Le producteur Matthew Vaughn, sage producteur de Guy Ritchie, transcende assez ici un polar routinier, où un trafiquant de drogue, voulant se retirer, se voit comme précurseur, sorte de représentant nouvel âge dans une société qu’il compare au temps béni du polar de la prohibition. Le film est une adaptation d’un roman de J.J. Connelly’s l est vrai que l’on est en manque côté français, à part les films d’Olivier Marchal, le polar s’est réfugié chez nous à la TV, où d’innombrables flics irréalistes rivalisent en clichés et en médiocrité. Ce film réveille donc chez nous un plaisir de cinéphile, faisant preuve d’ingéniosité et de roublardise, d’une bande son efficace. On suit donc avec intérêt le minéral Daniel Craig, archétype du voyou solitaire sans nom, dans ses pérégrinations et la succession de problèmes aux quels il est confronté.

Michael Gambon & Daniel Craig

On assiste à la rituelle course de différents malfrats pour arriver au sommet, où il fait bon se démarquer du tout venant des truands pour briller par son cynisme et figurer comme intouchable. La vision des dealers et autres marchands d’illusions est assez inédite, sans trop de complaisance. Et notre intérêt reste jusqu’au final. Le cinéaste jouant assez habilement avec les conventions, et les clichés, et dépeint une jungle urbaine féroce, montrant une ironie torve. David Craig révèle un charisme et une flegme intéressants, il est entouré de kadors, comme Colm Meaney inquiétant et utilisant les congélateurs de manière peu conventionnelle, il passe d’une bonhomie à une violence sans bornes, avec facilité, ou le méconnu chez nous  Kenneth Cranham, truand de haut vol, avec l’apparence d’un notable, mais déplaisant à souhait. De plus il y a la « rolls-royce » des excentriques anglais, en la personne de Michael Gambon, suffisant à souhait, mais montrant un attachement touchant à sa jeune fille droguée, il fait passé n’importe quel discours avec maestria. Un polar bien ficelé, nous changeant du tout venant habituel.