Pour rester dans la tonalité d’un film au scénario décousu parlons du curieux film de 1971 – et encore c’est un euphémisme – que « Les Insatisfaites poupées érotiques du docteur Hitchcock ». Vaste programme pour ce titre français, film d’un honnête faiseur Fernando di Leo. Il n’y a évidemment pas de docteur Hitchcock – pauvre sir Alfred -, il y a peut être une volonté à rappeler le film de Riccardo Freda « Le spectre du Dr. Hitchcock ». La version présentée est française – on reconnaît les voix rassurantes de Roger Rudel ou Jean-Henri Chambois. C’est le film typique italo-européen des années 70, à connaître 36 versions et autant de titres « La clinique des ténèbres », « La bestia uccide a sangue freddo », « The cold-blooded beast », etc… Le film se passe dans une maison de repos ou un asile psychiatrique on ne sait pas trop, pour jeunes femmes fortunées et légèrement dérangées. Arrive Cheryl Hume – Margaret Lee aidée de son teint blafard -, névrosée et suicidaire abandonnée par son mari au charme du lieu. Par une curieuse coïncidence, il n’y a que des créatures sculpturales qui jouent au croquet, sirotent du champagne et joue aux échecs, le personnel soignant propose des infirmières dévouées – pour le massage -, ce qui nous donne lieu à des scènes saphiques assez ollé ollé. Le lieu de soins est un  pavillon superbe, isolé certes dirigé par deux professeurs, le professeur Francis Clay, c’est Klaus Kinski avec la présence rassurante que l’on connaît et qui passe son temps à fumer avec anxiété, et le professeur Ostermann – John Karlsen, qui n’est pas mal non plus -.

Avec ces deux trognes, inutile de dire que l’on est rassuré pour nos charmantes créatures. Plus qu’un lieu de soins, c’est un véritable moulin, un serial killer vient donc trucider nos charmantes créatures. Il aurait tort de se gêner, car le lieu c’est le bricomarché du massacre, il ramasse ici une faux, là une hache, il y a une collection d’armes anciennes, histoire de canaliser les pulsions morbides assurément… ll peut donc varier les plaisirs. Les docteurs passent leur temps à faire des rondes, finissent par s’étonner mollement qu’il y a quelquechose d’inhabituel  Notre tueur est pourtant souvent dérangé, comme par la patiente qui dort nue et la porte ouverte, sonnant furieusement au personnel médical, et a du mal à courrir après la superbe Rosalba Neri, nymphomane violant presque le jardinier qui profite du calme de la nuit pour visiter la serre…  Il finit donc par se dépêcher sur la fin ! Le petit cochon de cinéphile peut admirer la belle Rosalba sous toutes les coutures, ainsi que beaucoup d’autres. Même s’il doit y avoir des inserts assez hard, présentant frontalement l’onanisme de deux belles, dans la version – présentée en VF hélas du moins -, on est surpris par l’érotisme frénétique du film pour l’époque. Le reste du filmage est tarabiscoté, psychédélique, alternant grand guignol, redites de plans, cadrages hallucinés, ce qui est lassant à la longue. Mais le film finit par avoir un certain charme sous la musique d’un Silvano Spadaccino, le récit pouvant provenir des fantasmes d’une des malades, car c’est ici un des films les plus incohérents de l’histoire du cinéma… Pour amateurs de films biscornus et hors normes.