Ce film sorti, en 1965, est atypique dans la carrière d’Arthur Penn, mais l’échec financier occasionné a obligé son metteur en scène de s’orienter sur d’autres voix plus traditionnelles, avec une consécration internationale à la clé. Un jeune homme d’origine polonaise semble être persécuté pour de sombres histoires de dettes de jeux ou de jalousie amoureuse, mais les faits restent incertains… On finit par se demander s’il ne souffre pas finalement de paranoïa. La première image est incongrue, sanglé dans un manteau d’hiver, notre homme amuse tel un bouffon des hommes mûrs suants dans un sauna, déclenchant l’hilarité générale. Un Warren Beatty mutique mais évidemment séducteur, fuit dans une Amérique profonde, dans une ambiance plus proche de la grande répression des années 30 que de la légèreté des sixties, il rencontre une humanité blessée, de trognes, de clochards ou de salutistes. Après avoir accepté un boulot de plongeur, il retrouve immédiatement son travail de showman à la Lenny Bruce, en sabotant avec son répondant, le numéro d’un comique de cabaret fatigué. Il se trouve un manager de fortune, et relance son talent tout en cherchant à se cacher de ses éventuels agresseurs.
Warren Beatty
Il rencontre une jeune femme Jenny, – Alexandra Stewart, à la fraîcheur ravissante – qui sous-loue l’appartement de l’homme désormais surnommé « Mickey One » par un homme travaillant dans un restaurant. Avec elle il semble retrouver un second souffle, alors que Castle, un mystérieux homme d’affaires le cherche pour le faire monter sur scène, joué par Hurt Hatfield, il est toujours amusant de retrouver l’inoubliable interprète de Dorian Gray chez Albert Lewin, avec.. 20 ans de plus. La beauté formelle de ce film est éclatante, grâce à la très belle photo de Ghislain Cloquet, on suit le personnage du film dans une sorte de cauchemar permanent – il est difficile de ne pas songer à « 8 1/2, tant on retrouve ici certaines ambiances oniriques -. Le style est alerte, même si on a du mal à retrouver ses repères. Ce film est un choc visuel, porté par une superbe musique d’Eddie Sauter, mérite qu’on le redécouvre. C’est une étude presque clinique et une grande leçon de mise en scène, pouvant transformer « les feux de la rampe » en une redoutable menace. Warren Beatty et Arthur Penn, se retrouveront avec succès dans « Bonnie & Clyde » en 1967.