Triste nouvelle trouvée sur Les gens du cinéma, – où on peut lire le portrait par Yvan Foucart – du suicide du comédien Philippe Volter. C’était un comédien, on se souvient de son personnage balloté par l’étrange dans « Simple mortel », le marionnetiste de « La double vie de Véronique », le prisonnier permissionnaire dans « Abracadabra ». Un acteur rare… L’homme semblait sensible, en témoigne un documentaire qui lui était consacré, diffusé sur TPS où il faisait part d’une inquiétude légitime sur une perte d’audition. Nos pensées vont à sa mère, Jacqueline Bir

Filmographie établie avec Yvan Foucart : 1984  De leeuw van Vlaanderen  / Le lion des Flandres (Hugo Claus) – 1986  Les roses de Matmata (José Pinheiro) – 1987  Le maître de musique (Gérard Corbiau) – Issue de secours (Thierry Michel, film expérimental) – Macbeth (Claude D’Anna) – 1988  Les bois noirs (Jacques Deray) – 5150 (Yannick Saillet, CM) – 1989  Cyrano de Bergerac (Jean-Paul Rappeneau) – Trois années (Fabrice Cazeneuve) – 1990  Sirènes (Harry Cleven, CM) – La double vie de Véronique (Krzysztof Kieslowski) – La passion Van Gogh (Samy Pavel) – Simple mortel (Pierre Jolivet) – 1991  Abracadabra (Harry Cleven) – 1992  Trois couleurs : Bleu (Krzysztof Kieslowski) – Basse tension (Yves Buclet, CM) – Aline (Carole Laganiere) – 1993  Le concert (Samy Brunett, CM) – L’affaire (Sergio Gobbi) – Dernier stade (Christian Zerbib) – 1996  The fives senses / Les cinq sens (Jeremy Podeswa) – 1997  La nuit du destin (Abdelkrim Bahloul) – 2002  Y gospod sleze da ni vidi / Posseteni ot gospod (Même Dieu est venu nous voir) (Peter Popzlatev) – 2003  Resistance (Todd Komarnicki) – 2004  Les gens honnêtes vivent en France (Bob Decout).

 

Pour info  : « LA LIBRE BELGIQUE »

Philippe Volter meurt à 45 ans

 

 

L’acteur belge s’est suicidé hier soir à Paris. Il était le fils du metteur en scène Claude Volter.À la fois sensible et énergique, il avait notamment été remarqué dans le mystérieux « La Double Vie de Véronique » de Krzysztof Kieslowski. Le comédien belge Philippe Volter, 45 ans, a mis fin à ses jours mercredi à Paris. Fils du metteur en scène Claude Volter et de la comédienne Jacqueline Bir, il avait notamment été remarqué dans « La Double vie de Véronique » de Krzysztof Kieslowski et « Le Maître de musique » de Gérard Corbiau. Né en 1959 en Belgique, Philippe Volter fait ses premiers pas sur les planches à l’âge de 4 ans. Après plusieurs grands rôles sur les scènes belges, il débute sa carrière cinématographique en 1985 dans une fresque de Hugo Claus, « De Leeuw van Vlanderen ». Il est ensuite remarqué dans « Le Maître de musique » (1988) de Gérard Corbiau où il interprète un jeune voyou qui apprend le chant auprès du baryton José Van Dam. Le comédien au physique de jeune premier mystérieux interprète ensuite en 1989 un rôle de mari violent aux côtés de Béatrice Dalle dans « Les Bois Noirs » de Jacques Deray, prestation qui lui vaudra une nomination pour le César du Meilleur espoir en 1990. Il décroche deux rôles importants dans « La Double vie de Véronique » (1991) et « Trois couleurs: Bleu » (1993) de Krzysztof Kieslowski. En 1991, il est également le héros de « Simple Mortel », audacieuse incursion de Pierre Jolivet dans la Sience-fiction. Si sa carrière se partage essentiellement entre la France et la Belgique, Philippe Volter tourne aussi sous la direction du Bulgare Petar Popzlatev dans « Même Dieu est venu nous voir » (2001) et du cinéaste d’origine algérienne Abdelkrim Bahloul dans « La Nuit du destin » (1997). A partir des années 90, Philippe Volter remonte régulièrement sur les planches. On le retrouve également souvent à la télévision, notamment dans « L’Affaire Dreyfus » (1995) et « Le Pantalon » (1997) d’Yves Boisset, ou « Madame Sans-Gêne » (2002) de Philippe de Broca. Son dernier rôle au cinéma, il l’interprète dans « Les Gens honnêtes vivent en France » de Bob Decout, sorti en France en mars dernier. Après le décès de son père en 2002, il avait pris la direction artistique de la comédie Claude Volter à Bruxelles aux côtés de l’actuel directeur, Michel de Warzée. Il avait démissioné de ce poste en juin 2004.

Philippe Volter, comme un météore par Philip Tirard

Mis en ligne le 15/04/2005
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Le comédien et metteur en scène belge a choisi de prendre congé de la vie à l’âge de 45 ans. Il se faisait une très haute idée de son métier d’artiste.

C’était le lundi 23 septembre 2002 au Théâtre du Parc, pour un hommage à Jacqueline Bir et à ses cinquante ans de carrière. Philippe Volter monta sur scène pour évoquer, avec humour et tendresse, cette mère hors norme. Son père, Claude Volter, était dans la salle, bien incapable de prendre la parole en public: il s’éteignit à peine huit semaines plus tard, à 69 ans.

Difficile de mieux répondre à la définition d’un enfant de la balle que Philippe Volter. «Je dormais dans le théâtre de mes parents, confiait-il dans une interview à «L’Humanité» en juillet 2003. S’ils avaient été bouchers, j’aurais dormi dans la boucherie…» A quatre ans, il descendait un grand escalier sur scène en tenant la main de sa mère. Bientôt son père lui confierait le rôle de Britannicus. Autant dire qu’il avait peu à apprendre au Conservatoire de Bruxelles dont il n’acheva pas le cycle complet. Un surdoué «Je me souviens de l’arrivée de Philippe Volter sur nos scènes comme de celle d’un météore», dit Jacques De Decker. Dans L’Ange couteau de Jean Sigrid, il était fabuleux face à Claude Etienne. Plus tard, nous avons travaillé ensemble. Il avait tout: le panache, l’élégance, la beauté, le lyrisme, l’agilité physique. Toutes qualités qui en firent aussi un remarquable d’Artagnan dans «Les Trois Mousquetaires», puis un mémorable Hamlet – qui lui vaudra l’Eve du meilleur comédien en 1985, NdlR -, dont il donnait le monologue Être ou ne pas être juché sur une galerie métallique au sommet de la Rotonde du Botanique. Il y eut encore son Treplev dans La Mouette de Tchekhov…» Ces trois spectacles étaient mis en scène par Daniel Scahaise, qui le dirigea aussi dans «La Nuit juste avant les forêts», le premier texte de Bernard-Marie Koltès monté en Belgique. «C’était un surdoué, confie un Scahaise inconsolable. Il s’investissait complètement dans ses rôles, au point d’en devenir parfois difficile à vivre. Il nourrissait la plus haute exigence à l’endroit de son art, pour lui-même comme pour les autres.» Prise de risques Promis à une confortable carrière d’acteur en Belgique, Philippe Volter est aussi lucide qu’ambitieux. Il comprend, à 25 ans, qu’il a déjà fait le tour de la question: il a joué au National, au Parc, au Rideau, aux Galeries, au Varia, à l’Ancre, etc. En 1985, il part pour Paris, pousse la porte du Conservatoire pour en repartir aussi sec, vit une vraie «galère» et finit par jouer dans le «Mariage de Figaro» de Beaumarchais mis en scène par Jean-Pierre Vincent. Cela lui vaut de décrocher le personnage de Jean Nilson face à José Van Dam dans «Le Maître de musique», le film de Gérard Corbiau qui va changer la face du cinéma belge. Il enchaîne les films: «Les Bois noirs» de Jacques Deray, avec Béatrice Dalle et Stéphane Freiss, puis «La Double Vie de Véronique» de Krzysztof Kieslowski avec Irène Jacob. Ses qualités de bretteur font merveille face à (la doublure de) Gérard Depardieu dans le «Cyrano de Bergerac» de Rappeneau. Au début des années 90, il paraît lancé dans une carrière cinématographique à succès. Mais les véhicules suivants ne s’avèrent pas à la mesure de ses espérances. Et puis, cet homme qui ignore le sens du mot compromis n’aime rien tant que prendre des risques… Il revient vers le théâtre, mettant en scène Jacqueline Bir dans «Master Class» de Terence McNally: le monde du chant et de l’opéra, encore et toujours. La dépression Au fil de la décennie, son physique se marque; mélomane, il souffre de troubles de l’ouïe. En 2003, après la mort de son père, il fait un fracassant retour au pays, prenant la direction de la Comédie Claude Volter aux côtés de Michel de Warzée. Un an plus tard, il démissionne, non sans avoir mis en scène un excellent «Misanthrope» de Molière. «Depuis plusieurs mois, il traversait une terrible dépression, confie son ami le comédien Yves Claessens. C’était un être exceptionnel, mais son extrême lucidité pouvait le mener à un auto-aveuglement. Il était extraordinairement chaleureux et fidèle en amitié. Sur un plateau, c’était un pur-sang, fragilité et d’excès compris.» Philippe Volter aura choisi sa fin, comme le loup solitaire qu’il était aussi. Victime de la dépression? Il n’a pas su trouver, en tout cas, la sortie du labyrinthe; sa part d’ombre a mangé toute sa lumière. Nos pensées vont à Jacqueline Bir qui vient de bouleverser la Belgique francophone pendant plusieurs mois avec son interprétation du petit garçon condamné par la leucémie dans «Oscar et la dame rose» d’Eric-Emmanuel Schmitt. Elle reprend en ce moment même «Le Récit de la servante Zerline» d’Hermann Broch, selon Jacques Franck, «le monologue le plus dur et le plus difficile de sa carrière». Terrible métier…© La Libre Belgique 2005 Source : La libre Belgique

 

 

Mis en ligne le 14/04/2005