Vu ce lundi « Dr. Kinsey » suivi d’un débat avec des sexologues, à l’UGC Cité-Ciné de Bordeaux. La mise en scène de Bill Condon, sans esbroufe reprend les couleurs chaudes des films hollywoodien des années 50. Le docteur Kinsey (magistralement campé par Liam Neeson, crédible à l’âge de 27 ans comme à la fin de sa vie), se sert de son expérience d’entomologiste pour étudier le champ ignoré de la sexualité des Américains. Le film est l’itinéraire d’un pionnier, faisant des erreurs en absence des codes de déontologie, (Il interview son père ultra rigoriste, joué par John Lighgow). Aidé par sa femme, Clara (formidable Laura Linley), Il se sert de lui-même, sans tabous pour essayer de comprendre la nature humaine, en se laissant tenter par la bisexualité avec son assistant Clyde Martin (Peter Sarsgaard, de plus en plus présent sur les écrans), interroger un pédophile, véritable cas clinique, ou se percer le prépuce pour mieux comprendre la douleur. Ce film est aussi une belle histoire d’amour entre Clara et le docteur Kinsey, ce dernier s’humanisant en comprenant la pléthore de comportements sexuels des hommes, bien plus complexe que chez les insectes…
Le vrai Alfred Kinsey
Outre les trois comédiens cités, on retrouve beaucoup d’excellents interprètes : Chris O’Donnel et Timothy Hutton, payant de leurs personnes pour aider le docteur Kinsey, Tim Curry (très drôle) en opposant du docteur Kinsey, et l’indispensable Dylan Baker (très marquant dans le rôle du père pédophile dans « Happiness » de Todd Solondz) en philanthrope. Il faut souligner deux performances, celle de Lynn Redgrave, très émouvante en dernier témoin évoquant la difficulté d’assumer son lesbianisme dans l’Amérique puritaine, et combien les travaux de Kinsey l’ont aidé et John Lightow (étonnant Blake Edwards dans « Moi, Peter Sellers », il y a peu), dans le rôle de Alfred Seguine Kinsey drôlatique prêcheur évoquant les méfaits de l’électricité. Il devient bouleversant dans sa scène de confession, lorsqu’il parle de son problème d’onanisme à l’âge de 10 ans, et des méthodes barbares employées pour le guérir de ce « vice »….