« My summer of love », film du polonais Pawel Pawlikowki – Transit Palace -est un pendant solaire au film d’Antony Cordier, « Douches froides », sorti d’ailleurs le même jour. Tout comme ce dernier, il définit justement la période de l’approche avec le monde adulte, des différences de classes sociales, de la manière d’évoluer à l’encontre d’un certain déterminisme. Le metteur en scène se sert de son passé de documentariste pour dresser le portrait de deux adolescentes, l’une orpheline en confrontation perpétuelle avec son frère – Paddy Considine déjà étonnant en père de famille dans « In America » de Jim Sheridan -, évangéliste fondamentaliste tardif et halluciné. Ill veut dresser une croix géante sur une des collines, anecdote inspirée d’un cas réel -.
Il est habile pour utiliser les talents des deux comédiennes dont Nathalie Press – qui sait dessiner, il a donc utilisé ce don pour la fresque murale ou imiter le démon de « l’exorciste » – et Emily Blunt. Les amours saphiques sont évoqués le plus simplement du monde. Les déconvenues des amours de vacances pouvant augurer à une tragédie, sont habilement montrés, de même l’évocation de la jeunesse où tout semble possible. Les clichés sont transcendés – le nain de jardin – pour montrer la contradiction de deux mondes et la soif d’une autre vie meilleure. Ce film sensuel et désabusé montre la promesse d’un cinéaste prometteur. Dans une Angleterre intemporelle il montre un sens de l’écriture, de la complexité des êtres et une dénonciation subtile des petites mesquineries d’une micro-société.