« Les bienfaits de la colère – The upside of Anger » est un film du comédien Mike Binder. Le titre n’est pas très engageant pourquoi pas « Les raisons de la colère » (arf, arf), mais c’est typiquement le film dont on attend rien de particulier qui s’avère une bonne surprise. Le film a pour personnage central Terry Wolfmeyer, mère de quatre filles – sans docteur March, cette fois&hellip -, qui a la particularité d’afficher une perpétuelle mauvaise humeur. Son mari vient de la quitter, sans explications, tout comme sa secrétaire suédoise de surcroît, le lien est vite établit… Les quatre filles – la plus jeune « Popeye » ayant 15 ans, – sont relativement autonomes, elles préparent le traditionnel repas familial, la vie semble reprendre sonc ourps. Elles rivalisent de charme, dans ce quartier résidentiel, véritable image d’Épinal de la famille américaine aisée, mais la mère exemplaire n’arrive même pas à noyer sa détresse dans la vodka, baisse les bras, la rancune tenace, multiplie les gaffes avec l’aînée plutôt en froid avec elle, et se met à végéter clope au bec devant la TV. Arrive le voisin pote de son mari, ancienne star de base balle, buveur de bière invétéré, et animateur radio à l’occasion qui vivote plutôt bien en signant quelques balles qui deviennent par idolâtrie objet de culte rentable. Les deux individus vont se rapprocher pour une histoire de terrain, et vont partager un alcoolisme mondain, la belle n’étant pas vraiment commode. Elle envoie valdinguer son personnage distingué habituel avec une grande force.
Kevin Costner et Joan Allen
Mike Binder a dû adorer les comédies de Blake Edwards, et nous propose un film particulièrement réjouissant sur les personnages adultes, et a écrit un très beau rôle pour la fabuleuse Joan Allen – sa partenaire dans le film « Manipulation » – , particulièrement détonnant dans le cinéma hollywoodien traditionnel particulièrement rétif avec les femmes de plus de 25 ans, c’est suffisamment rare pour le signaler. Kevin Costner se révèle très drôle, s’amusant visiblement avec son image passée de héros viril – il jouait déjà au base-ball dans le sympathique « Duo à trois », le cornichon « Jusqu’au bout du rêve » et dans « Pour l’amour du jeu » -. Il assume son côté sans-gêne et désinvolte, avec un formidable abattage, fait preuve d’une grande dignité dans ses choix et ses erreurs. Les personnages des filles sont assez schématiques, le cinéaste n’évite pas une certaine mièvrerie moraliste – mais qui peut se comprendre si on prend le point de vue de la cadette – et a un petit côté « ventre mou », mais ces petits défauts n’enlève rien à la réussite de l’ensemble. On rit volontiers et à noter que Mike Binder s’est donné le plus mauvais rôle dans un personnage assez veule et finalement bien maltraité. L’alcolisme est montré de manière décomplexée et le désarroi d’une femme abandonnée à son sort sonne très juste. Plaisant, le ton incorrect de ce film est vraiment très plaisant, à recommander vivement en cette période de disette estivale.