Philippe Torreton et Jeanne Moreau
Dans la série des questions existentielles dans une vie de cinéphile, il y a celle ci. Qui est l’équivalent d’Ed Wood, à la française, Philippe Clair ??? Max Pécas ??? Émile Couzinet ??? C’est en fait, Josée Dayan ! (mais avec des stars). On la voit ce jour, parler du nouvel avatar des « Rois Maudits »chez Michel Denizot. Cette saga tournée en 70 jours, seulement vient d’être présentée hier au MIP TV à Cannes. Elle se vante de tourner jusqu’à 24 minutes utiles par jour… Le chien de Rainier de Monaco vient à son enterrement, Dayan est présentée comme une cinéaste de génie, « tout fout le camp ma brave dame » !
Légitimé par l’impatience de Gérard Depardieu, son talent de captation est indéniable. Mais il y a trop souvent deux options à la vision d’une de ses oeuvres, soit l’ennui – « Balzac », « Les liaisons dangereuses » -, soit le ridicule – « Le comte de Monte-Cristo » -… On peut se demander, s’il n’y a pas une imposture, par sa capacité de « casser les marchés » des téléfilms historiques. On est très loin du talent d’un Jean-Daniel Verhaeghe…
Le personnage de Josée est assez peu sympathique. C’est de notoriété publique, elle est odieuse avec les techniciens et déférentes avec les vedettes. Elle rechigne a tourner un deuxième plan, sauf si un acteur fait bouger le décor ! Il est assez vain d’être sardonique, quand on annonce « Les rois maudits » comme un événemment. ..
La bande-annonce ne laisse pourtant augurer rien de glorieux. Le décor préstigieux de Philippe Druillet contre l’abstraction de la série de Claude Barma, pléthore de stars contre une série d’excellents comédiens (Piat, Virlojeux, Hélène Duc, Georges Marchal, Louis Seigner, etc…). La première faisait preuve d’innovation, assez rare dans cette période très ORTF (1972), sur la présentation des personnages en plan fixe, une sensualité frontale, une violence inhabituelle. Une oeuvre majeure de la télévision, même à la vision d’un coffret VHS fatigué trouvé dans une solderie.
La barre est très haute, attendons donc le résulat final de ce remake, sur France 2 en Septembre. Note du 22 novembre : compte-rendu ici.
Josée Dayan superstar
Articles : « Les rois maudits sont de retour »
France 2 présentait hier son grand téléfilm de la rentrée au MIP TV
CANNES Décidément, le Moyen Age et les univers qui s’en inspirent ont le vent en poupe au MIP TV de cette année, le grand marché de la télé qui se tient à Cannes. C’est peut-être le succès de Harry Potter et autres Seigneur des anneaux, mais la mode est aux périodes obscures de notre histoire. Dans le genre, le grand événement, c’est bien sûr le nouveau téléfilm que France 2 diffusera à la rentrée de cette année. Les rois maudits, réalisés par Josée Dayan, réunissent un casting impressionnant jamais vu auparavant à la télévision: Jeanne Moreau, Philippe Torreton, Gérard, Julie et Guillaume Depardieu, Jean-Claude Brialy, Julie Gayet, Tcheky Karyo, Jérôme Anger, Jeanne Balibar, Line Renaud, Claude Rich… La liste est longue. Quant au récit, après avoir fasciné les foules dans les années 70, il revient sous la forme de cinq fois 90 minutes, pour passer en revue les treize générations de rois de France maudites par Jacques de Molay, le grand maître des Templiers.
On aura à nouveau l’occasion de suivre les aventures de Robert d’Artois (Philippe Torreton) qui se bat contre sa tante Mahaut (Jeanne Moreau) afin de récupérer les terres qui, selon ses dires, lui reviennent de droit. Le tout sur fond de malédiction, de traîtrise, d’empoisonnements, d’amour et de luttes de pouvoir. Une formule qui a déjà fait ses preuves et sera très probablement un très gros succès lors de sa diffusion.
Hier matin, au Noga Hilton de Cannes, sur la Croisette, l’ambiance était nerveuse. Tout le monde attendait avec impatience de pouvoir visionner le montage de 40 minutes résumant les cinq épisodes de la saga. Parmi les acteurs présents, Jeanne Moreau, Philippe Torreton, Julie Gayet et d’autres n’avaient pas encore vu la moindre image. Le tournage s’est terminé il y a juste un mois et demi et c’était l’occasion de voir un aperçu de ce que sera le résultat final. Les images, même montées en vitesse, avec un son non étalonné et une musique d’emprunt, donnent tout de suite envie de voir la suite et de se plonger dans la lecture du roman-fleuve de Maurice Druon. Les décors, créés spécialement pour le tournage, renforcent l’impression de tragédie et de solennité du récit.
Après la projection qui s’est terminée sous une salve nourrie d’applaudissements, tout le monde est venu féliciter Josée Dayan et son équipe, visiblement satisfaits du résultat. On apprend, au fil des discussions qui s’ensuivent lors du cocktail, que toute la troupe s’est merveilleusement bien entendue. Jeanne Moreau explique que ce tournage était l’une des plus belles aventures de sa vie, Philippe Torreton surenchérit en expliquant à quel point il est fier d’être dans cette production: «Ce n’est pas tous les jours qu’on a un texte de cette qualité et un casting de cette envergure! On ne m’avait jamais proposé un projet pareil et c’est exactement ce que j’attendais de la télévision. Sans cette télé, de tels sujets ne verraient jamais le jour, car cela demande trop d’argent».
Effectivement, vous ne serez pas nostalgiques de la version des années 70. Comme l’explique Josée Dayan: «Chaque époque a sa propre vision d’un récit. Les années 70 étaient plus douces. Cette vision des Rois maudits correspond à l’an 2000, avec toute sa violence et ses questionnements». Un téléfilm qu’on attend déjà avec beaucoup d’impatience…
Envoyée spéciale en France Valérie Sohie
© La Dernière Heure 2005 Source : La dernière heure
Commentaire ancien blog
Gdem2408 (12.10.05 11:24)
article moins élogieux (et que j’approuve) dans le Ciné Revue belge suite à la diffusion à la RTBF :
On l’attendait, cette nouvelle mouture des « Rois maudits », dont, bien avant qu’on en voie la première image, la plupart des journaux avaient fait leurs choux gras. D’ailleurs, il suffisait de jeter un coup d’oeil sur la distribution pour être appâté : les trois Depardieu, Jeanne Moreau, Jeanne Balibar, Jean-Claude Drouot, Claude Rich, Jean-Claude Brialy….Hélàs, trois fois hélàs, le premier épisode a cruellement déçu. (le deuxième n’est pas mieux). Cruellement, car, en inconditionnel de la superbe oeuvre littéraire de Maurice Druon, et de la série télévisée qu’en avait tiré Claude Barma, on espérait très sincèrement que la réalisatrice, Mademoiselle Josée Dayan, conférerait un souffle nouveau à cette fantastique épopée. Elle n’a réussi qu’à en faire une saga « science-fiction » se déroulant dans une improbable cathédrale moderniste flanquée d’un enchevêtrement d’escaliers qui ne mènent nulle part. Les décors, parlons-en. Tant le design des meubles que les motifs de décoration, futuristes, ne cadrent pas avec l’époque. La réalisatrice a-t-elle oublié que l’action se déroule….au XIVè siècle? enfin, si les personnages du roman sont très forts, le jeu des acteurs, lui est stéréotypé, sans relief. Comme s’il s’agissait d’une première lecture, avant de passer aux choses sérieuses. Depardieu père en Jacques de Molay, grand maître de l’ordre des Templiers, sur son bûcher, semble se demander ce qu’il fait là. Tchéky Karyo, qui incarne Philippe le Bel, se montre hébété, pétrifié, incapable de transmettre la moindre émotion. Jeanne Moreau – c’est une coiffure du Moyen-Age, ça? – ânone son texte et campe une Mahaut d’Artois hésitante et peu crédible. Philippe Torreton apparaît teigneux et son jeu est très étriqué. Mais il n’est pas aisé de sucéder à Jean Piat, qui était, lui, un flamboyant Robert d’Artois. Seuls Jacques Spiesser (Charles de Valois) et Julie Gayet (Isabelle de France) réussissent à tirer leur épingle du jeu. Et puis, c’est quoi ce coup de gong ridicule qui ponctue chaque scène? Sans doute dans l’espoir de nous impressionner? Bref, Josée Dayan, incapable de tirer le meilleur d’une telle pléiade d’acteurs, nous a livré un travail totalement inabouti, bâclé. une succession de clips mis bout-à-bout, façon MTV. A-t-elle eu peur que le téléspectateur ne se lasse trop vite? Cette télévision « fast-food » serait-elle, alors, la réponse au zapping sauvage? C’est la preuve, en tout cas, que Mademoiselle Dayan ne tient pas le public en grande estime. Même si le défi était difficile à relever, on s’attendait à mieux. Ou, plutôt, à moins mauvais. Mais il faut dire que cette adaptation de 7h30 de l’imposante oeuvre de Druon a été mise en boîte en seulement…70 jours. Ce qui ne présage rien de bon pour les autres épisodes…. CINE TELE REVUE n° 40 du 7/10/05.
Le coin du cinéphage(12.10.05 13:08)
Merci beaucoup pour cette information, il est vrai que comme souvent – pour cause de co-production -, nos amis belges et suisses ont la primeur des séries ou des téléfilms français. La diffusion est prévue en France fin octobre, et une édition en DVD en Novembre. On pouvait prévoir le pire, et cette critique n’a rien pour nous rassurer. Je compte pourtant visionner cette série, et en faire un compte rendu ici, ne serait-ce que pour la distribution – + Daniel Emilfork, Patrick Bouchitey, etc…