieures à l’original. Le jour où ça vous arrive prière de me réveiller, je sombre. Souhaitons à Walter Salles de se montrer  plus original la prochaine fois, avant de perdre tout crédit.