Annonce de la mort du cinéaste Jean-Claude Guiguet, exigeant et rare, on lui doit « Les belles manières » (1978), où un jeune provincial est engagé à tenir compagnie d’une Parisienne quinquagénaire – Hélène Surgère -, « Faubourg Saint-Martin » (1986), portrait de trois femmes dans un grand hôtel, « Le mirage » (1991), une excellente adaptation de l’œuvre de Thomas Mann, où une femme malade joué par Louise Marleau découvre l’amour sur le tard, un film choral « Les passagers » (1998), variation autour d’un tramway parcourant une ligne imaginaire entre Paris et Strasbourg, et dont le film rouge est l’excellente comédienne Véronique Silver. Il savait formidablement communiquer sa passion du cinéma, notamment dans la revue « Trafic » et à la radio sur « France Culture » émission de Claire Vassé diffusé tous les samedis, où il se montrait particulièrement brillant. Ses films sont disponibles en DVD. En conclusion, Louis Guichard, dans Télérama N°2577, du 2 juin 1999 déclarait. « Jean-Claude Guiguet se met facilement en colère contre l’ordre actuel de la société et se définit comme « en état de guerre permanent », le sourire au fond de l’œil. Ce pessimiste joyeux aime à citer Baudelaire : « La fin du monde a eu lieu, et on ne s’en est pas rendu compte». « C’est en présentant son film, précédent, « Le mirage », à des lycéens agités et inattentifs (« Ils sortaient très vite les bonbons, les cacahuètes ») que s’est imposée à lui la nécessité d’explorer une autre forme que le récit linéaire , fondé sur la durée. Et l’envie de parler du monde d’aujourd’hui « d’une façon frontale et directe, avec le plus d’audace possible ». Abonné à l’avance sur recettes. Guiguet l’est aussi aux salles clairsemées et au refus des chaînes, dont l’apport est déterminant pour financer un long-métrage. « Je prends ça pour un compliment : la télé ne veut que des films qui ne dérangent personne conformes au goût majoritaire. Or la majorité a généralement tort » ».
Mise à jour du 06/08/2009