L’attendrissante Miranda July, comédienne dans le rôle de Christine Jesperson, réalisatrice et scénariste de ce film peint avec beaucoup de sensibilité un petit monde de personnages perdus, à la croisée des chemins, avec un sens de l’observation remarquable et un humour mélancolique. Dans une banlieue assez triste des États Unis, où les rares lieux de vie semblent être un centre commercial ou une galerie d’art, oasis dans un mode hostile, les personnages n’aspirent souvent qu’à rentrer chez eux, dans une bulle protectrice, loin des soucis du quotidien. Force est de constater la réussite de ce film parle assez librement de la peur de l’autre, de la sexualité, de la difficulté d’établir un contact – une femme refuse le travail de car elle n’a pas respecté la procédure d’envoie, d’une K7 de Christine -.
John Hawkes et Miranda July
Ce film choral réunit plusieurs générations des enfants précoces –le « moi » et le « toi » sont deux enfants dont les parents viennent de se séparer, des étudiantes faussement délurées, de trentenaires solitaires, au septuagénaire qui découvre enfin l’amour. La réalisatrice insiste sur les difficultés de la vie, les rêves brisés, elle s’est entourée d’interprètes remarquables, donc John Hawkes, blessé par la vie, venu de la télévision. Miranda joue elle-même une artiste conceptuelle, s’occupant d’un « taxi vermeil » pour vivre, et très à l’écoute des autres. Ce film a mérité ses nombreux prix dont à Cannes la prestigieuse Caméra d’Or – ex-æquo avec « La terre abandonnée » – et Prix de la Semaine de la Critique à Cannes 2005. Le ton final se révèle d’un optimisme salutaire, ce film est un oasis dans la grisaille cinématographique ambiante. D’un constat amer et drôle – inoubliable rencontre assez improbable de deux internautes, révélant le piège de ce média -. Elle questionne habillement les difficultés de se rencontrer dans nos sociétés, tout en captant formidablement l’air du temps. Une artiste à suivre indéniablement