L’inénarrable Jean Tulard, bazarde ce film avec sa légèreté habituelle dans son « Guide des films », mais ce film méconnu mérite le détour. L’aspect polar,  est difficile à évoquer, pour ne pas éventer le suspense du film. Le postulat de base est donné par le personnage de « l’homme de l’organisation », campé magistralement par Maurice Ronet, qui démarche Philippe, un scientifique qui se consacre à l’édition . Son rôle est très court, mais il est habile et manipulateur, ce comédien livre une composition inquiétante, qui habite tout le reste du film.

C’est aussi une radiographie assez amère d’un couple d’Américains vivant à Paris, avec deux enfants, le détachement mutuel de chacun, les vérités qui sortent assez librement. Philippe, joué par Frank Langella au jeu nerveux, a épousé Jill (Faye Dunaway, intense), car elle était enceinte. Suit un jeu de piste prenant, à travers le regard de Jill, borderline en difficulté avec la réalité, mais son personnage est actif et cherche des solutions. Elle a des difficultés avec la notion du temps, pouvant amener son fils cadet de longues heures sur une péniche, habitée par une sorte d’irresponsabilité. Sa fascination de la Seine – Lourde symbolique – inquiète, elle vit mal son déracinement.

L’interprétation des autres comédiens est excellente, de Barbara Parkins en amie dévoue, Karen Blanguernon en femme mystérieuse, Raymond Gérôme en commissaire intransigeant mais efficace, Gérard Buhr – appelé Raymond Buhr dans la base IMDB !, j’ai donc un joyeux ménage à faire – est un inquiétant psychiatre, ce comédien trop rare excelle dans les rôles inquiétants.

Il y a peu de personnages clichés parisiens, divergeant un peu par son regard français dans une co-production anglo-saxonne, mais on peut reconnaître Louise Chevalier en fleuriste râleuse, Patrick Dewaere en jeune désinvolte – il faisait déjà une apparition presque subliminale dans « Paris brûle-t’il ? » – Michel Charrel, en agent de la circulation ou Carlo Nell en policier furtif.

Le film est présenté en VF uniquement, dans la chaîne Cinétoile, ce qui est assez dommage, malgré un doublage soigné : Sylvie Moreau – nom trouvé le site de La gazette du doublage -, Pierre Vaneck, François Chaumette, Pierre Vernier… et l’insupportable Jackie Berger, femme qui doublait les enfants – je n’ai jamais entendu un enfant parler comme ça -, ce qui est assez gênant. Un film à voir cependant, par son regard désenchanté de Paris, une habile réalisation et le jeu de Faye Dunaway, à la porte de la folie.