Cet ancien Trotskiste, né le 19 mars 1930, fils d’officier d’aviation, passe son enfance en Algérie. Passionné de musique, Alex commence sa carrière comme saxophoniste dans un orchestre de jazz, aidé par un premier prix de Clarinette au conservatoire. Il passe par la dure école des cabarets, notamment dans les années 60, avant d’assurer la première partie du spectacle de Georges Brassens à Bobino en 1964. Il trouve son épanouissement dans le « one-man-show », habillé toujours en costume blanc, citons notamment « Mémoires d’un amnésique » (1975), « Nous on s’aime » (1976), « La vie en V.O. », « Merci Disco » (1979), « Les femmes et les enfants d’abord » (1983), « Liberté Chérie » (1985), « Y a un malaise » (1981), « Moral d’acier » (1990), « Opéra comique » (1993), qui lui vaut le grand prix de l’humour de la Sacem. En 1996, il écrit la pièce « Aimez-moi les uns les autres » qui lui donne l’occasion de jouer avec son fils aîné Éric (excellent dans « À l’heure où les grands fauves vont boire », film de Pierre Jolivet (1992), et grand pilier de la ligue d’improvisation). Suivent « Famille, je vous aime » (1997), « Alex Métayer perd la tête » (2000), son dernier spectacle. Sur scène, il impressionne, par un humour lucide et corrosif, mais jamais cruel, renvoyant au spectateur un juste miroir de nos travers (à l’image du couple « Maurice/Nicole » par exemple). Il dépense une belle énergie, digne d’un personnage de Tex Avery. Ses célèbres incisives (il aurait choqué un orthodontiste en refusant de les « corriger », ne trouveront que peu d’échos au cinéma, un seul film en fait de Jean Pourtalé, « 5% de risques » en 1979, avec Bruno Ganz. Il est évident que son extraordinaire univers sur la scène, permettant au spectateur de visualiser toutes les situations, n’inspirait pas les metteurs en scènes. Il est rare qu’un humoriste de cette classe trouve des propositions, à l’image du film de François Reichenbach « La raison du plus fou » ne rendant pas justice à l’univers d’un Raymond Devos, qui partageait comme lui la passion pour la musique. Il tourne cependant deux films comme réalisateur-interprète suivant une inspiration de la comédie italienne: portraits subtils de deux personnages égoïstes dont les convictions volent en éclats. « Le bonheur se porte large » tisse l’histoire d’un couple de vacanciers et leur fille qui vont vivre un cauchemar durant leur trajet en voiture, vivant toutes sortes d’épreuves par un « destin » pourtant bien familier… « Mohamed Bertrand Duval », brosse le portait un dynamique PDG, renvoyé par la maison mère de son entreprise, et qui, las de la monstruosité ordinaire de sa femme et de sa fille, fuit en camping-car. Ruiné, il se réfugie dans un camp de gitans et d’arabes, avec lesquels il se lie d’amitié. On peut trouver en ce film une préfiguration d’ « Une époque formidable » de Gérard Jugnot (1991). Il y traite des sujets graves comme le racisme et la maladie. Sans cynisme, mais avec justesse, il sait s’entourer d’interprètes venant d’horizons divers comme: Laure Duthilleul, Marie Rivière, Didier Pain, Eva Darlan dans le « Bonheur se porte large », et Moussa Maaskri (qui excellera plus tard chez Karim Dridi), Marie-Christine Adam (étonnante en assistante sociale amoureuse du personnage d’Alex Métayer) et à nouveau Didier Pain dans « Mohamed Bertrand Duval ». Le relatif échec public de ses films, a malheureusement dissuadé Alex Métayer à persister dans cette voie. Il avait pourtant un formidable talent d’observateur et de portraitiste. Il meurt le samedi 21 février 2004 à Paris à l’âge de 73 ans.
Filmographie : Comme comédien : 1979 – 5 % de risque de Jean Pourtalé – Comme réalisateur, auteur, interprète : 1985 – Le bonheur se porte large, avec Laure Duthilleul, Marie Rivière, Guillemette Grobon, Muriel Kenn, Eva Darlan, Kathy Kriegel, Didier Pain, Christian Bouillette, etc… – 1990 – Mohamed Bertrand Duval avec Moussa Maaskri, Marie-Christine Adam, Didier Pain, Netty, Mohamed Mouzidi, Baptistine etc…