Suzanne Flon
« – Écoute ma bonne Suzanne. Tu es une épouse modèle.
– Oh…
– Mais si, t’as que des qualités et physiquement, t’es restée comme je pouvais l’espérer. C’est le bonheur rangé dans une armoire. Et tu vois, même si c’était à refaire, je crois que je t’épouserai de nouveau. Mais tu m’emmerdes.
– Albert!
– Tu m’emmerdes gentiment, affectueusement, avec amour mais tu m’emmerdes ».
Dialogue de Michel Audiard entre Jean Gabin et Suzanne Flon pour « Un singe en hiver ».
Le qualificatif qui va revenir le plus souvent est « attachante », avec près de 60 ans de carrière Suzanne Flon, vient de nous quitter à l’âge de 87 ans. Les médias racontent qu’elle était la secrétaire d’Édith Piaf en 1938, qui la saluait dans sa chanson les « flonflons du bal ». Elle devait faire sa rentrée théâtrale à « L’atelier », la saison prochaine à Paris.
(Photo S. Soriano/Le Figaro)
Au cinéma, son parcours est sans fautes, le modèle de Toulouse Lautrec « Moulin rouge » (John Huston, 1952), la logeuse suspicieuse « Le procès » (Orson Welles, 1962), l’épouse dévouée de Jean Gabin « Un singe en hiver » (Henri Verneuil, 1962) – elle jouera son épouse également dans « Le soleil des voyous » (1966) et « Sous le signe du taureau », une malade atteinte d’un cancer « Docteur Françoise Gailland » (Jean-Louis Bertuccelli, 1975), la vieille sourde surnommée « Sono cassée », « L’été meutrier » (Jean Becker, 1982), la servante que l’on devine secrètement amoureuse de Michel Serrault dans « En toute innocence » (Alain Jessua, 1987), la grand-mère abandonnée, « Gaspard et Robinson » (Tony Gatilf, 1990), la locataire dont la gazinière explose dans « Mille millièmes, fantaisie immobilière » (Rémi Watherhouse, 2002), la tante Line, dissimulant un lourd secret : « La fleur du mal » (Claude Chabrol, 2003), etc…
Mais l’actrice accorte, peut donner également des rôles de femmes revêches ou aigries, une mystérieuse baronne « Mr. Arkadin (Orson Welles, 1954), la concierge inquiétante dans « Monsieur Klein » (Joseph Losey, 1975), l’hôtelière dans « Quartet » (1980), ou la cliente exigeante de Benoît Magimel dans « La demoiselle d’honneur » (Claude Chabrol, 2004). Elle était l’héroïne de « La porteuse de pain », incroyable mélo réalisé par Maurice Cloche en 1963, où elle donnait la réplique aux formidables Jean Rochefort et Philippe Noiret.
Yvan Foucart, venait de lui rendre un hommage pour Les gens du cinéma. Sa mort est pour nous un grand pincement au coeur, son sourire nous manque déjà.
Filmographie : 1942 L’ange de la nuit (André Berthomieu) – 1947 Capitaine Blomet (Andrée Feix) – 1948 Suzanne et ses brigands (Yves Ciampi) – 1949 Dernier amour (Jean Stelli) – Rendez-vous avec la chance (Emil-Edwin Reinert) – La cage aux filles (Maurice Cloche) – 1950 La belle image (Claude Heynemann) – 1951 Procès au Vatican (André Haguet) – 1952 Moulin-Rouge (Id) (John Huston) – 1954 Confidential Report / Mr. Arkadin (Mr. Arkadin) (Orson Welles) – 1960 Tu ne tueras point (Claude Autant-Lara) – 1961 Les amours célèbres [épisode « Agnès Bernauer »] (Michel Boisrond) – 1962 Un singe en hiver (Michel Audiard) – Le procès / The trial (Orson Welles) – 1963 La porteuse de pain (Maurice Cloche) – Château en Suède (Roger Vadim) – The train (Le train) (John Frankenheimer & Bernard Farrel) – 1966 Si j’étais un espion (Bertrand Blier) – Le soleil des voyous (Jean Delannoy) – 1967 Tante Zita (Robert Enrico) – Le franciscain de Bourges (Claude Autant-Lara) – 1968 La chasse royale (François Leterrier) – Jeff (Jean Herman) – Sous le signe du taureau (Gilles Grangier) – 1970 Aussi loin que l’amour (Frédéric Rossif) – Térésa (Gérard Vergez) – 1972 Les volets clos (Jean-Claude Brialy) – Le silencieux (Claude Pinoteau) – 1973 Un amour de pluie (Jean-Claude Brialy) – 1975 Docteur Françoise Gailland (Jean-Louis Bertuccelli) – Monsieur Albert (Jacques Renard) – Black-out (Philippe Mordacq, inédit) – M. Klein (Joseph Losey) – 1976 Comme un boomerang (José Giovanni) – 1980 Quartet (Id) (James Ivory) – Une voix (Dominique Crévecoeur, CM) – 1982 L’été meutrier (Jean Becker) – 1986 Triple sec (Yves Thomas, CM) – Diary of a mad old man (Journal d’un vieux fou) (Lili Rademakers) – 1987 Noyade interdite (Pierre Granier-Deferre) – En toute innocence (Alain Jessua) – 1988 La vouivre (Georges Wilson) – 1990 Gaspard et Robinson (Tony Gatlif) – 1992 Voyage à Rome (Michel Lengliney) – 1998 Les enfants du marais (Jean Becker) – Je suis né d’une cigogne (Tony Gatlif) – 2000 Un crime au paradis (Jean Becker) – 2001 Mille millièmes (Rémi Waterhouse) – 2002 La fleur du mal (Claude Chabrol) – Effroyables jardins (Jean Becker) – 2003 La demoiselle d’honneur (Claude Chabrol) – 2004 Joyeux Noël (Christian Carion) – 2005 Fauteuils d’orchestre (Danièle Thompson). Voxographie (Récitante de documentaires) : 1961 Madame se meurt (Jean Cayrol & Claude Durand, CM) – 1962 Mourir à Madrid (Frédéric Rossif) – 1967 La révolution d’Octobre (Frédéric Rossif) – 1970 La route romane (Yvan Butler & Frédéric Rossif, CM) – 1974 Georges Braque ou le temps différent (Frédéric Rossif) – 1979 Pablo Picasso (Frédéric Rossif).
Télévision (notamment) : 1954 Your favorite story : Face of Paris – 1960 Un beau dimanche de septembre (Marcel Cravenne) – 1962 Le mal court (Alain Boudet) – 1967 Le complexe de Philémon (Jacques Pierre) – 1698 Délire à deux (Michel Mitrani) – 1973 Au théâtre se soir : Le complexe de Philémon (Georges Folgoas) – 1974 Le tour de l’écrou (Raymond Rouleau) – 1975 Le voyage en province (Jacques Tréfouel) – Le renard dans l’île (Leila Senati) – 1976 Hôtel Baltimore (Arcady) – 1977 La vérité sur Madame Langlois (Claude Santelli) – 1979 Les héritiers : Silencio (Jacques Trébouta) – 1980 Le noeud de vipères (Jacques Trébouta) – Le curé de Tours (Gabriel Axel) – 1981 Mon meilleur Noël : L’oiseau bleu (Gabriel Axel) – 1983 Le dernier civil (Laurent Heynemann) – 1984 Le dialogue des Carmélites (Pierre Cardinal) – Emmenez-moi au théâtre : Le coeur sur la main (Hervé Baslé) – Mademoiselle Clarisse (Ange Casta) – 1985 Emmenez-moi au théâtre : La robe mauve de Valentine (Patrick Bureau) – 1986 Le cadeau de Sébastien (Franck Apprederis) – 1987 Série noire : 1996 (Marcel Bluwal) – Gigi (Jeannette Hubert, captation) – Chacun sa vérité (Jean-Daniel Verhaeghe, captation) – 2002 Le miroir d’Alice (Marc Rivière).
Bibliographie : Jacques Valot & Gilles Grandmaire « Stars deuxième » (Edilig, 1989).
Mise à jour du 1/06/2009
Commentaires ancien blog
Olivier / Site web (16.6.05 16:05)
Vous avez bien fait de commencer par ces dialogues du « Singe en hiver », merveilleux film de Verneuil. Puissant long métrage, ample et qui a de l’épaisseur.Un des meilleurs rôle de celle que l’on appelera bientôt LA Flon.
Je me suis permis de citer votre blog dans mon article qui sortira vers 18H.
(16.6.05 20:05)
Merci pour la citation, au moins vous ne faites pas comme le blog « oui-mais-toscope » qui reprend les textes grâces à la vertu du copier-coller ! Sur le dialogue d’Audiard, je trouve que c’est un des plus beau dialogue d’amour finalement…
(20.6.05 12:52)
zut! je le decouvre
quelle grace !!!!!!