Demain sort « Chicas » de Yasmina Reza, vu à l’UGC-Cité Bordeaux le 8 février, en sa présence. Elle présentait son premier film comme réalisatrice pour la première fois devant un vrai public. C’est avec une émotion non feinte qu’elle se présentait devant nous. Pilar, une ancienne coiffeuse a trois filles, Nuria – Emmanuelle Seigner – une star internationale qui fait la couverture de Vogue et reçoit des mains de Stephen Frears, le BATA de la meilleure actrice, Aurélia – formidable Valérie Dréville – qui est comédienne également, mais vit dans l’ombre de sa sœur bien qu’elle ait du talent et travaille au théâtre et Christal, femme dynamique mère de deux enfants. Les trois sœurs s’entendent autour de la personnalité envahissante et un tantinet égocentrique de Pilar. Elles partagent une enfance heureuse en Espagne, malgré le deuil de leur père. Des flashbacks de cette période traversent tout le film. La réunion des quatre femmes n’a rien de sereine cependant, mais elles arrivent à se déclarer leur amour malgré les heurts du quotidien. Quelques hommes les accompagnent comme Fernand – un syndic – le fiancé de Pilar, qui aura du mal à ne pas se faire malmener par la famille, Maurice – Bouli Lanners – mari d’Aurélia, père un peu absent, mais amoureux de sa femme. Christal se partage entre son mari – Antonio Gil Martinez – et son amant – Philippe Uchan touchant en homme un peu dépassé par les événements se trouvant dans une position inconfortable ..Yasmina Reza, a parlé avec beaucoup d’émotion de son film, important pour elle car le sujet la touche, et elle a fait de très beaux portraits de femmes, ce qu’elle a évité parfois dans son œuvre.

Yasmina Reza et ses interprètes, Emmanuelle Seigner, Carmen Maura et
André Dussollier (Photo : UGC Distribution)

Elle a également évoqué l’importance qu’elle portait au montage, ne voulant pas que son film soit trop écrit, et au final le temps imposé par le scénario a servi de fil conducteur. Le film a beaucoup de pudeur et d’humour. Emmanuelle Seigner fut choisie par la réalisatrice car pour elle c’était la seule comédienne à avoir une aura de star et à montrer un côté plus accessible dans le quotidien. C’est elle qui a le plus réussi. Valérie Dréville, excellente comédienne que le cinéma boude un peu trop hélas – rappelons qu’elle est la fille de Jean Dréville – campe le personnage le plus touchant, d’une grande fragilité malgré un tempérament de fonceuse. Mais c’est une façade, en effet elle est facilement désemparée quand elle est confrontée à une crise d’angoisse où elle a l’impression de se vaporiser littéralement. Christelle Tual a une énergie non feinte, avec un côté insouciant et un fond de gravité. Ces deux dernières comédiennes ont été choisies par la réalisatrice pour leur talent et une certaine ressemblance avec Emmanuelle Seigner. Elle narre que les trois comédiennes blondes aux yeux bleus ont dû être teintes en brune. Carmen Maura qui a travaillé son rôle en français, a un beau tempérament dans ce rôle de mère qui centralise l’attention, ce que lui reproche à un moment le personnage joué par Bouli Lanners. Il y a une grande drôlerie, tel Pilar amoureuse qui ne remarque pas que son fiancé se teint les cheveux. Yasmina Reza comme réalisatrice s’attache aux petits événements du quotidien et nous rend attachants ses personnages. Elle a dès son premier film trouvé une équivalence filmographique à son talent d’écriture, souhaitons que son film soit bien perçu, car sinon on perdrait un beau talent dans le septième art.