Lundi a débuté sur Arte, la trilogie des films politiques de Costa-Gavras, interprétés par Yves Montand, avec « Z », film souvent décrié par son utilisation d’un spectacle pour un film à message. « Z » était la lettre on le sait symbolisant la lutte contre la dictature en Grèce – Lambrakis vit -, pour protester contre le meutre du député Grigoris Lambrakis, opposant pacifiste. Il a fallut l’abnégation de Jacques Perrin producteur – qui tient ici le rôle d’un journaliste accrocheur -, pour que ce film puisse être tourné en Algérie. Aidé de Jorge Semprun au scénario d’après un livre de Vassilis Vassilikos, et du musicien grec alors en exil Mikis Theodorakis.
Costa-Gavras, Pierre Dux & Julien Guiomar
Le réalisateur, comme Yves Boisset, a souvent été traité de manière condescendante, comme un si un film à message était antinomique avec une réalisation aérée, efficace et servie par de formidables comédiens. Il n’a d’ailleurs rien perdu de son esprit critique avec le récent « Le couperet » et le film recèle de nombreux morceaux de bravoure. Tout est ici maîtrisé des scènes de foules, au petit jeu des dignitaires déchus s’acharnant sur une porte fermée. Le film démontre la manière de gouverner des colonels grecs, utilisant la conviction ou la précarité de personnes frustres – Renato Salvatori – doublé par William Sabatier et Marcel Bozzuffi, assez réjouissants dans des rôles de gros bras violents -. Pierre Dux et Julien Guiomar, symbolise d’ailleurs brillamment ces fantôches roublards et fascistes, voire la manière de Dux de parler du mildiou idéologique ! et à propos du personnage de Charles Denner de le traiter de demi-juif, qui selon lui sont « Les pires ». C’est la bassesse de trop de ses personnages arrogants, qui précipiteront leurs chutes relatives.
Jean-Louis Trintignant
Comme dans ces deux précédents films « Compartiments tueurs », il y a une interprétation phlétorique, outre ceux cités précédemment il y a Yves Montand dans un rôle symbole mais secondaire, Jean-Louis Trintignant exceptionnel en petit juge déterminé – son prix d’interprétation à Cannes était très mérité, même s’il a lui même relativisé l’importance de son jeu -, Irène Papas en épouse meurtrie, Maurice Baquet, qui vient de nous quitter, s’improvisant justicier en « bondissant comme un tigre », Georges Géret – d’ailleurs très drôle – en témoin courageux luttant contre les considérations de sa sœur – Magali Noël – et de sa mère – Andrée Tainsy -, l’étrange Guy Mairesse en agresseur improvisé, Gérard Darrieu en oiseleur brute, Bernard Fresson en opposant raisonnable, François Périer en chef de la police suffisant, Jean Dasté en témoin farouche, Gabriel Jabbour en organisateur de spectacle vindicatif, Clotilde Joanno en femme passionnée, José Artur en journaliste précieux, etc… A noter que pour nos amis amateurs de doublage, il y a de nombreuses voix doublant les comédiens algériens (Jacques Monod, Jean Berger, etc…
Charles Denner & Yves Montand
Je m’arrête sur deux comédiens, car je les trouve exceptionnels, Jean Bouise, toujours bouleversant d’humanité, déteminé dans sa sagesse, toujours en éveil, et Charles Denner, éblouissant d’une nervosité active, il concilie excentricité et vérisme, héroïsme et calcul, un très grand comédien. Il est bon, je crois de rappeler le talent d’un Costa-Gavras, et signaler sa grande modestie pour l’avoir vu à l’avant-première du « Couperet ». Arte, qui a une programmation assez désolante pour le cinéma en ce moment (beaucoup de VF et ne programme pas les inédits des émissions d’André S. Labarthe ), joue au moins ici son rôle de service public, même si l’on pouvait attendre ces films dans des chaînes généralistes.