Roman Polanski reste un cinéaste majeur, même si ces dernières années il n’atteint pas les sommets de ses premiers film. Cette nouvelle adaptation du célèbre roman de Charles Dickens, publié en 1837 est une réussite. C’est d’autant plus méritoire, que David Lean avait réussi visuellement une précédente adaptation et que Ben Kinsley compose de manière plus nuancée Fagin, que l’excellent Alec Guinness – on se souvient de critiques à l’époque d’antisémitisme dû à un maquillage assez outrancier, mais c’est un autre débat -. Après le très abouti « Le pianiste », le réalisateur tente de faire un film optimiste pour tout public. On peut voir pourtant un gros problème avec le très falot Barney Clark, certes le côté mignonnet du personnage d’Oliver Twist est censé trancher avec la noirceur d’une Angleterre victorienne. Il est idéal pour subir l’avanie des situations mais son jeu fait hisser l’insistance au niveau des beaux-arts. À part ce gros écueil, on retrouve la maestria de Polanski à utiliser les décors et à installer une atmosphère, et une ironie constante – le chien de Bill Sykes, personnage à part entière -. Roman Polanski retrouve Ben Kingsley, son interprète du trop mésestimé « La jeune fille et la mort », ce dernier campe avec beaucoup d’humour ce personnage de Fagin, qui rappelle d’ailleurs l’aubergiste campé par Alfie Bass dans « Le bal des vampires ». Sa dernière scène est d’ailleurs un grand moment d’émotions. Une distribution de trognes délectables l’accompagne de comédiens méconnus chez nous, citons Jamie Foreman en Bill Sykes inquiétant à souhait ou Edward Hardwike en Mr. Brownlow, grand bourgeois humaniste.

Ben Kinsley

Roman Polanski s’amuse visiblement et avec une ironie mordante insuffle une énergie à cet univers sombre. Il a dû retrouver aussi dans cette œuvre, sa propre histoire dans le ghetto de Cracovie, ce qui donne une émotion particulière à ce film. Il montre sans être larmoyant, la réalité de la misère et l’abus de pouvoir de petits notables, sur des enfants innocents. Il a une empathie évidente avec le petit monde des petits voleurs. Au final la mise en scène est classique mais efficace sur ce bel exemple de résilience cher à Boris Cyrulnik. Le divertissement joue sur la retenue et il est indéniable que nous sommes ici en présence avec l’un des plus grands metteurs en scène au monde. En ce moment sort une collection en DVD du « Théâtre de la jeunesse », réussite probante de l’ORTF et qui fera un futur objet d’article dans ce blog. On peut y retrouver « Olivier Twist », réalisé par Jean-Paul Carrière, avec Marcel Dalio dans le rôle de Fagin, voir la fiche que je viens de créer sur IMDB. A noter qu’il existe une comédie musicale « Oliver » réalisée par Carol