Avant-première hier à l’UGC Cité-Ciné, du troisième long-métrage d’Emmanuelle Bercot, avec « La puce » et « Clément ». Lucie – Isild Le Besco -, est une fan de17 ans qui voue un culte à sa chanteuse préférée Lauren Waks – Emmanuelle Seigner -. Cette dernière histoire de redorée son image distante, accepte de la rencontrer par surprise dans une émission TV style « Stars à domicile ». Mais Lucie se laisse déborder par son émotion et préfère se cacher, ce qui rend une diffusion télévisuelle impossible. La star repart mais est touchée par un petit mot que l’adolescente lui a glissé sous la porte. Cette dernière finit par quitter son foyer, au grand dam de sa mère – Édith Le Merdy très juste – qui élève seule ses 3 enfants. Lucie rejoint une cohorte de fans qui guette tout déplacement de la vedette – dont surprise Joëlle Miquel, actrice fétiche d’Éric Rohmer qui a un comportement assez déstabilisant -. Exacerbé, elle finit par attirer la compassion de Jean-Claude un garde du corps blessé par la mort de sa fille – Jean-Paul Walle Wa Wana, étonnant nouveau venu – et rentrer dans le cercle des intimes de Lauren, grâce à Juliette – Noémie Lvovsky épatante comme à chaque fois qu’on la retrouve -. Mais c’est un marché de dupes…
Isild Le Besco & Emmanuelle Seigner
Fan vient de fanatisme, on le sait, et Emmanuelle Bercot a réussit à créer une tension durant tout le film, entre une star écorchée vive, capricieuse et cyclothymique et cette adolescente dont l’idolâtrie révèle ses failles, le danger que peu représenter sa souffrance. La lumineuse Isild Le Besco– qui faisait preuve de beaucoup de grâce et de sensibilité ce soir là -, continue à faire preuve d’exigence et prouver son adresse à jouer un personnage à la dérive. Elle est vraiment touchante et a une présence particulière dans le cinéma actuel. Après son premier film comme réalisatrice, on ne peut que lui promettre un grand avenir. Elle a expliqué, que c’est à presque 23 ans, qu’elle avait la maturité nécessaire pour jouer ce rôle à fleur de peau, et que le résultat n’aurait pas été le même à 17 ans. Sa complicité avec Emmanuelle Bercot est évidente, et permet un travail où les mots ne sont pas forcément nécessaires. Cette vie par procuration la met en danger, et un rapport trouble se noue entre les deux femmes. En icône blessée Emmanuelle Seigner est surprenante de mystère et de fêlures, saluons son travail pour avoir véritablement chanter durant plusieurs séances. La réalisatrice fait preuve ici d’une belle maîtrise. Elle privilégie les personnes humaines plutôt que les comédiens pour personnifier ses personnages, on retrouve donc Valéry Zeitoun – qui a une popularité en TV – jouer son presque propre rôle de manager dépassé, c’est son premier film et présent lors de cette avant-première montrait une jovialité sympathique -, Noémie Lvosky donc, Samuel Benchetrit, réalisateur dont c’est le premier film également, en amant taciturne, Lisa Lamétrie – je vous promets d’arrêter de vous la présenter comme ancienne concierge de Maurice Pialat -, en femme de ménage, Claude Duneton en père bafoué. Ce film étude d’un comportement parfois extrême donne un brillant résultat en montrant avec simplicité la sensibilité exacerbée du sortir de l’adolescente. La confrontation de deux mondes aussi différents est la belle idée de ce film.