La distribution de « L’an 01 »

Avant-dernier texte de ce blog, la devise de Canalblog devant être le titre d’un film de Philippe Clair « Si t’as besoin de rien, fais moi signe », je me vois contraint de m’arrêter… Mais je ne pouvais pas le faire sans saluer une exceptionnelle aventure cinéphilique avec le volume 2 de « Encyclopédie des longs métrages français de fictions 1929 – 1979 ». 345 pages très riches de « L’an 01 » de Jacques Doillon à « Azaïs » de René Hervil, avec Max Dearly. Le volume 1 étant relaté ici.

Donc si vous êtes comme moi amateurs de génériques et que vous vous découragez en voyant celui de « L’an 01 » – disponible en DVD chez MK2 – justement, histoire de rajouter des noms sur IMDB. D’ailleurs il y a une voix off précise que c’est illisible, mais que les comédiens de toute manière se reconnaitront… Il suffit désormais de lire le livre d’Armel de Lorme pour s’amuser à quantifier les toutes premières apparitions de Gérard Depardieu ou de l’équipe du Splendid, tout en vous lançant dans la résolution de l’énigme quant à la participation à ce film de Daniel Prévost en hypothétique « cycliste apostrophant une vieille dame », rare erreur du livre en fait, le rôle étant joué par Martin Lamotte.

Outre la première équipe autour d’Armel De Lorme, Christophe Bier, Stéphane Boudin, Raymond Chirat, Gilles Grandmaire et Italo Manzi, on retrouve trois nouveaux, Jean-Pierre Pecqueriaux , un amateur de petits rôles et de silhouettes, Edgard Balzer et Jean-Pierre Bouyxou – que les auditeurs de « Mauvais genre » sur France Culture connaissent bien.

On ne peut qu’être impressionné par cette masse d’informations, d’anecdotes, de précisions, par les synopsis très détaillés, il y a des découvertes à chaque page, des relectures de films que l’on a visionné (« Les amants » de Louis Malle ou « L’air de Paris »).  Cet ouvrage sera très précieux, si vous êtes comme moi amateurs de silhouettes et de seconds rôles– je tire mon chapeau en passant aux dictionnaires de Raymond Chirat, chez Pygmalion, je ne compte plus les comédiens que j’ai identifié grâce à ce livre -. C’est un vrai travail de bénédictins – au sens non péjoratif du terme -, on pourra ainsi vérifier grâce aux recoupements divers que certains comédiens ne figurent donc plus dans les copies existantes – se rapporter à la notule sur le volume 1 – et vous pourrez désormais reconnaître les éternels non crédités aux génériques, et réussir à mettre un nom sur la quasi-totalité des truands dans la cour des miracles de la série des « Increvable Angélique ». La genèse des films est aussi précisée comme celle du film « Anémone » de Philippe Garrel, premier film d’Anne-Aymone Bourguignon,  future Anémone, confronté à des problèmes avec l’O.R.T.F. Ce livre tord le cou à pas mal de légendes, « Pension Jonas, 1941, de Pierre Caron, ne fut pas interdit sous l’occupation pour imbécilité – dans l’article sur « L’accroche-cœur ». 

Il y a aussi les films méconnus, oubliés des cinémathèques et de la programmation du câble, que l’on aimerait visionner, bien que certains soient perdus tel « L’an 40 » de Fernand Rivers, citons ainsi au hasard « Les anges » de Jean Desville – dont j’ai la V.H.S. trouvée dans un marché mais que je n’ai jamais visionné, « Au revoir, Monsieur Grock », film qu’adorait Michel Serrault, avec le clown Grock, « L’ange gardien » seul film avec en vedette Francis Lemaire – le père de Christophe Lemaire -, « Autopsie d’un complot », film franco-algérien de Mohamed Slimane Riad, etc… . On retrouve certains films cités, tels ceux produits par Eurociné, pour ceux qui n’on pas lu le livre culte de Christophe Bier sur le sujet, « Avortement clandestin ! » ou « Les aventures galantes de Zorro », qui semble un ahurissant « remontage approximatif » autour d’une trentaine de minutes d’un film déjà existant « Les trois épées de Zorro », avec divers inserts, et même une version hard, avec une comédienne fétiche de Jean-Christophe Averty, Louise Petit, dans l’un de ses rares films pour « une ex-préposée des Postes ! ». Il a aussi des pistes, sur des interrogations, les différentes versions étrangères simultanées ou plus tardives, les pseudonymes de chacun, les stock-shots. Pour reprendre le titre d’un livre de Francis Lacassin, il a sous l’égide d’Armel de Lorme, une « contre-culture » du cinéma. Il y déclare « s’affranchir une bonne fois pour toutes des héritages – encombrants ô combien ! – d’un Charles Ford, d’un René Jeanne ou d’un Georges Sadoul, paix à leurs cendres ». Il est donc avec son équipe à contre-courant. Pour lui Romy Schneider est par exemple mieux utilisée par Clive Donner et Woody Allen que Claude Sautet… Si on ne le suit pas forcément, on pourra se réjouir de cette attitude, pour mieux nous faire découvrir des œuvres sous-estimées. Je suis encore loin d’avoir profité de toutes les richesses de ce livre, par expérience avec le volume 1, c’est le type de livre que vous avez à portée de main, dans votre bibliothèque, et que vous ressortez à l’occasion d’un visionnage, sur le câble ou en DVD, ou pour les chanceux qui ont une à proximité, à la cinémathèque. Le bon de commande est ici et les films évoqués sonc ici. L’aide-mémoire, le site, poursuit sa route, avec des notes sur l’actualité, des hommages, des fiches sur des films.

On termine avec de bonnes nouvelles, « Le dictionnaire des longs métrages français érotiques et pornographiques » de Christophe Bier se précise pour 2011 – une souscription sera lancée, et Armel de Lorme annonce avec Raymond Chirat, le volume 2 de « L’encyclopédie des comédiens français & francophones », de Pauline Carton à Louis Gauthier, consacré au cinéma de Sacha Guitry en 160 comédiens. De quoi nous réjouir, certainement ailleurs, ou alors sur des forums, je ne sais pas encore.