Amis blogueurs arrêtez de bloguer, citons en exemple hier un de mes concitoyens de 61 ans, Alain J. ayant traversé une période d’exil et de recul… Il avait, pour meubler cette période d’incertitude, ouvert son blog. A son retour il abandonne ce support, et tout lui souri, à méditer… Désolé, mais je dois surmonter un certain dégoût depuis que j’ai vu, dans le zapping de Canal+, le sinistre ludion écrivaillon Nicolas Rey – qui ne mérite pas sa presque homonymie avec Nicholas Ray, le cinéaste -, boire dans la bottine de l’infâme Alexia Laroche-Joubert dans « En aparté »… On attendait mieux de Pascale Clark, son émission pouvant désormais s’appeler « L’auberge espagnole ». Pitié Pascale ! on voit suffisamment d’horreurs en ce bas monde… Je digresse de plus en plus, c’est grave docteur ?

Parlons du film qui a touché notre vénérable président – enfin ce qu’il en reste -, « Indigènes ». Soucieux de ne pas laisser seulement lors de son passage à l’Élysée, le seul souvenir d’avoir celui qui a réhabilité le néologisme « abracadabrantesque », il daigne enfin s’occuper de la question des pensions versées aux anciens combattants. Tardive consolation pour ces vétérans de la seconde guerre mondiale, venant du Maghreb et d’Afrique noire, certains vivant dans des foyers Sonacotra -, avec un l’effet non rétroactif à déplorer. Organisons-lui donc des projections privées à l’avenir, la « Raison du plus faible » de Lucas Belvaux par exemple, sur la précarité, si ça semble le réveiller un peu. Pourvu que ne lui montre pas des classiques, comme « Vos gueules les mouettes », de Robert Dhéry, il va y voir un message contre une certaine nuisance sonore durant cette campagne électorale pourtant d’une grande tenue. Et le film lui-même… et bien il fait mentir  l’adage, « Les grands sujets ne font pas forcément des bons films ». Au-delà du devoir de mémoire, son cinéaste Rachid Bouchareb, 5 ans après le poignant « Little Sénégal », nous invite à découvrir ce point d’histoire méconnu, salutaire en cette période où de nombreux politiques continue à vanter les mérites de la colonisation des pays africains par la France, avec une arrogance ethnocentrique. Le film est porté par ses cinq interprètes, tous formidables. Jamel Debbouze dans le rôle de Saïd, est émouvant quand il sort du giron de sa mère pour s’affirmer, et découvre sa rage de se défendre quand on l’humilie. Sami Bouadjila dans le rôle d’Abdelkader, joue le soldat le plus instruit de ce bataillon, il est en attente de reconnaissance – Le réalisateur Jean- Pierre Sinapi, avec raison évoquait à son sujet la classe d’un Marcello Mastroianni -. Roschdy Zem dans le rôle de Messaoud, est excellent  et touchant quand il tombe amoureux d’une belle marseillaise, Samy Naceri dans le rôle de Yassir, violent mais qui protège son père et Bernard Blancan, est très convaincant dans un personnage complexe. Dans le rôle de Martinez, un sergent « pied-noir » en prise avec ses contradictions, finit par nous donner une véritable empathie avec son personnage. Il confirme ici son grand talent, après son personnage touchant et lunaire de Cloclo dans « Peau d’homme, cœur de bête » (Hélène Angel, 1999). Le prix collectif d’interprétation à Cannes est donc amplement mérité. Le film a une grande qualité pédagogique, mais sans manichéismes, les personnages ne sont pas des héros, ils ont des faiblesses à l’instar de Yassir n’hésite pas à piller ses ennemis. Ce sont des individus qui cherche à survivre, qui cherche à s’en sortir, ballottés par le destin et en prise avec une armée française qui ne cesse de les dénigrer…

Bernard Blancan & Jamel Debbouze

S’ils obtiennent de l’estime, c’est surtout pour mieux être manipulés, comme le fait le personnage du colonel joué par Antoine Chappey – épatant -, qui propose une émulation factice au petit groupe, pour mieux sauvegarder ses intérêts. Il était important ici de garder la langue arabe, lien très fort entre ses soldats inconsidérés, le retour à cette langue maternelle, est aussi ici un refuge contre toutes les épreuves. Il y a beaucoup d’humanité ici, et pas seulement pour les soldats, mais aussi pour toutes les victimes de la guerre, comme ces villageois du Bas Rhin, montrant simplement – par des saluts amicaux, ou pour par la cuisine comme le fait une vieille dame -, la reconnaissance devant les libérateurs. Comme disent si bien, les personnages du film, les balles allemandes ne font aucune différence entre les nationalités. Les effets spéciaux guerriers signés les « Versaillais » sont très probants. On retrouve un souffle épique, rare dans notre cinéma. Les scènes de guerres, sont particulièrement réalistes, évitent tout manichéisme. Les scènes de désolations, de villages détruits, où l’on retrouve des carcasses de chevaux morts, sont ici très justes, on ne souffre pas ici d’un effet de reconstitution. La musique de Armand Amar et Khaled, évocatrice de souvenirs et d’un paradis perdu pour les soldats est ici simplement magnifique. Saluons dans de brefs rôles Mélanie Laurent dans une scène très émouvante face à Jamel Debouzze, l’indispensable Philippe Béglia, qui arrive à faire exister un ancien ministre vichyste en un seul plan, Assad Bouab dans le rôle de Larbi ou Thomas Langmann qui ne fait plus que de simples apparitions – il participe ici à production -, alors qu’il était un excellent acteur dans les années 90, c’est dommage. Il faut saluer la détermination de toute l’équipe du film, pour donner le plus de chances possibles à ce film, on le sait Jamel Debbouze a beaucoup apporté à ce film – il s’est beaucoup investi dans ce film, et a trouvé avec le Maroc par exemple quelques partenaires -. Il y a beaucoup d’émotions et d’authenticité, jusqu’à la dernière scène sobre et retenue. Pour terminer saluons Bernard Blancan, qui dans son site officiel, nous propose son blog : Blancan… Journal d’un comédien qui est superbement écrit. Il relate avec humour son parcours de comédien, ses joies ou ses incertitudes avec beaucoup de retenue et de modestie. Une réussite de la blogosphère…